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Santé

«Il est possible de vivre avec la maladie»

Yves-André Donzé souffre de diabète depuis plus de 10 ans. Il a été contraint de changer son mode de vie.

Yves-André Donzé explique qu’il a dû apprendre à prendre soin de lui, notamment en faisant du sport ou en massant ses pieds. Photo: Frank Nordmann

Journée du diabète:
La 22e édition de la Journée romande du diabète se tiendra demain au Swiss Tech Convention Center de l’EPFL, à Lausanne. Après le message de bienvenue du conseiller d’Etat vaudois Pierre-Yves Maillard, des conférences, un déjeuner, des ateliers seront organisés. A noter qu’il sera également possible de procéder gratuitement à un dépistage du diabète. Pour ce faire, le bus Santé des HUG stationnera devant le SwissTech Convention Center de 9h à 15h.

 

Aude Zuber

Yves-André Donzé souffre de diabète. Il est loin d’être le seul, puisqu’environ 100000personnes sont touchées en Suisse romande.

Cette maladie, caractérisée par la présence d’un taux de sucre (glucose) anormalement élevé dans le sang, est chronique. Elle ne se guérit donc pas. Mais, heureusement, on peut la traiter. «Il est possible de vivre plus ou moins normalement avec le diabète, à condition de trouver l’équilibre entre la nourriture absorbée, la dépense énergétique et les doses d’insuline à injecter», explique le jeune retraité Yves-André Donzé. Ce dysfonctionnement résulte en effet d’une carence absolue ou relative en insuline, produite par le pancréas.

La tête dans l’assiette
L’habitant de Muriaux se souvient quand il a ressenti ses premiers symptômes, il y a une dizaine d’années. «J’étais à Berlin avec des amis. Nous étions au restaurant en train de dîner et tout à coup, j’ai piqué du nez dans mon assiette.»

Une fois rentré dans le pays, inquiet, Yves-André Donzé est allé consulter son médecin généraliste. Le docteur lui a diagnostiqué un diabète de type 2 (voir encadré du haut). Il n’a pas été surpris du diagnostic. «Car il y a aussi une part héréditaire, mon père était diabétique et je réunissais plusieurs signes à risque comme un peu de poids en trop.»

Pas envie de changer de vie
L’ancien journaliste du JdJ n’a pas apprécié que le docteur lui demande de changer son mode de vie. «Je lui ai répondu ‹Compte là-dessus et bois de l’eau fraîche›», rapporte-t-il en rigolant.

Il a ainsi décidé de consulter un autre médecin, qui l’a à son tour envoyé vers un spécialiste en diabétologie, le docteur Jean-Jacques Grimm. Ce dernier lui a alors expliqué sa maladie et prescrit des médicaments adaptés.

Un stage pour apprendre
Le diabétologue lui a aussi proposé un stage à l’Espace nutrition à Neuchâtel. Yves-André Donzé a accepté. «C’était un bon apprentissage, car savoir gérer son taux de sucre est tout est art.»

Il a tout particulièrement apprécié le stage sous forme d’échange. «Nous partageons les savoirs et imaginions ensemble des recettes. Les diététiciens nous conseillaient et ne nous faisaient pas la morale. Heureusement, ce n’était pas comme au temps où mon père consultait», souligne-t-il.  Après ce stage, le Franc-Montagnard a modifié progressivement son comportement, d’abord alimentaire, puis physique. «On peut manger de tout, mais il faut adapter les proportions.»

Des apéros plus rares
Yves-André Donzé  indique que la difficulté pour le diabétique n’est pas tant de réduire les quantités de nourriture, mais plutôt de trouver la bonne quantité de glucide à absorber, car celle-ci varie en fonction de plusieurs facteurs tels que le sexe de la personne ou de l’activité physique.

Le jeune retraité avoue que parfois, il n’est pas facile de renoncer à l’apéritif. «Quand on se retrouve avec les copains, c’est dur de résister. Je prends d’abord un café, puis un thé et je finis par prendre un galopin», plaisante-t-il.

Il s’est mis à faire du sport. Chaque jour, il va marcher. «Il faut bouger. Tous les deux jours, j’effectue une longue sortie, soit environ dix kilomètres de marche», précise-t-il.

Quelles conséquences?
Malgré ses efforts, son diabète s’est tout de même dégradé. Il y a environ cinq ans, les médicaments seuls ne suffisant plus, il est également passé à l’injection d’insuline.

Cette dégradation a entraîné un certain nombre de complications. En plus des hyper et des hypoglycémies, notamment pendant les nuits, il souffre de rétinopathie diabétique – atteinte de la rétine – et de neuropathie diabétique, soit un dysfonctionnement des nerfs. Concernant sa vue, il a pu stabiliser son état. Ses nerfs périphériques sont, quant à eux, atteints. «Par exemple, si je me coupe sous un pied, je ne sens pas la douleur. Du coup, je ne le remarque pas et après, ça s’infecte. Une fois, j’ai  eu une septicémie et j’ai échappé de justesse à une gangrène du pied.»

Yves-André Donzé prend donc soin de ses pieds. Chaque jour, il les pommade avec une crème favorisant la circulation sanguine. Mais il avertit: «Les problèmes de pieds, c’est le côté le plus embêtant de ma maladie.»

Clinique du Noirmont
Son taux de glycémie toujours haut, son diabétologue lui a demandé de prendre la chose plus sérieusement. Le Franc-Montagnard a alors décidé d’effectuer une réadaptation diabétique ambulatoire à la Clinique Le Noirmont. Cet été, il a ainsi passé deux jours par semaine dans l’établissement sur une période de douze semaines. «Une équipe mixte d’infirmiers, de diététiciens, d’animateurs et de sportifs m’ont suivi pendant mon séjour», raconte-t-il.

Un équilibre trouvé
L’offre thérapeutique était riche: ateliers physiques (marche, piscine, vélo, gymnastique), table ronde, consultations individuelles, apprentissage de l’auto-contrôle de la glycémie, évaluation des pieds, cours de prévention sur les complications diabétiques... «C’était vraiment génial! J’ai pris pleinement conscience de ma maladie et j’ai appris à  comment la gérer», conclut le diabétique.

 

Trois questions à Sandra Fatio, Cheffe de service ocrinologie-diabétologie:

Quelles sont les différences entre le diabète de type 1 et 2?
Le diabète est lié à l’excès de sucre dans le sang. Pour des raisons différentes, le diabétique ne peut plus faire entrer le sucre dans les cellules via la clé insuline.

Dans le diabète de type 1, c’est parce qu’il n’y a plus de sécrétion d’insuline, donc plus de clé. Dans le diabète de type 2, l’insuline est là, mais la serrure est bouchée et la clé ne peut pas fonctionner. La serrure est bouchée en raison de la présence d’excès de graisses dans les cellules, en particulier du foie, du muscle et du pancréas.

Quels comportements adopter pour diminuer les risques de devenir diabétique?
Une alimentation riche en fibres et pauvre en graisses animales, une activité physique régulière pour maintenir un poids corporel normal.

Peut-on parler de maladie du siècle?
Oui, le mode de vie occidental est associé à des apports caloriques trop importants, trop riches en graisses animales et trop pauvres en fibres. On voit donc une augmentation du poids corporel moyen en termes de population et d’obésité, avec en parallèle une augmentation du diabète de type 2. Le diabète type 1 reste assez stable.

 

Mission: séduire les jeunes diabétiques:
Association  des diabétiques La section du Jura bernois, créée en 1982, regroupe les personnes atteintes de diabète, adultes et enfants, mais également les proches des  malades.  «C’est ouvert à tous! Les personnes qui ne sont pas diabétiques,  mais qui désirent des informations sont aussi les bienvenues dans notre association», indique le président Denis Gerber.

Objectif  L’association cherche à aider et à informer les diabétiques. «Les traitements s’améliorent presque chaque année, il donc important de communiquer sur ces avancées», relève le président.
Un autre but est de sensibiliser la population. «En mars dernier, nous avons tenu un stand d’information devant un commerce à Reconvilier. Nous avons distribué des brochures et nous avons mesuré la tension artérielle et de la glycémie.», précise-t-il.

Salle de consultation  Un après-midi par semaine, une infirmière en diabétologie est à disposition des membres de l’associaiton.  «Avant, ce service payant était ponctuel et après discussion, nous avons pu le rendre hebdomadaire», se réjouit le président. Près de huit membres recourent à cette prestation chaque semaine.

Recrutement  L’association compte environ 180membres. Un effectif qui baisse légèrement au fil des années. «Il y a beaucoup de personnes âgées et malheureusement, elles décèdent ou entrent en institution», explique-t-il.
Denis Gerber relève qu’il est difficile de recruter des jeunes diabétiques. «Je pense qu’ils ont peur d’être catalogués.»

Pour y remédier, des mesures sont prises au niveau national. «La Revue suisse romande du diabète proposera à partir de janvier une version électronique.» Et le président d’ajouter: «Cela devrait rendre le journal plus attractif  pour la jeunesse.» £ AZU

 

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