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Bienne

La Biblio entend se mettre à la page

En proie à une constante baisse de ses usagers, l’institution s’est dotée d’un catalogue de mesures.

Photo: Olivier Gresset

Julien Graf

A l’ère du tout numérique, les bibliothèques doivent faire face à d’énormes défis stratégiques pour être à même d’enrayer la lente érosion de leur public. La Bibliothèque de la Ville n’échappe pas à la règle: comme le révèle son rapport annuel, le nombre d’abonnés actifs est passé de 8878 à 8388, soit une baisse de 490 personnes entre 2011 et 2012.Une perte similaire avait été enregistrée une année auparavant. Les prêts, tous supports confondus, sont aussi en diminution.  Malgré des chiffres peu réjouissants, la vénérable institution qui célébrera ses 250 ans en 2015, n’entend pas rester les bras ballants.

Virage stratégique

Pour prouver sa volonté de faire bouger les choses, elle a dévoilé hier les grandes lignes d’un nouveau processus stratégique. Intitulé «Move It», ce catalogue comporte une cinquantaine de points à réaliser au fil des années à venir. Des ateliers de réflexion se sont constitués et des sondages auprès des usagers et de la population ont été menés sur mandat du conseil de fondation. «La Bibliothèque de la Ville ne doit pas constituer une accumulation de feuilles mortes. Au contraire elle doit être un lieu rempli de vie», a souligné hier Maurice Paronitti, le président du conseil de fondation.

Ce virage stratégique passe par un repositionnement fondamental, ont martelé les têtes pensantes de l’institution. Si jusqu’alors une bibliothèque était perçue comme lieu de prêt de livres, elle est désormais aussi appelée à jouer un rôle central en tant que lieu de rencontres, d’échanges et de formation. Elle doit s’adresser à toutes les couches de la population. L’usager figure au centre des préoccupations, comme le souligne Clemens Moser, le directeur de la Bibliothèque: «Notre établissement doit devenir le troisième lieu par excellence, après la maison et le travail. Le client doit y venir non pas par nécessité mais parce qu’il s’y sent bien. La bibliothèque doit avoir une fonction de phare dans l’abondance d’information. Notre mission est d’aider le public à trouver une documentation parfaitement adaptée à ses besoins. »

Pour que cette profonde mutation puisse être menée à bien, des travaux de réaménagement des locaux devraient être entrepris à plus ou moins long terme. «Achaque espace doit correspondre une activité précise, qu’elle soit silencieuse dans la salle des revues ou plus bruyante par exemple à la cafétéria ou dans le coin dévolu aux enfants», indique Rudolf Spiess, vice-président du conseil de fondation.

Obstacles financiers

Si parmi le catalogue de mesures présenté, certains projets ont déjà pris une tournure concrète – des liseuses électroniques sont par exemple mises à disposition des abonnés depuis la mi-juin – , de nombreux projets pourraient toutefois se heurter à la réalité financière de l’institution. Subventionnée par la Ville, le canton et la Conférence culturelle régionale Bienne, la Bibliothèque municipale se voit allouer des montants fixes jusqu’en 2015 en vertu d’un contrat de prestations. Ce qui réduit passablement sa marge de manœuvre. «En cette période de disette économique, il ne nous reste ainsi que très peu de liquidités pour amorcer ce virage stratégique. Nous essayons toutefois de nous dégager de ce carcan imposé pour être à même de répondre aux besoins de notre public», conclut Maurice Paronitti. /

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