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La 4e révolution industrielle, c’est une réalité

Quelque 170 personnes ont pris part, hier, à la traditionnelle Journée des décolleteurs et des tailleurs au CIP. Thème du jour: «L’atelier de décolletage connecté, c’est déjà demain».

Sébastien Etter a expliqué aux 170 décolleteurs présents comment on pouvait produire mieux sans forcément changer tous ses équipements. Stefan Leimer

Philippe Oudot

Considérée il n’y a pas si longtemps comme un concept totalement futuriste, l’Industrie 4.0 se vit de plus en plus au quotidien dans les entreprises de la région. Pas étonnant que l’AFDT (Association des fabricants de décolletages et de taillages) et le CIP-CTDT (Centre technique et de formation pour l’industrie du décolletage et du taillage) aient choisi ce thème pour leur traditionnelle journée annuelle, qui s’est tenue hier en fin d’après-midi au CIP.

Pour l’occasion, les organisateurs avaient convié quatre orateurs spécialisés dans le domaine: Sébastien Etter, directeur technique chez Stemys SA; Baptiste Rüegg, consultant chez Brütsch-Rüegger Outils SA; Alban Romano, ingénieur qualité chez Lauener&Cie SA; et Jacques Schnyder, directeur de production chez Sylvac SA.

Ne pas rater les virages
Comme l’a relevé en introduction Dominique Lauener, président de l’AFDT, «nous sommes à la veille de changements technologiques qui transforment en profondeur nos activités». Il a cité un récent article paru dans un quotidien romand et constaté qu’aujourd’hui déjà, «les robots ‹parlent› entre eux chez ABB et sont capables d’apprendre au contact des humains».

Dans ce contexte, il a rappelé que c’est dans cette région qu’avait été développée la montre à quartz, à la fin des années60, mais que c’étaient les horlogers japonais qui l’avaient commercialisée. D’où l’importance de «se poser les bonnes questions pour ne pas rater les virages technologiques». Car à l’avenir, a-t-il poursuivi, les machines feront elles-mêmes leur mise en train et se corrigeront toutes seules, sous la supervision finale d’un décolleteur.

On part de l’existant
«Chez Stemys SA, nous créons du lien entre vos équipements et le software. Cela permet de récolter les données pour vous aider à produire mieux, à améliorer la qualité et à augmenter vos bénéfices», a expliqué Sébastien Etter, directeur technique chez Stemys SA. Il a identifié six étapes clés:l’analyse des besoins, par exemple la traçabilité indispensable pour les entreprises actives dans le médical; «l’analyse des infrastructures existantes sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour construire un projet de connectivité»; la sélection de quelques machines à connecter dans une phase pilote; la définition du logiciel; l’implémentation et finalement, l’évaluation des résultats, possible déjà après un à trois mois. Et Sébastien Etter de recommander ensuite une extension progressive, «ce qui permet d’apprendre à mesure et d’apporter les rectifications, si nécessaire».

Mesurer, pour améliorer
Consultant chez Brütsch-Rüegger, Baptiste Rüegg a axé son propos sur la gestion connectée des équipements et des outils. Ala pointe en matière de digitalisation, l’entreprise fait le lien entre les systèmes et permet de récolter et de mesurer les données, «car ce que je ne peux pas mesurer, je ne peux pas l’améliorer». Grâce à la digitalisation des données et à la connectivité, l’opérateur voit et comprend ce qui se passe en temps réel grâce aux informations dont il dispose sur de simples tablettes, a relevé Baptiste Rüegg. Les stades suivants sont la prédictivité, c’est-à-dire anticiper et être prêt à réagir, et l’adaptabilité qui permet à la machine d’opérer de façon autonome les corrections, si nécessaire.

Le grand saut
Ingénieur qualité chez Lauener &CieSA et en charge de l’atelier connecté, Alban Romano a souligné que l’entreprise avait fait le grand saut, mais était encore en phase pilote sur des machines utilisées dans le domaine médical. «Notre problème c’est que les données récoltées par nos décolleteurs n’étaient pas connectées. Difficile donc de faire des analyses en direct, d’estimer les cadences réelles et les taux de fonctionnement. Grâce à ce projet, nous escomptons des gains de temps, des phases d’arrêt plus courts, une meilleure réactivité et une réduction des contrôles après décolletage en capitalisant sur les contrôles en cours de production. Bref, nous allons améliorer notre productivité en travaillant sur nos points faibles.»

En quelques secondes
De son côté, Jacques Schnyder, directeur de production chez Sylvac SA, a présenté les solutions de mesure connectée dans les ateliers de décolletage que propose ce spécialiste des appareils de mesure. Les solutions vont des plus simples – un pied à coulisse digital qui permet d’envoyer directement les données via un logiciel – aux plus complexe, telle cette machine qui, en quelques secondes, scanne une pièce sous toutes ses coutures, livrant toutes les données et mesures pour un traitement ultérieur.

La 4e révolution industrielle? C’est désormais une réalité.

 

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