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La biblio à la conquête de Wikipédia

La Bibliothèque de la Ville organise depuis le début de l’année des ateliers pour apprendre à rédiger des articles sur Wikipédia. Le but est de diffuser le savoir et de valoriser la région

Collaboratrice de Wikimedia Suisse, Muriel Staub (à droite) encourage tout le monde à partager le savoir en ligne. Peter Samuel Jaggi

Didier Nieto

Avec Google, Facebook et Youtube, Wikipédia fait partie des sites internet les plus fréquentés de Suisse. La version francophone de l’encyclopédie compte plus de 1,6 million d’articles. Bienne, Evilard, Hans Stöckli ou encore l’écrivain Robert Walser y ont leur page. Une présence régionale que la Bibliothèque de la Ville cherche à renforcer.

Depuis le début de l’année, elle organise – dans le cadre de son 250e anniversaire – des ateliers pour apprendre à rédiger des articles sur Wikipédia. «Nous espérons créer une communauté d’auteurs qui écriront des articles sur Bienne et les environs», explique Clemens Moser, directeur de l’institution. Une manière de remplir la mission que s’est fixée la bibliothèque: «C’est notre devoir de répandre le plus largement possible le savoir renfermé dans nos livres. Cette diffusion passe aujourd’hui par les médias électroniques.»

«Outil démocratique»

Les quatre premiers ateliers – qui ont chacun attiré entre cinq et dix personnes – ont porté leurs fruits. Au mois d’août, une dizaine de photographes ont capturé différents monuments de Bienne pour illustrer l’article consacré à la cité seelandaise. «Et un auteur a rédigé une page sur la commune de Vaufellin», ajoute Muriel Staub, responsable des ateliers au nom de Wikimedia Suisse. L’association est l’antenne nationale de la fondation Wikimedia, qui chapeaute l’encyclopédie en ligne à l’échelle mondiale.

Organisé hier après-midi, le cinquième atelier n’a pas rencontré la même affluence: il n’a accueilli qu’une seule participante. Biennoise de 55 ans, Pat Noser est motivée à apporter sa pierre à l’édifice encyclopédique. «Wikipédia est un outil important et démocratique. Mais pour qu’il le reste, les personnes âgées et les femmes doivent aussi l’alimenter», avance-t-elle.

«Tout le monde peut contribuer à Wikipédia en écrivant, en corrigeant, en actualisant ou en illustrant des articles», l’a encouragée Muriel Staub, avant de lui donner quelques tuyaux pour réussir ses débuts. «Le plus important est de valider ses informations en indiquant ses sources, que ce soit un ouvrage ou un journal. C’est la base du fonctionnement de la plateforme.» Autre conseil: respecter les critères de notoriété. Autrement dit, les personnes ou les événements qui font l’objet d’un article doivent jouir d’une certaine renommée. «C’est une notion sujette à interprétation», a reconnu la spécialiste.

Pas de quoi rassurer Pat Noser: elle avait prévu d’écrire sur des amis artistes, qui ne sont pas forcément connus du grand public et qui n’apparaissent pas dans les livres. «Mais j’essaierai quand même, on verra bien!»

«Lancez-vous», l’a exhortée Muriel Staub, en précisant que la fonction «Discussion» permet à chaque lecteur de donner son point de vue sur l’article et d’y apporter un éventuel complément. Des discussions qui se transforment parfois en véritables guerres des tranchées: «L’article sur les Beatles a été modifié plus de 40 000 fois parce que les internautes se disputaient pour savoir qui de Paul McCartney ou de John Lennon devait être nommé en premier!», rigole la responsable.

«Rester prudent»

Durant l’atelier, Muriel Staub a longuement abordé la question de la véracité des informations publiées. «Wikimedia met une plateforme à disposition, mais elle ne contrôle pas le contenu», a-t-elle rappelé. Dans la version en français, n’importe qui peut créer ou modifier un article – de manière anonyme s’il le souhaite. Bien qu’il existe une charte qui impose la neutralité du point de vue, personne ne vérifie l’information avant la mise en ligne.

Et si un parti politique éditait des pages pour manipuler les électeurs? Et si une entreprise se servait de la plateforme pour faire de la publicité? «Wikipédia est autorégulée de manière transparente par ses utilisateurs. Leur nombre et leur diversité servent d’obstacles à la diffamation ou à la désinformation. Des pages peuvent être supprimées si nécessaires. Et les contenus qui prêtent à interprétation sont signalés», indique la responsable, tout en appelant à rester prudent: «Comme avec tout ce qu’on trouve sur internet, il faut conserver un regard critique.»

Le prochain atelier aura lieu le 24 novembre. Sur demande, la bibliothèque met à disposition des auteurs quelques ordinateurs ainsi que ses ouvrages consacrés à la région – elle en possède plus de 3000.

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