Vous êtes ici

Abo

Saint-Imier

La Collégiade enflamme la Collégiale

Entre mercredi et hier soir, le mini-festival la Collégiade a attiré près de 250 personnes dans les univers de trois spectacles pour six représentations. Bilan des initiateurs à l’issue de cette première édition.

Lors du concert «Île», un voyage musical électronique de Johan Treichel et Swann Thommen. Photo:LDD

par Salomé Di Nuccio

En quelque mille années d’existence, la Collégiale de Saint-Imier a bien abrité mille et une atmosphères. La dernière en date, entre mercredi et hier soir: le tourbillon des sons, mots et images du premier mini-festival la Collégiade, qui a réuni, au cours de trois spectacles et six représentations, environ 250 personnes. «Une trentaine en moyenne, à chaque fois, mais en ayant affiché complet, le samedi, avec nos seules 50 places disponibles», rapportait l’organiste Johan Treichel, directeur artistique de l’association Musique à la Collégiale (AMC), force motrice de la manifestation.
Minie, mais innovante et costaude. Coordonnée avec le soutien de la Paroisse réformée de Saint-Imier et du CCL, la Collégiade porte le sceau de la sortie d’impasse des festivals culturels.

Trois œuvres, trois univers
Et dans le contexte de cette renaissance, les initiateurs se sont inspirés d’un chef-d’œuvre riche en fenêtres sur l’imaginaire. «Le Jardin des délices», en l’occurrence, célèbre triptyque du 16e siècle signé du peintre néerlandais Jheronimus Bosch. Une authentique fusion entre l’art sacré et le surréalisme. «Il y avait aussi l’idée d’habiter complètement et différemment le lieu, en y associant l’empreinte historique et les valeurs ajoutées du Christianisme.»
Au sein de la Collégiale et ses alentours, quatre musiciens ont ainsi pris part à trois créations singulières, très contemporaines et indépendantes les unes des autres, conçues spécifiquement pour cette occasion.
Dans les décors d’«Île», présentée au public mercredi, puis samedi soir, Johan Treichel et Swann Thommen ont formé, 50 minutes durant, un duo assez improbable. Au pied d’une projection englobant la nef, les deux artistes ont marié leurs styles respectifs très différents au gré d’un voyage musical électronique.
Vendredi, puis dimanche, sous la forme d’une fanfare déambulatoire, «Vis Comica» a promené le public entre la place du Marché et les jardins de la cure. Au travers d’une conterie burlesque, Antoine Joly et Lucien Dubuis ont donné un court concert de clarinette à ciel ouvert.
Au-devant d’un quatuor, une autre assistance a ensuite goûté, à la Collégiale, aux facettes plurielles du «Jardin des délices». Un spectacle multimédia et décalé à huit mains, agrémenté d’une sélection de séquences projetées. Une sorte de prestation théâtralisée interséculaire, caustique et par moments osée, à laquelle Swann Thommen a conféré son bagage de vidéaste. «On souhaitait mettre en relation des thématiques propres à la cosmologie chrétienne, tout en les transvasant dans le foisonnement des travers visibles aujourd’hui sur internet.»

Concept en gestation
Sans fausse pudeur, ni demi-mesures, les quatre protagonistes n’ont, à dire vrai, guère pris de gants pour mixer les supports, en vue d’interpeller des spectateurs visiblement captivés. Et parmi ceux-ci le pianiste biennois Gilles Grimaître, qui a clairement apprécié cette prise de risques. «J’ai trouvé super d’oser offrir un tel spectacle dans un lieu comme la Collégiale. Et c’était finalement assez original! Comme une sorte de cabaret punk un peu étrange, avec son ambiance parfois assez sombre et quasi dérangeante, ainsi que ses textes presque ironiques sur un fond musical qui paraissait du coup pratiquement naïf.»
Suivant un concept à définir, laCollégiade connaîtra vraisemblablement une seconde édition. «Cette première a en fait donné l’impulsion», concluait Johan Treichel, satisfait d’avoir observé un public intergénérationnel, venu non seulement du Vallon et environs, mais également de Bâle.

Articles correspondant: Région »