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Bienne

La réouverture des salons n’empêche pas la précarité

Après des mois d‘activités en demi-teinte, le secteur de la prostitution doit lui aussi faire face à des difficultés financières et sanitaires.

Les escortes ou les prostituées travaillant en appartement privés seraient moins impactées par la baisse de clients. Ldd

Par Jérôme Burgener

Le canton de Berne autorise l’ouverture des bordels alors que les cantons limitrophes  maintiennent l’interdiction, à l’exception de Neuchâtel. La Berner Zeitung affirmait en début de semaine que le nombre de travailleuses du sexe en ville de Berne avait doublé depuis le mois de décembre, évoquant un tourisme du sexe intercantonal et donc une augmentation de la demande.


Christa Amman, responsable de l’association Xenia, qui vient en aide aux travailleuses du sexe dans le canton de Berne, n’est pas persuadée que la hausse du nombre de filles soit bénéfique: «Des prostituées avec lesquelles nous avons des contacts nous affirment qu’elles n’ont pas beaucoup de clients.» Une situation qui implique un stress important:«Certaines n’osent même plus quitter leur lieu de travail, de peur de rater une passe.»


Offre et demande
En termes de concurrence intercantonale, André Glauser, responsable de la Sécurité publique à Bienne, se montre réaliste:«Nous n’effectuons pas de contrôles de la provenance des clients, mais il semble évident que si une offre n’est pas disponible dans un canton limitrophe, la demande va automatiquement se déplacer.»


Une autre mesure vient compliquer les journées des courtisanes. «Avec l’obligation de fermer les salons à 19h, certaines nous disent qu’il est difficile, voire impossible, de gagner suffisamment d’argent. Comme dans la restauration, la plus grande partie du chiffre d’affaires est réalisée le soir», confie Christa Ammann. Elle précise que la situation est légèrement meilleure pour celles qui travaillent dans des appartements privés ou en tant qu’escorte. André Glauser dresse un constat assez similaire pour 2020 à Bienne: «L’an passé, la prostitution dans les salons est restée en mode veille mais les différents services d’escorte se sont développés.»


Hygiène et mesures
La réouverture des salons dans le canton s’est faite sous conditions sanitaires strictes. «Toutes les prostituées ont été avisées des mesures en vigueur contre le Covid-19, lors de la remise de leur autorisation d’exercer», explique André Glauser.  Il précise que de manière générale, «l’application des règles est bien respectée étant donné que les salons tiennent à poursuivre leurs activités».


Concernant la baisse des revenus, Christa Amman craint un risque d’endettement:«De nombreuses personnes ne peuvent plus payer leurs dépenses, cela inclut les factures d’assurances maladies ou encore les frais médicaux.»


L’état des lieux serait moins alarmant selon André Glauser: «La situation économique des prostituées était très difficile durant la première vague mais grâce aux mesures de soutien, nous n’avons pas comptabilisé de personnes dans la misère.»


Pour lutter contre la précarité qui pourrait toucher les travailleuses du sexe, la responsable de Xenia préconise la mise en place d’une forme d’aide transitoire:«Celles qui gagnent moins que le salaire minimal doivent obtenir un revenu de remplacement de 100% au lieu de 80%. Il faut également trouver des solutions pour les personnes qui n’ont pas droit au chômage partiel. Nous allons analyser les critères à appliquer.»

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