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Bienne

Ils jouent encore plus de la musique pendant le confinement

Le coronavirus a demandé des efforts d’adaptation aux professeurs et aux élèves de l’Ecole de musique. Les cours se sont poursuivis par appels vidéo et les jeunes ont redoublé d’efforts dans leur pratique.

Le bassoniste Nicolas Michel a donné ses cours par vidéoconférence depuis son bureau. Peter Samuel Jaggi

Julie Gaudio

La musique adoucit les mœurs, paraît-il. Nul doute qu’en cette période de confinement, elle ne soit bénéfique autant pour ceux qui en jouent, que pour ceux qui l’écoutent. C’est en tout cas ce qui ressort des discussions avec les professeurs et élèves de l’Ecole de musique Bienne. Durant ces quatre dernières semaines de confinement, les cours se sont poursuivis presque normalement, grâce aux nombreuses applications et programmes de visioconférence. Si l’école est actuellement fermée pour les vacances, et ce jusqu’au 26avril, professeurs et élèves continuent de pratiquer intensément chez eux et évoquent en souriant les précédentes semaines de cours chamboulées.

Lorsque l’Ecole de musique Bienne a fermé ses portes mi-mars après l’annonce des mesures de la Confédération pour lutter contre le coronavirus, Nicolas Michel, professeur de  basson, a immédiatement contacté ses élèves par WhatsApp et leur a assuré du maintien des cours aux horaires habituels, mais par visioconférence. «Cela a brisé la routine habituelle, ce qui a été salutaire pour la motivation des élèves comme pour moi», affirme-t-il. Un avis que partage Nicolas Gerber, professeur de piano: «C’était un changement revigorant et j’ai vraiment senti un élan enthousiaste au début.»

Echanges plus réguliers

Professeurs et élèves ont usé d’inventivité pour travailler dans de bonnes conditions. Les appels vidéo, par Skype, Zoom, FaceTime ou autre, ont été largement privilégiés, mais aussi les échanges de vidéos par messagerie instantanée. «Comme le son n’est pas très bon avec les applications d’appels, je travaillais ma technique, plus que la musicalité», témoigne Loïc Cachot, 15ans, joueur de guitare classique et électrique. «En revanche, j’envoyais plus de vidéos à mon prof qui me répondait, par vidéos également, en m’indiquant ce que je devais travailler», ajoute-t-il.

De leur côté, les professeurs ont dû se renouveler dans la manière de faire comprendre les erreurs à leurs élèves. «C’était surtout difficile pour les plus jeunes, car ils ont l’habitude que je leur prenne les mains pour leur montrer ce qu’il faut faire», constate le pianiste Nicolas Gerber. En revanche, il a remarqué que des gymnasiens ont eu des révélations grâce à ces échanges réguliers de vidéos: «Le fait de s’enregistrer a permis à certains de prendre du recul sur leur pratique et de mieux comprendre leurs défauts.»

Une autre relation

Ces échanges plus réguliers, souvent en dehors des heures de cours habituelles, ont renforcé le lien entre professeurs et élèves, estime le bassoniste Nicolas Michel. «La relation est devenue presque épistolaire, avec le partage d’une passion commune pour la musique», témoigne-t-il.

Si la situation de confinement a pu compliquer certaines choses, elle n’a en tout cas pas perturbé la motivation des élèves, bien au contraire. Les professeurs ont remarqué un investissement «nettement meilleur et un travail supplémentaire» de leur part», commente Nicolas Michel. «D’habitude, ils arrivent en cours de musique souvent fatigués après leur journée en classe et ils sont plus passifs», raconte le bassoniste. «Or, comme l’école leur prenait moins de temps durant le confinement et qu’ils n’avaient plus leurs activités sportives, ils étaient beaucoup plus attentifs.»

Constat partagé par les jeunes, comme Loïc Cachot, qui admet que ce confinement lui a donné plus de deux heures par jour pour travailler sur ses guitares classique et électrique. Une liberté qu’il ne peut se permettre habituellement qu’en vacances. Eléonore Michel, une violoncelliste de 16 ans, se dit quant à elle satisfaite d’avoir pu consacrer plus de temps à monter des petits projets chez elle en famille, avec son père bassoniste et sa sœur violoniste.

En manque de public

Les professeurs ne sont pas en reste et se sont également beaucoup investis. «Je m’efforçais d’enregistrer chaque jour une vidéo de deux à trois minutes que je partageais sur WhatsApp ou Facebook», raconte le bassoniste Nicolas Michel. Le confinement a également inspiré quelques nouvelles compositions au pianiste Nicolas Gerber, qu’il a partagées en ligne.

Si tous affirment avoir plutôt bien vécu la situation, ils avouent également qu’il leur tarde de pouvoir reprendre leurs activités musicales normalement, notamment pour retrouver le contact humain. «Le travail avec l’orchestre me manque», reconnaît Eléonore Michel, membre de l’Orchestre symphonique des Jeunes Bienne. «Un musicien joue aussi pour se produire devant un public, et la limite du confinement est là», conclut Nicolas Michel.

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