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Valbirse

La carrière ne verra pas le jour

Les opposants au plan de quartier «Pierre de la paix» ont finalement convaincu la majorité des votants. Près de 55,5% de la population ont refusé l’objet, aujourd'hui, en votation.

Le peuple a eu le dernier mot. Le lieu-dit «Pierre de la paix» n’accueillera pas le projet de carrière régionale. Archives

Par Sébastien Goetschmann

C’est un débat passionné, dont nos colonnes se sont régulièrement fait l’écho, tout particulièrement ces dernières semaines, qui a pris fin, aujourd'hui, dans les urnes. Le plan de quartier valant permis de construire «Pierre de la paix» a finalement été refusé par un peu plus de 55% de la population de Valbirse. Soit par 956 non contre 767 oui. «Nous sommes super contents et ne pouvons que remercier les gens qui ont suivi nos recommandations», se félicite Serge Monnerat, membre du comité référendaire.

On s’en rappelle, l’objet, qui prévoyait la construction d’une carrière avec plateforme de recyclage, avait été accepté, le 21juin dernier, par une très large majorité du Conseil général  (23 oui et 2 non). Un vote combattu par voie de référendum, et sur lequel la population de Valbirse a donc finalement désavoué ses autorités.

Les nuisances engendrées par un tel projet auront donc eu raison des arguments économiques et écologiques avancés par l’entreprise Pierre Faigaux SA et la Bourgeoisie de Malleray, notamment. «Je crois que nous avions tout simplement davantage d’éléments à exposer que nos adversaires», juge Serge Monnerat. «Je suis aussi heureux que Pontenet et Bévilard, qui auraient tout de même été moins touchés que Malleray par les dérangements occasionnés, aient voté de manière solidaire. Je pense que cette votation restera dans les annales», ajoute-t-il.

Vote émotionnel

«Je prends acte de cette décision», relate sobrement André Rothenbühler, responsable du dicastère Aménagement du territoire, urbanisme, environnement, énergie et transports de la commune mixte, en regrettant la tournure essentiellement émotionnelle qu’a pris cette votation. «Au final, les citoyennes et citoyens de Valbirse ne se sont pas prononcés sur un plan de quartier, mais pour ou contre la construction d’une carrière», déplore-t-il.

Qui plus est d’une carrière dont le bien-fondé avait déjà été décidé à un niveau supérieur, serait-on tenté d’écrire. En effet, le Canton exige que le Jura bernois soit autonome en ce qui concerne l’extraction de gravier, de sable et de roche, la gestion des matériaux d’excavation, l’élimination des déchets de chantier minéraux et des matériaux inertes ainsi que le transport de matériaux lié à ces opérations.

Or le plan directeur régional en la matière, adopté en 2017, demande la création d’un nouveau site d’excavation dans la région. Et celui de Malleray semblait tout indiqué. «Nous voyons ici que les décisions prises à l’échellon régional ne servent à rien lorsqu’il est possible de les défaire au niveau local», relève encore André Rothenbühler, également directeur de Jura bernois.Bienne (Jb.B).

L’association, qui réunit les 40 communes du Jura bernois, ainsi que Bienne et Evilard, est donc bonne pour remettre l’ouvrage sur le métier afin de trouver un lieu propice au développement de ce genre d’activités. En définitive, ce sera peut-être bien au Canton de devoir prendre ses responsabilités dans cet épineux dossier.

Elément réjouissant à souligner, le taux de participation à ce scrutin communal s’élève à 68,34%. Si la population se mobilise pareillement pour les élections nationales de 2023, Jb.B aura tout de même atteint l’un de ses objectifs prioritaires.

Commentaire

En quête d’autonomie

Après les refus des communes de Tavannes et de Grandval pour la création d’une carrière, c’est désomrais au tour de Valbirse de rejeter un tel projet. Le Canton exige toutefois que le Jura bernois soit autonome en matière d’extraction de gravier, notamment, ce qui n’est pas le cas actuellement. La région karstique que nous habitons ne laisse que peu de choix pour trouver un site adéquat, et celui situé sur les hauts de Malleray semblait être l’une des dernières options intéressantes.

Les possibilités se trouvent désormais fortement amenuisées. Il y aurait toutefois du potentiel du côté de la Combe à la Biche, à Saint-Imier, ou de La Chaux-d’Abel, sur la commune de Sonvilier. «Mais ces deux lieux sont passablement excentrés et en termes de circulation et d’écologie, cela n’est pas idéal», nous a fait remarquer André Rothenbühler, directeur de Jura bernois.Bienne. 

Alors que l’on parle de plus en plus de montrer le visage d’une région forte et unie, dans le contexte du départ de Moutier dans le Jura, force est de constater qu’un certain esprit de clocher règne encore lorsqu’il s’agit de mettre sur pied des projets qui engendrent des nuisances. Dans le cas qui nous intéresse, l’Ours pourrait, en dernier recours, imposer un plan de quartier si aucune solution n’est trouvée en matière d’autonomie dans l’extraction de matériaux.  Une situation qui sonnerait tout de même comme un échec pour le Jura bernois.

 

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