«Je voyais dans son regard qu’il s’en réjouissait»

par Salomé Di Nuccio

«Il s’agit en fait d’un moment d’amour puissant, au cours duquel il se crée comme une petite bulle, et où l’on voit parfois l’enfant regarder sa maman comme si elle représentait tout pour lui.» Assise en tailleur face à une poupée de démonstration, Maurane Jobin assiste couramment à des scènes attendrissantes dans son «espace douceur», à Courtelary. Assistante en soins et santé communautaire (ASSC) de profession, la jeune femme exerce parallèlement celle d’instructrice en massage pour bébé. Une activité annexe qu’elle essaie de promouvoiret développer dans le Jurabernois.
La plupart des mères le savent ou l’apprennent vite: pour soulager, détendre ou instaurer un rapport «nourricier» avec son bébé, communiquer par le toucher renforce le lien. Mais encore faut-il que ce soit fait comme il se doit...
Ce sujet intéressait vivement Maurane Jobin, concernée en tant que jeune femme par la maternité et active dans le milieu médico-social. Dans le cadre de son travail d’ASSC, Maurane Jobin côtoie surtout une population d’un certain âge. L’envie d’explorer un tout autre domaine s’est fait ressentir. «Comme j’accompagne parfois des personnes âgées jusqu’au décès, je voulais toucher à l’autre bout de la vie, quelque part, en pouvant assistant à l’éveil de l’enfant et donner des conseils aux parents. En même temps, j’ai senti que ça pouvait aussi m’apporter un équilibre professionnel.»
Pour se former avec certification à la pratique, la jeune femme a suivi cinq jours de cours intensifs, à Bienne, auprès d’une formatrice de l’Association suisse en massage pour bébé (voire encadré). Les mois suivants, un travail de mémoire a permis de valider ses acquis. Au bout de sept ans d’expérience, Maurane Jobin sait qu’entre la naissance et l’âge d’un an, «le plus tôt sera le mieux»  en termes de réceptivité aux massages. «Jusqu’à quatre ou cinq mois au maximum, dans l’idéal.»

Des pistes en cinq leçons
Suite à un échange approfondi avec chaque participante, ses démonstrations consistent à donner pistes et outils à des dames pétries de bonne volonté. «Beaucoup pratiquent déjà, mais elles ont besoin d’un programme structuré pour pouvoir aller plus loin.» A l’égard d’un petit être fragile s’exprimant à sa manière, elles craignent de commettre une erreur ou de s’y prendre gauchement.
C’était justement ce que redoutait Leïla, une jeune maman de Loveresse. Afin d’apaiser les troubles digestifs persistants de Nolan, deux semaines, elle a suivi cinq leçons d’environ 1h à 1h30. Des parties théoriques, puis pratiques, comprenant même un échange oral avec le petit. «Comme on apprend à masser toutes les parties du corps, on se rend vite compte qu’il y a des choses dont on n’est pas au courant. Il ne faut surtout pas trop presser sur la colonne vertébrale, par exemple.» Assise au sol à côté de l’instructrice, elle a d’abord décodé certains signes importants du nouveau-né. En s’adaptant à son rythme et à son humeur, elle s’est familiarisée peu à peu aux mouvements appropriés. «Je voyais dans son regard qu’il les reconnaissait au fur et à mesure et qu’il s’en réjouissait.»  Spectatrice d’attitudes privilégiées et de «moments magiques», elle n’a massé qu’à l’aide d’une huile comestible. De sorte à «éviter toute répercussion dans l’organisme», la formatrice bannit en effet toute solution cosmétique.
De manière revisitée, les massages peuvent être prodigués jusqu’à l’adolescence. Comme le conclut Maurane Jobin:«On explore aussi des astuces pour pouvoir les inclure dans le jeu, ou les dispenser en cas de courbatures après un entraînement sportif.»

L’association
Maurane Jobin fait partie des quelque 300 membres de l’ASMB (Association suisse en massage pour bébé). Basée à Bienne au niveau régional, l’entité est une section de l’Association internationale de massage pour bébé (International association infant massage), qui s’est étendue depuis les années 80 à une septantaine de pays. Sa fondatrice, la professeure de yoga américaine Vimala McClure, avait elle-même élaboré une technique innovante pour masser les nourriçons. Fortement inspirée par les massages indiens et suédois, elle avait intégré à ces procédés ses connaissances en yoga et réflexologie plantaire.