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Moutier

La jeunesse prévôtoise peine à convaincre les autorités

Saisissant une opportunité professionnelle, Michaël Kohler quitte le poste de chef du Service de la jeunesse et des actions communautaires. Il présente le bilan de ses trois années d’activités riches en projets.

Michaël Kohler tire un bilan positif du travail opéré au sein du SeJAC avec son équipe durant les trois années passées à la tête du service.

Texte et Photo Aude Zuber

La ville de Moutier perd son chef du Service de la jeunesse et des actions communautaires (SeJAC). Michaël Kohler, en fonction depuis février 2016, a saisi une opportunité professionnelle au Service de l’action sociale du canton du Jura. «J’endosserai à partir du 1ernovembre la fonction de responsable du secteur de l’aide sociale.» Et Michaël Kohler d’ajouter: «En quelque sorte, je reviens à mes premières amoures. J’ai d’abord œuvré comme assistant social à Lausanne et Delémont.»

Des projets porteurs
Avec son équipe de cinq personnes, il a porté plusieurs projets comme celui de «SEXpression», dont l’objectif était de faciliter les expressions liées à la sexualité chez un public adolescent. «Sur plusieurs soirées, nous avons questionné les rapports à soi et aux autres, notamment par des ateliers shooting. Nous avons également discuté des violences faites aux filles», détaille Michaël Kohler.

La modernisation de la bibliothèque de la ville de Moutier a aussi été entreprise par les adolescents qui fréquentent le centre de jeunesse qui compte entre 30 et 40 visites par jour. Ce projet nommé «Tourner la page» a consisté à redéfinir la signalétique de la bibliothèque et son agencement. «Nous avons organisé plusieurs soirées de réflexion pour mettre sur pied ce projet. La participation a été très bonne», se souvient le Delémontain, âgé de 30 ans.

Sous sa direction, 16jeunes, sans leur téléphone portable, ont eu l’occasion de partir en Guadeloupe. «Ce voyage s’inscrivait dans un programme d’échanges et concrétisait le droit au voyage des jeunes. Certains participants n’avaient encore jamais pris l’avion.»

Michaël Kohler déclare que ce voyage a été a plus d’un titre formateur. «Les jeunes titulaires d’un permis F ont pris conscience de leurs droits et obligations. Avant d’entamer la demande administrative pour ce séjour, certains parents de participants n’avaient jamais eu de contacts avec les autorités, hormis avec les employés des impôts et ceux du contrôle des habitants», explique-t-il.

Durant ses trois années d’activités, il a constaté qu’il était difficile d’obtenir l’appui des autorités communales pour de tels projets. «‹Tourner la page› avait le soutien d’une grande partie de la population prévôtoise et celui de la Guadeloupe avait trouvé de solides partenaires financiers. Pourtant, cela n’a pas suffi pour recueillir la totalité des fonds nécessaires, ou dans le deuxième cas, il a fallu redoubler d’efforts pour obtenir l’approbation de la Municipalité.»

Selon le responsable, il est plus facile de collaborer avec les services de la Confédération ou le canton de Berne. «Cela s’explique par le fait que le SeJAC n’a pas toujours bonne presse auprès de certains élus communaux. En général, ce ne sont pas leurs enfants qui fréquentent notre centre de jeunesse, mais davantage les adolescents défavorisés et ils ont du mal à comprendre le rôle d’intégration que nous jouons.»

Communication cruciale
Pour éviter la non-adhésion des autorités, le professionnel soulève l’importance du travail de communication. «Nous devons sans cesse expliquer l’utilité de nos projets, alors que la caisse municipale apparaît comme une évidence.»

L’une des missions du SeJAC est d’impliquer les jeunes dans la vie prévôtoise et citoyenne. «Nous avons par exemple mis en place un service de petits jobs visant à responsabiliser et valoriser les jeunes. Par exemple, le Musée jurassien des arts engage des jeunes pour enregistrer les entrées les samedis, le vigneron Aurèle Morf les recrute pour les vendanges ou ils participent à l’organisation de la soupe de Moutier.» 

Réorganisation discutée
Pour Michaël Kohler, le principal défi pour l’avenir concerne la réorganisation du SeJAC, amorcé par le transfert de Moutier prévu dans le canton du Jura. «Une association serait peut-être une forme juridique plus adaptée à notre mission.» Et le responsable de conclure: «Nous pouvons également gagner en synergie. Actuellement, les centres de jeunesse sont un peu morcelés et travaillent de manière isolée. Nous réfléchissons à un potentiel regroupement», conclut-il.

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