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Industrie

«Il ne faut pas rater le train de la 4e révolution industrielle»

La CEP organise une soirée de conférences dans le cadre du SIAMS.

De g. à dr.: Christophe Rouiller (AlpICT), Florian Néméti (Chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie), Richard Vaucher (CEP), Yann Barth (Créapole) et Patrick Linder (CEP). Catherine Bürki

Catherine Bürki

Elle semble bel et bien en marche, la 4e révolution industrielle. Après la machine à vapeur, l’électricité et l’automatisation, c’est au tour de l’interconnexion des objets et des données de venir booster les habitudes de production.

Si elle offre, à terme, d’importantes perspectives de développement, celle que l’on dénomme «Industrie 4.0» en est encore à ses prémices et a encore besoin d’être apprivoisée. Fort de ce constat, la Chambre d’économie publique du Jura bernois (CEP) a décidé d’organiser une grande soirée de conférences sur le sujet. Elle se déroulera le 19avril à Moutier dans le cadre de la journée d’ouverture du SIAMS, le salon des moyens de production microtechniques.

L’ère de la connectivité

Intitulé «Industrie du futur: définitions, perspectives et applications», le rendez-vous du 19avril a été mis sur pied en collaboration avec plusieurs acteurs du monde industriel de l’Arc Jurassien, et plus largement de Suisse romande. «Le sujet a bien sûr une importance particulière pour une région industrielle comme le Jura bernois, mais il touche bien au-delà de nos frontières», assure Patrick Linder, directeur de la CEP.

Réunis, hier, devant la presse, les différents partenaires (voir ci-contre) ont exposé les enjeux majeurs de ce tournant. «‹L’industrie 4.0› est passablement liée à l’informatique», a d’emblée expliqué Richard Vaucher.

«Elle se caractérise par le développement d’outils permettant de connecter, de faire communiquer les objets entre eux. L’usine devient ainsi en quelque sorte intelligente», poursuit le directeur de la société VOH et président de la CEP.

Un exemple? «Une machine d’atelier qui envoie automatiquement une alerte sur le smartphone d’un employé pour le prévenir qu’il sera bientôt temps de remplir le chargeur de barres d’une décolleteuse.» Christophe Rouiller, du cluster AlpICT, évoque encore un exemple bien concret: «L’industrie 4.0, c’est aussi le frigo qui envoie un message à son propriétaire lorsque la brique de lait est terminée.»

Si cette 4e révolution offre ainsi de formidables perspectives en matière d’accroissement et d’optimisation de la productivité, il n’est pas forcément aisé pour les industriels d’en franchir le cap. «Il faut agréger tout un tas de données pour pouvoir faire réagir les machines entre elles.

Cela nécessite du temps et de l’argent», note Patrick Linder. Si nombre d’entreprises du Jura bernois se sont déjà lancées dans l’aventure, il relève que beaucoup marchent encore à tâtons et ne savent pas très bien par quel bout empoigner les choses.

«Bien que très utilisé, la notion d’‹Industrie 4.0›, reste encore flou pour beaucoup de monde. Nous savons qu’il s’agit d’une évolution qui offre un nouveau potentiel, mais il est encore difficile d’en quantifier la portée exacte.»

Profond bouleversement

Par le biais de sa soirée de conférences, la CEP entend ainsi orchestrer une réflexion collective pour épauler les entrepreneurs dans leur cheminement vers l’avenir. «Il s’agira ainsi d’essayer de donner une définition valide de cette notion d’‹Industrie 4.0› pour le tissu de l’Arc jurassien, d’en définir les enjeux et les implications concrètes», indique Patrick Linder.

Pour ce faire, sept spécialistes se succéderont à la tribune, dont un représentant du groupe Siemens, l’un des leaders en la matière. Jacques Schnyder, directeur de la société Sylvac, à Malleray, évoquera pour sa part le potentiel du 4.0 pour une entreprise de la région.

Comme le relève Florian Néméti, directeur de la Chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie, pareilles interventions favoriseront un partage d’expériences fort bienvenu. Les synergies sont en effet, selon lui, nécessaires aujourd’hui. «Les choses évoluent à toute vitesse. Dans ce foisonnement, il fait bon se mettre ensemble pour évaluer les possibilités existantes.»

À l’occasion de son événement, la CEP tient encore à signaler que les technologies 4.0 vont bouleverser le monde industriel en profondeur. Notamment au niveau de la formation. «Les corps de métiers seront appelés à collaborer davantage entre eux», relève Richard Vaucher. De quoi augurer la mort de certaines professions? Le président de la CEP en doute. «Chaque métier va devoir évoluer, mais nous aurons toujours besoin des compétences de base.»

En outre, avec sa soirée de conférences, la CEP et ses partenaires auront à cœur d’encourager les industriels à franchir le pas. «Pour continuer à innover et rester concurrentiel, nos PME ne doivent pas rater le train de cette 4erévolution industrielle», conclut Richard Vaucher.

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