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Patrick Gsteiger

«La politique est une école de patience»

Le président du PEV du Jura bernois défend la ligne éthique de sa formation et déplore les slogans réducteurs

Pour Patrick Gsteiger, le PEV doit davantage s’impliquer pour défendre le point de vue chrétien et éthique. Archives-Stéphane Gerber

Philippe Oudot

Membre fondateur du Parti évangélique (PEV)du Jura bernois, Patrick Gsteiger remonte au front des élections fédérales pour la 3e fois. Sans illusions sur ses réelles chances d’être élu, il assure néanmoins s’engager volontiers pour la cause, «afin d’attirer des suffrages sur notre tête de liste et aider ainsi le parti à atteindre ses objectifs. Le but premier est d’assurer la réélection de notre conseillère nationale Marianne Streiff-Feller, et pourquoi pas décrocher un 2e siège.»

Mais en jouant ainsi le jeu du parti, «on gagne en visibilité, et cela a toujours des retombées positives, même si elles ne sont pas forcément immédiates». Ce rôle de porteur d’eau est certes ingrat, mais Patrick Gsteiger souligne que c’est aussi le meilleur moyen pour progresser au sein du parti et, qui sait, se retrouver peut-être un jour en tête de liste.

Une école de patience

Cela dit, il constate que cela dépend beaucoup de l’état d’esprit dans lequel on s’engage en politique. «Celui qui vise rapidement une élection a intérêt à militer dans une grande formation, où il est plus facile de se profiler.» Dans un plus petit parti, il faut davantage savoir saisir les opportunités, être disponible au bon moment. «La politique, c’est aussi une école de patience. Quand on s’y frotte, il faut apprendre à ne pas se décourager», observe notre interlocuteur.

Ethique

Et s’il devait être élu à Berne, Patrick Gsteiger défendrait avec force la ligne éthique de son parti. «Nous avons besoin à Berne d’une formation qui puisse tirer la sonnette d’alarme quand certains garde-fous sont rompus. Sur des sujets sensibles comme la recherche en matière de procréation par exemple, certains lobbies ne se gênent pas d’intervenir pour faire valoir leurs intérêts. Anous de le faire aussi pour défendre notre point de vue chrétien et éthique.»

Il s’engagerait aussi avec conviction dans le dossier de la politique énergétique. «Il y aura d’importantes décisions à prendre dans ce domaine ces prochaines années, et je me battrais pour défendre les énergies renouvelables.» Al’heure où les économies sont de mise, il veillerait «à une utilisation à bon escient des deniers publics». Et pour défendre la région, il s’engagerait pour offrir de meilleures conditions cadres aux PME, en particulier en luttant contre les entraves administratives.

Au niveau de cette campagne, un petit parti comme le PEV ne dispose que de moyens modestes, explique notre interlocuteur. «De ce fait, nous misons sur les contacts personnels et la proximité. Mais aussi avec notre liste Jeunes PEV. Cela permet, d’une part, de préparer la relève et de l’autre, de toucher un plus large public.»  

Parti des solutions

Alors que les sondages électoraux prédisent un effritement des partis du centre, et un renforcement de l’UDC, Patrick Gsteiger dénonce cette façon de faire de la politique à coups de slogans réducteurs et en stigmatisant ses adversaires. «Nous refusons ce jeu-là. Nous préférons construire des majorités afin de trouver les meilleures solutions. Mais c’est vrai que c’est moins payant que les propos à l’emporte-pièce de la Stammtisch.»

Aujourd’hui, observe Patrick Gsteiger, ceux qui se déplacent aux urnes sont avant tout des sympathisants de partis, ou des gens qui votent ponctuellement parce qu’un thème les intéresse. «Nous devons donc viser les autres électeurs, en particulier ceux qui ont une vision plus large et plus constructive de la politique, ainsi que les abstentionnistes.»

Un défi de taille, notamment dans la partie francophone où le taux de participation est toujours plus faible que dans le reste du canton. «Chez nous, les gens se préoccupent visiblement moins de leur environnement sociétal qu’ailleurs. C’est sans doute une question de mentalité. Faire changer cet état d’esprit nécessite un travail de base, d’abord auprès des jeunes, par exemple avec la mise sur pied de parlements des jeunes. Cela permet de leur montrer très concrètement qu’ils peuvent faire remonter leurs préoccupations auprès des autorités politiques. Mais cela prend du temps», avance notre interlocuteur.

La tâche est d’autant plus rude en raison de la perte de crédibilité du monde politique, notamment en raison de l’influence des lobbies et des scandales. «Quand les gens ont l’impression que leur vote ne sert à rien, ils s’abstiennent. Pour leur redonner goût à la politique, il faut montrer que cela a des implications très concrètes. On le voit bien dans nos villages:quand l’assemblée communale doit se prononcer par exemple sur un crédit pour un terrain de foot, eh bien les gens s’y intéressent et participent!»

Pas un drame

Comme en 2011, le Jura bernois pourrait bien se retrouver cette année sans représentant sous la Coupole. Si tel devait être le cas, ce serait bien sûr regrettable, mais pas dramatique. Ases yeux, il s’estime mieux défendu par un élu alémanique qui partage les mêmes idées plutôt qu’un élu régional, mais qui défend des idées opposées.

Et même si aucun représentant du Jura bernois ne devait siéger à Berne au soir du 18 octobre, il juge peu réaliste l’idée d’une liste élargie regroupant plusieurs partis défendue par certains dans quatre ans. «Cela va à l’encontre de notre système politique, et je doute que l’idée soit bien reçue dans les partis politiques…» 

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