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Concours de beauté

Julia Maître, dernière Miss Jura?

Voici pourquoi, après une année 2014 flamboyante,
les candidates sont aujourd’hui trop peu nombreuses.

Depuis l'élection de Julia Maître comme Miss Jura en novembre 2016, aucune autre Jurassienne n'a eu l'occasion de briguer le titre. Photo:SP-Raffaele Milo

Sylvia Freda

On ne verra plus de sitôt une nouvelle Miss Jura. Le concours est en stand-by. Sacrée en novembre 2016, Julia Maître restera donc encore – combien de temps, on l’ignore – la dernière reine de beauté du canton. Car, depuis son intronisation, faute de participantes, la compétition de charme est en panne, essoufflée.

«En effet, aucune élection n’a eu lieu en 2017 et rien n’est prévu cette année. Par conséquent, personne ne succédera pour le moment à Julia Maître», explique Marion Villard, 22 ans, chargée depuis 2013 de moderniser le concours jurassien.

Cette mission lui a été dévolue par le propriétaire de la marque Miss Jura, Franco Vinciguerra, aussi patron du Stage Club de Delémont. C’est dans les murs de cette discothèque que s’est régulièrement déroulée la consécration de la demoiselle la plus jolie de la région.

On se fait star soi-même
«J’ai repris les rênes du concours, après le départ de la responsable précédente qui s’en était chargée pendant vingt ans», spécifie Marion Villard. Qui s’y est tellement investie durant les quatre dernières années qu’à l’avenir elle rachèterait volontiers la marque Miss Jura. «Du moins si Franco Vinciguerra décidait de la confier à d’éventuels repreneurs, vu la mauvaise passe actuelle.»

Alors elle précise que «tous les concours de beauté subissent un ralentissement. Même la désignation de Miss France, de l’autre côté de la frontière.» Elle rappelle simultanément que, «depuis plusieurs années déjà, la Radio Télévision suisse a cessé de couvrir l’élection de Miss Suisse». Franco Vinciguerra ose aller plus loin: «Si à Miss Suisse ou Miss Suisse romande, on vous dit que le recrutement des filles, ça marche, on vous ment.»

Aux yeux de Marion Villard, l’une des raisons principales du désintérêt des jeunes femmes pour le casting de Miss Jura tient au fort taux d’implication de la génération à laquelle elles appartiennent dans les réseaux sociaux. «Ces plates-formes permettent à tout un chacun d’atteindre la notoriété voulue. Nul besoin d’une couronne de Miss ou de Mister pour devenir célèbre ou attirer l’attention sur sa personne.»

Malveillance dure à vivre
Le départ de la précédente responsable du concours Miss Jura, «à laquelle j’ai ensuite succédé», a également, à son avis, joué son rôle.

Et le troisième motif qui pourrait permettre de comprendre, selon elle, le manque d’engouement est lié «à la timidité, au manque de confiance en soi, à la gêne. Il n’est pas facile de se mettre en vue, de se retrouver médiatiquement sur le devant de la scène et de vivre, exposée aux regards et aux remarques des autres.»

Julia Maître, toujours auréolée du titre qui n’a pas été remis en lice, à quels paramètres lie-t-elle, quant à elle, la perte de fascination de ses semblables pour l’élection de Miss Jura? «Vous savez, à Delémont, l’image de Miss n’a pas bonne presse.»

Elle a entendu des critiques désobligeantes sur les filles souhaitant devenir Miss ou qui le sont devenues. «Nous vivons dans un coin de pays où celles et ceux qui se montrent ne sont pas aimés. On estime qu’ils se la pètent. J’ai vécu des moments de dénigrement désagréables. Une autre Miss, qui a décroché la couronne quelques années avant moi, a eu la vie difficile. En ville, où l’anonymat est plus grand, on stigmatise sans doute moins les prétendantes au diadème.»

Miss Jura a connu la gloire
Les a priori négatifs des détracteurs de Miss, en avait-elle aussi au départ? «Si c’était le cas, ils se sont évaporés, à peine ai-je mis un pied dans l’élection. En ce qui me concerne, j’ai appris beaucoup en entrant dans le bain. A me positionner, à m’apprécier et à m’exprimer. Je ne regrette rien!»

Parmi les autres origines possibles du désintérêt vis-à-vis de Miss Jura, Julia Maître évoque, en outre, «les entraînements réguliers et prenants, plusieurs fois par semaine, durant les trois mois précédant le grand moment du couronnement. S’impliquer autant, peu en ont envie.»

A ce stade, Marion Villard relève quand même qu’en 2014, le concours Miss Jura s’était fortement fait remarquer sur les réseaux sociaux. «Nous y avons connu une audience exceptionnelle, dépassant celles de Miss Suisse, Miss Suisse romande et Miss et Mister Suisse francophone. Nous avons été, de plus, beaucoup relayés par un titre de presse national.»

Elle avance que, «grâce à cette médiatisation, l’événement Miss Jura a joui d’énormément de partenariats et de sponsorings. Nos candidates ont été très sollicitées. Nous pouvons être contents, nous avons connu un beau succès. Et nous en profitons encore au sein de la société FMR Production qui a chapeauté Miss Jura.»

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