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Energie

Il n’y a aucune raison de la modifier

Au vu des grands changements sur le marché de l’électricité, le groupe PBD au Grand Conseil demandait une révision en profondeur de la Stratégie énergétique 2006 du canton

Avec la chute des prix de l’électricité sur le marché européen, les centrales hydroélectriques produisent parfois à perte. Photo ©: Archives

Philippe Oudot

Le marché de l’électricité est en pleine transformation. Actuellement, la centrale nucléaire de Mühleberg couvre 40%des besoins en électricité du canton. Après sa mise à l’arrêt définitif en 2019, il faudra donc trouver le moyen de remplacer cette production de courant, constataient Jakob Etter et la dizaine de députés du groupe PBD au Grand Conseil, cosignataires d’une motion déposée en novembre dernier.
Plus généralement, poursuivaient-ils, «le marché européen de l’électricité est en pleine désintégration», avec des chutes de prix dues à d’importants surplus. Résultat:les centrales hydroélectriques produisent parfois à perte. Du coup, si la dégradation des prix sur le marché de l’électricité devait se poursuivre, la situation pourrait devenir très difficile pour les régions de montagne, car la production d’électricité leur rapporte d’importantes taxes. De plus, sachant que le canton est actionnaire majoritaire de BKW, le plus gros producteur d’électricité, les auteurs de la motion estimaient que celui-ci portait un gros risque financier.

Tout revoir de fond en comble

Dans ce contexte, Jakob Etter et ses collègues demandaient par voie de motion de revoir la Stratégie énergétique 2006 du Conseil exécutif, la qualifiant de «complètement obsolète». Concrètement, ils voulaient que ladite stratégie montre comment remplacer le courant de Mühleberg par de l’énergie renouvelable;comment garantir à long terme la production de courant suisse malgré la pression des prix sur le marché européen. Et vu que le canton est actionnaire majoritaire de BKW, ils voulaient une évaluation des risques.
Les élus demandaient en outre de faire coïncider les objectifs de la stratégie cantonale à ceux de la Confédération pour 2050. Ils réclamaient enfin une évaluation des perspectives à long terme des régions de montagne concernant les concessions hydrauliques et le prix de l’électricité pour les consommateurs.

Pas du tout d’accord

Autant le dire tout de suite, le Conseil exécutif ne partage pas du tout le point de vue des élus du PBD, et il invite le Grand Conseil à rejeter en bloc la motion. En effet, il «n’estime pas que la Stratégie énergétique 2006 est complètement obsolète. Bien au contraire: ce qui se produit aujourd’hui dans le domaine de l’électricité vient confirmer la stratégie», assène-t-il.
En effet, explique-t-il, celle-ci tablait sur une sortie du nucléaire à l’horizon 2020, et sur une augmentation de la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité, à hauteur d’au moins 80% d’ici à 2035. Et comme le relève le gouvernement, «les objectifs de la Stratégie énergétique 2050 de la Confédération à l’horizon 2035 et ceux de la stratégie cantonale se recoupent largement. Il n’y a donc pour l’heure pas lieu d’adapter la stratégie énergétique cantonale.»

Un plan concret de mesures? Pas nécessaire!

Selon les motionnaires, la stratégie énergétique doit montrer comment les objectifs fixés peuvent être atteints. Mais pour leConseil exécutif, «la réalisation de la stratégie ne dépend pas des objectifs fixés, mais plutôt des mesures choisies pour y parvenir». Le gouvernement a ainsi renoncé à proposer un plan concret de mesures de mise en œuvre dans sa Stratégie énergétique 2006, «car il est impossible de prévoir de manière fiable l’évolution de la technique et de la société sur une période de 30 ans».
Il a donc prévu un processus de mise en œuvre selon lequel la planification des mesures fait l’objet d’une nouvelle décision tous les quatre ans en fonction des objectifs atteints et des évolutions sur le plan technique et social, sur la base d’un rapport adressé par le gouvernement au Grand Conseil. Et de préciser que le prochain rapport est prévu pour la session de juin. Dans ce contexte, il estime que «la mise à jour du plan de mesures requise ne nécessite pas non plus de révision de la stratégie énergétique».

Révision inutile

Pour répondre très concrètement aux motionnaires, le gouvernement rappelle que la stratégie énergétique cantonale montre comment il sera possible de remédier au manque d’électricité et au développement des énergies renouvelables après la mise à l’arrêt de la centrale de Mühleberg. Il observe que la réduction de la dépendance vis-à-vis des importations fait partie des objectifs et reste valable.
En ce qui concerne les risques que court le canton en tant qu’actionnaire majoritaire de BKW, le Conseil exécutif indique qu’il est en train d’élaborer une stratégie de propriétaire distincte. Il note toutefois que «pour des raisons boursières, les considérations ayant trait aux questions de risques ne devraient en aucun cas être évoquées dans le débat public sur l’énergie».
Pour ce qui est des perspectives à long terme des régions de montagne concernant les concessions hydrauliques et le prix de l’électricité pour les consommateurs, le gouvernement indique qu’une évaluation est en cours de réalisation, en collaboration avec d’autres cantons et la Confédération. Il précise que d’éventuelles mesures complémentaires seront, le cas échéant, incluses dans le prochain plan de mesures.

 

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