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Jura bernois

La PA22+ fait éclore des craintes

Organe de défense professionnelle, la Chambre d’agriculture, qui s’est réunie vendredi, à Diesse, aura du job plein la remorque cette année. La politique agricole que le Conseil fédéral veut ensemencer inquiète.

Les membres de la Chambre d’agriculture du Jura bernois ont tenu leurs assises, hier, à Diesse. Photo Stéphane Gerber.

Par Michael Bassin

Généralement plantée au début du calendrier annuel, l’assemblée de la Chambre d’agriculture du Jura bernois (CAJB) permet de défricher les échéances importantes. A entendre Bernard Leuenberger, 2020 ne sera pas laissée en jachère. «L’année s’annonce très intensive pour votre défense professionnelle!» a lancé le président lors des assises de la faîtière, qui se sont tenues hier, à Diesse.

Des convictions fermes, le Courtisan en a sur la nouvelle loi sur la chasse, qui sera votée en mai. Le dépoussiérage du texte, qui, selon lui, se révèle être opportun pour l’agriculture, est «nécessaire et essentiel».

Le métier de Parmelin?

Deux initiatives sont ensuite dans son collimateur: celle «Pour une Suisse libre de pesticide de synthèse» et celle «Pour une eau potable et une alimentation saine».

Quand bien même la date de votation n’est pas arrêtée – on parle de novembre2020 ou mars2021 –, Bernard Leuenberger juge ces initiatives bien vaches envers les hommes et les femmes de la terre. «On tire toujours à boulet rouge sur l’agriculture. Mais on ne voit que très rarement être mis en cause d’autres secteurs, qui utilisent aussi des produits qui pourraient souiller notre eau potable. Nos agriculteurs ont fait, et font toujours, des efforts considérables pour diminuer l’utilisation de produits phytosanitaires.»

Enfin, le boss de la Chambre d’agriculture cultive une certaine méfiance envers le projet de politique agricole prévu dès 2022 (PA22+). Du message délivré par le Conseil fédéral le 13février dernier à l’attention du Parlement, Bernard Leuenberger n’en moissonne pas que du positif. Entre le renvoi aux calendes grecques de la simplification administrative et la coupe dépassant les 100 millions dans le crédit-cadre des paiements directs, il y a de quoi faire monter le président de la CAJB sur ses grands chevaux. «Parfois, je me demande si notre ministre de l’agriculture a bien été agriculteur dans le passé...»

Membre de la direction de l’Union suisse des paysans (USP), Francis Egger a semé dans les mêmes sillons. Il reconnaît que son organisation a récolté quelques succès réjouissants lors de la procédure de consultation, mais il se dit très surpris par certains nouveaux éléments contenus dans le message du Conseil fédéral.

Système jugé absurde

Celui-ci est donc un terrain fertile en récriminations pour l’USP. Francis Egger rue notamment contre «une vision faussée et négative de la réalité». De plus, «il manque des perspectives économiques pour les familles paysannes». Il observe surtout une aberration du système. «D’un côté, on (réd.: la Confédération) vous impose de nouvelles conditions écologiques et éthologiques; de l’autre, on veut de nouveaux accords de libre-échange, on ouvre la frontière, et, là, on se fout de ces conditions», a-t-il lancé à l’assistance. L’USP se demande même s’il faut entrer en matière ou non sur cette PA22+. Elle décidera en mars du signal à envoyer aux Chambres.

Ce n’est pas mettre la charrue avant les bœufs que de dire que cette nouvelle politique agricole n’est pas encore sous toit.

 

Du blé et des fleurs à l’ordre du jour

Loin des multiples champs de préoccupations de la politique agricole, l’assemblée de la CAJBa également bêché quelques points statutaires, hier. Elle a ainsi officiellement intronisé Roger Grossniklaus, d’Eschert, au sein de son comité directeur, en tant que représentant de la MIBA.

Le plénum a aussi parlé de blé, en acceptant les comptes 2019, qui présentent une perte de 38000 francs, ainsi que le budget 2020, qui table sur un déficit de 20000francs. A ce propos, des voix ont encouragé le comité à labourer le terrain auprès des membres ne payant pas leur cotisation. Le (dur) labeur est en cours, a répondu le président, avec déjà quelques fruits récoltés.

Des fleurs ont enfin été lancées à des agriculteurs ayant effectué un pas supplémentaire sur le plan de la formation, à savoir Julien von Allmen (brevet), Elisabeth Hess et Myriam Zaugg (brevet de paysanne), ainsi qu’Alexandre Geiser et Anja Messerli (maîtrise). Des félicitations ont aussi été adressées à Monika Sommer, des Reussilles, fraîchement nommée à la présidence des paysans bio bernois.

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