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Conseil de ville

«Je pars avec un œil qui pleure»

Le radical Daniel Suter dirigera ce soir et demain ses deux dernières séances en tant que président du parlement

Reconnaissable à son chapeau, Daniel Suter retrouvera dès septembre le fauteuil parlementaire qu’il occupe depuis 2010 au sein du PRR. Anita Vozza

Didier Nieto

Finies les vacances. Les parlementaires retrouveront ce soir le chemin de l’hémicycle. En préambule d’un programme copieux (voir ci-dessous), ils éliront le nouveau président du Conseil de ville. Demain soir, Daniel Suter cédera son siège après 16 mois passés dans la peau du premier citoyen biennois.

«Ce fut une belle aventure. Je quitterai le fauteuil avec un œil qui pleure, admet le radical. Même s’il a fallu mettre la politique entre parenthèses, j’ai apprécié les responsabilités qui m’incombaient, que ce soit gérer le déroulement des séances ou travailler avec le Bureau du Conseil de ville, qui traite les interventions.»

Daniel Suter achève un mandat particulièrement chargé, marqué notamment par les remous provoqués par l’affaire Feurer et, surtout, le débat sur l’assainissement des finances – soit quatre séances et près de 18heures de discussions. «J’en garde le souvenir d’une forme d’épuisement. Avec cette liste interminable de mesures, l’exercice a été fastidieux», soupire-t-il, tout en soulignant l’importance des décisions qui ont été prises. «J’espère que nous avons posé des bases solides pour l’avenir.»

Pas de couvre-chef!

S’il avoue avoir dû s’habituer à son rôle, le président a commencé son règne avec un coup d’éclat en mai 2014. Sous les yeux d’un parlement mi-amusé mi-étonné, il avait vertement prié l’écologiste Andreas Bösch de retirer son indéboulonnable casquette.

«Si c’était à refaire, je le referais, mais en prévenant l’intéressé au préalable. Ne pas retirer son couvre-chef est un manque de respect, voire un affront. J’appartiens définitivement à la génération des anciens, mais je suis fier de connaître le sens de certaines règles!», assène celui que l’on croise rarement sans son chapeau.

Au fil du temps, le radical, haut perché sur son siège présidentiel, a découvert le Conseil de ville avec un œil nouveau. «J’ai été surpris par l’engagement émotionnel des élus, ils se battent vraiment pour leur ville.» Mais si le parlement existe précisément pour accueillir ces discussions, il a aussi une «obligation d’efficacité»: «En tant que président, ma première préoccupation est de faire avancer le débat. Il y a des moments où certains parlementaires cherchent juste à avoir le dernier mot alors que tout a déjà été dit.»

Piques aux élus

En plus de limiter le temps de parole à certaines occasions, le radical s’est aussi fendu de quelques piques savoureuses à l’attention des élus restés scotchés à la tribune. «La longueur des interventions ne fait ni leur clarté, ni leur compréhension», avait-il lâché un soir de mars.

Toujours dans l’optique de rendre le travail plus efficace, le Bureau du Conseil de ville, que préside aussi Daniel Suter, a adressé au printemps une «piqûre de rappel» aux parlementaires: un récapitulatif des règles régissant le dépôt des interventions. «Je n’avais jamais vu autant d’affaires à traiter. Or, elles n’étaient pas toutes recevables sous la forme sous laquelle elles ont été déposées. J’espère que ce rappel servira à fluidifier le travail de l’administration. Comme une goutte d’huile dans un rouage.»  

«Retrouver mes marques»

Dès le mois de septembre, l’élu PRR reprendra place sur le siège parlementaire qu’il occupe depuis 2010. «Il faudra que je retrouve mes marques, reconnaît-il. J’ai déjà quelques idées d’interventions. Mais je ne bouillonne pas. Je ne ressens pas le besoin de dire ce qu’il faut faire.»

Selon les règles d’alternance entre les partis et les communautés linguistiques – parfois biaisées par le passé –, Daniel Suter cédera sa place au socialiste alémanique Werner Hadorn. Bien que déjà plongé dans une «nostalgie certaine», le radical n’oublie pas l’essentiel pour ses deux dernières séances présidentielles. «Je veux tout faire pour rendre table rase à mon successeur et aller au bout de l’ordre du jour.» Les parlementaires sont prévenus. Les vacances sont finies.

La place du Marché-Neuf ne fait pas l’unanimité

Règlement du personnel Le parlement doit se prononcer sur la révision de ce Règlement ce soir. Le processus de révision avait été accompagné par une commission spéciale du Conseil de ville, qui a présenté ses résultats début août (notre édition du 4 août). Relèvement de l’âge de la retraite à 65 ans pour tous, réduction de l’allocation de résidence et durée du congé paternité sont autant de points qui feront chauffer les esprits.

Si le projet dans sa globalité devrait recevoir l’aval des parlementaires, les partis comptent toutefois proposer des amendements. Les partis de gauche ainsi que le Parti vert libéral (PVL) demanderont un congé paternité de 20 jours, alors que le projet en prévoit 5, «un congé indispensable pour un règlement qui se dit moderne», martèle Dennis Briechle (PVL).

L’allocation que touchent les employés de la Ville résidant à Bienne devrait être divisée de moitié (passer à 1920 fr. par an), selon le rapport. Verts et socialistes entendent la garder dans son entier, alors que les partis de droite et le PVL désirent la supprimer. Dans les fractions du centre droit, on se dit ouvert au compromis, «tant que la révision du règlement reste neutre financièrement, c’est-à-dire qu’elle n’engendre pas plus de coûts qu’actuellement», souligne Stefan Kaufmann (FDP).

Les groupes FDP/PRR/UDF/PEV et PPB/PBD/PDC soutiendront la proposition d’un congé paternité de 20 jours si l’allocation de résidence est supprimée.

Place du marché-neuf Le débat s’annonce plus houleux concernant le réaménagement de la place du Marché-Neuf. Pour un coût de 4,8 mios de fr. (dont 2,2 sont assumés par le canton et la Confédération), le Conseil municipal aimerait refaire cette place, les rues qui l’entourent et la place des Foulons.

Le groupe socialiste estime que «l’état actuel de la place du Marché-Neuf est inadmissible. Il faut faire quelque chose», selon les termes de Mohamed Hamdaoui. Pablo Donzé pour les Verts juge que la Ville doit «profiter de réaliser ces travaux maintenant, avec l’appui de la Confédération». Le PVL estime lui aussi qu’il est temps d’agir: «Le projet est accepté par les utilisateurs et les voisins de la place. Cela ne sert à rien d’attendre plus.»

Le son de cloche est tout autre au centre droit et à droite. «Ce réaménagement n’arrive pas au bon moment. Comment faire comprendre aux Biennois une telle dépense alors qu’on doit assainir les finances?», tonne Reto Gugger (PBD), qui s’oppose au projet.

Stefan Kaufmann estime aussi que cela peut attendre. Et si d’aventure ce projet trouve une majorité favorable au Conseil de ville, «nous lancerons un référendum facultatif pour contrer ces travaux. Nous sommes prêts.» Et les radicaux peuvent d’ores et déjà compter sur le soutien de tout le bloc de droite pour descendre dans la rue.

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