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Sonvilier

La décision entre en force

En juillet, la préfète du Jura bernois rejetait tous les recours contre la votation sur le parc éolien des Quatre Bornes. Le Conseil municipal vient de valider le résultat du scrutin.

Les sept éoliennes prévues sur l’Envers de Sonvilier ne verront pas le jour. archives-ldd

 

Par Philippe Oudot

Côté bernois, le parc éolien des Quatre Bornes est enterré. Le Conseil municipal vient en effet de valider la décision de la petite majorité des citoyens de Sonvilier qui, le 27 septembre 2020, avait rejeté le projet. Pour rappel, à l’issue d’un minutieux recomptage, le non l’avait emporté par 286 voix contre 281, avec 10 bulletins blancs et 0 nul.

Un verdict très vite attaqué par 10recourants auprès de la préfecture du Jura bernois. Finalement, en juillet dernier, la préfète Stéphanie Niederhauser rendait son verdict et écartait tous les recours, estimant que les conditions pour une annulation du scrutin n’étaient pas requises. Asavoir la constatation d’une grave violation qui aurait pu avoir une influence sur le vote. La décision n’ayant pas été contestée auprès d’une autorité supérieure, elle est entrée en force. Le Conseil municipal vient en effet de valider le résultat des urnes, nous a confirmé la mairesse Rosemarie Jeanneret.

Déception et frustration
Du côté des partisans du parc, c’est bien sûr la déception. Maître agriculteur et secrétaire de la Sàrl Eoliennes Joux-du-Plâne-L’Echelette, Roger Stauffer ne cache pas sa déception et sa frustration. D’autant qu’à l’issue du recomptage des voix effectué par la préfecture, le non ne l’a emporté qu’avec quatre petites voix d’avance. «Les opposants ont gagné, mais à coups de contrevérités. Que ce soit sur les retombées financières pour la commune, la distance par rapport aux machines ou encore la menace sur la reconduction de la charte du Parc régional Chasseral. Avec leurs arguments populistes et égoïstes, ils ont coulé ce projet pourtant qualifié d’exemplaire par Pro Natura, et cela alors qu’on parle d’urgence climatique. On a atteint les limites de la démocratie», soupire-t-il.

Chargé du dossier éolien chez Greenwatt, le développeur du projet, Laurent Scacchi se dit déçu, mais prend acte de cette décision des autorités de Sonvilier. Il précise toutefois que du côté de la commune de Val-de-Ruz, le dossier va de l’avant. «Après le vote de Sonvilier, nous avons refait nos calculs et optimisé le projet, côté neuchâtelois. Même avec seulement trois machines, le parc éolien reste économiquement viable, avec une production de 22GW/h par an.» Il dit attendre le feu vert du Service juridique de l’Etat de Neuchâtel d’ici à la fin de l’année avec sérénité.

De son côté, Roger Stauffer se dit persuadé que la décision sera favorable: «Les opposants ont en effet perdu toute crédibilité, car ils ne se sont même  pas présentés lors de la séance de conciliation qu’avait organisée le Service juridique du canton de Neuchâtel.»

Ancien maire de Sonvilier et très impliqué en faveur des Quatre Bornes, Marc Jean-Mairet regrette d’autant plus le résultat des urnes qu’il est encore plus serré après le recomptage des bulletins: «Alors que le prix de l’électricité est à la hausse, que le Conseil fédéral veut accélérer le recours à l’éolien, nous avons raté l’occasion de faire quelque chose de bien. Mais c’est le jeu de la démocratie, et il faut l’accepter.» Avec le recul, il estime que le camp du oui a fait tout ce qu’il a pu pour convaincre la population, mais qu’au final, les opposants l’ont emporté grâce à leurs arguments trompeurs et l’engagement d’une personnalité de poids comme Didier Cuche.

 

«La campagne s'est déroulée dans les règles de l’art»

Du côté des opposants, Claude Schönenberg, président de l’association Sauvez L’Echelette, salue la décision du Conseil municipal. Il reste convaincu que ce projet était mauvais: «Les machines étaient trop proches des habitations, et l’énergie éolienne n’est pas intéressante chez nous. Les gens ont aussi compris que c’était surtout l’aspect financier, avec les millions de la RPC (rétribution à prix coûtant), qui intéressait les promoteurs. Ils ont donc choisi ce qui était le plus raisonnable.» Quant au maintien du projet, côté neuchâtelois, il se dit persuadé qu’il ne sera pas retenu. Et s’il devait l’être malgré tout, Sauvez L’Echelette ne manquerait pas de s’y opposer.

Un point de vue également partagé par Michel Fior, président de Paysage Libre BEJUNE. «La décision de la préfecture montre bien que la campagne avant la votation s’est déroulée dans les règles de l’art. Quand les gens se mobilisent pour ou contre un projet, comme à Sonvilier et à Court, celui-ci est refusé. Ce qui n’a pas été le cas à Cortébert et à Corgémont pour le projet du Jeanbrenin, car il n’y a pas eu de débat.»

S’agissant des trois éoliennes de Val-de-Ruz, Michel Fior est confiant. Il estime en effet que les études réalisées pour les Quatre Bornes ne sont plus valables, car avec trois machines, le projet n’est plus le même. Quant à l’absence des opposants lors de la séance de conciliation, Michel Fior la justifie par la façon dont elle avait été organisée: consultés pour savoir si elle devait se tenir en présentiel ou de façon virtuelle, «nous avions clairement dit que le présentiel s’imposait, pour permettre de vrais échanges. «Or, on a voulu nous imposer une séance virtuelle…»

 

Définitif, ou pas?

Avec l’entrée en force de la votation du 27 septembre 2020, le parc des Quatre Bornes, côté Sonvilier, est donc enterré. Mais l’est-il définitivement? Pas forcément. En effet, le périmètre du parc reste inscrit dans le plan directeur éolien du Jura bernois.

Si, côté neuchâtelois, les trois éoliennes devaient être érigées, rien n’empêcherait, formellement, de relancer le projet du côté de Sonvilier. Si Greenwatt n’a pas l’intention d’agir dans ce sens, Laurent Scacchi indique que le développeur serait prêt à entrer en matière s’il devait être sollicité. Un cas de figure qui n’est pas impossible, estime lui aussi Michel Fior, «raison pour laquelle nous resterons très vigilants».

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