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SWATCH

«La simplicité est la complication ultime»

Pour sa 1re participation, la marque biennoise dévoile un mouvement révolutionnaire

Totalement révolutionnaire, la Swatch Sistem51 dévoilée hier est une montre mécanique automatique qui ne compte que 51 composants, assemblés de manière entièrement automatisée. LDD

De Bâle, Philippe Oudot

Pour sa première participation à Baselworld, la marque Swatch a créé la sensation hier. Trente ans après avoir contribué à redonner vie à une industrie horlogère suisse alors moribonde, avec le lancement de la fameuse montre à quartz Swatch, la maison biennoise pose un nouveau jalon dans l’histoire de l’horlogerie, mais cette fois avec un mouvement mécanique ultrasimplifié. Lors d’une conférence de presse très attendue, le CEO du Swatch Group Nick Hayek a en effet dévoilé cette pièce baptisée Swatch Sistem51, qui établit de nouveaux standards horlogers. Une véritable révolution copernicienne!
Il s’agit d’une montre mécanique automatique qui ne compte que 51 composants; 100%Swiss made, a-t-il insisté, elle est dotée d’une réserve de marche de 90 heures et sera proposée à un prix se situant entre 100 et 200fr. – «sans doute plus près de 100 que de 200», a assuré le big boss. Et de préciser que ce petit bijou de technologie, fruit de la collaboration entre plusieurs entités du Swatch Group, dont ETA, Nivarox et Comadur, sera disponible sur le marché en octobre prochain.

Simplifié au maximum
Responsable du développement des mouvements mécaniques chez ETA, Thierry Conus a indiqué que si les horlogers s’échinent à doter leurs garde-temps de complications, «nous avons fait le contraire, en simplifiant ce mouvement au maximum». Tout comme sa glorieuse ancêtre à quartz, la Swatch Sistem51 ne compte en effet que 51 composants – soit la moitié moins que n’importe quelle montre mécanique. Elle est dotée de trois aiguilles, d’un quantième pour la date, et d’un fond transparent qui laisse apparaître le mouvement, car la masse oscillante, qui occupe toute la surface, est… transparente.
Comme l’a souligné Thierry Conus, la réalisation de ce mouvement a mobilisé une centaine d’ingénieurs depuis près de deux ans. Pas moins de 17 nouveaux brevets ont été déposés pour protéger ce garde-temps révolutionnaire. Mais pour pouvoir le proposer à un prix pareil, il a non seulement fallu réduire au maximum le nombre de composants, mais également en assurer l’assemblage de manière entièrement automatisée. Si le montage des modules se fera par étapes, il a estimé le temps d’assemblage global de la montre à… une vingtaine de minutes!

Assemblé par soudage
En fait, a-t-il expliqué, le mouvement se compose de cinq modules dont les composants, fabriqués dans un alliage aux propriétés antimagnétiques, sont soudés au lieu d’être vissés. Les modules sont ensuite eux-mêmes soudés entre eux. «Ce mouvement ne compte qu’une seule vis! Elle se trouve au centre et sert à fixer la masse oscillante.» L’échappement a été fabriqué dans un matériau synthétique. La masse oscillante transparente est réalisée par injection d’un polymère, la partie lourde, en bordure, étant composée de microbilles de tungstène. Quant au boîtier, il est lui aussi soudé, donc à l’abri de la poussière et de l’humidité. Autant de raisons qui, selon Nick Hayek, font que ce garde-temps n’a besoin d’aucun service pendant 10 ou 20 ans.
La technologie utilisée a aussi permis de supprimer tous les composants qui, sur un mouvement mécanique normal, servent à régler la précision du garde-temps. «Ici, le réglage de la précision se fait par laser. C’est à la fois très simple, et extrêmement fiable». Selon Thierry Conus, la marge de précision est de plus ou moins 5 secondes au maximum, «mais 90% des pièces seront plus précises que cette marge de tolérance». Apropos de ce mouvement simplifié à l’extrême, il a conclu ses propos en citant Léonard de Vinci pour qui «la simplicité est la complication ultime».

Place à la fantaisie
Pour sa part, Carlo Giordanetti, directeur de la création chez Swatch, a souligné que ce nouveau garde-temps restera fidèle à la philosophie de la marque, et qu’il pourra se décliner avec toute la fantaisie qui lui est propre. Le mouvement pourra en effet être décoré à loisir une fois les modules réalisés.  
Aterme, a indiqué Nick Hayek, cette montre, qui sera entièrement Swiss made, devrait être assemblée dans le nouveau bâtiment qui sera construit à Bienne, sur l’ancienne aire Gygax. Sans donner de précisions quant à l’investissement consenti, le CEOdu Swatch Group a néanmoins indiqué qu’il était substantiel.
Au passage, il a constaté qu’avec cette Swatch Sistem51,« nous démontrons qu’il est possible de faire du 100% Swiss made, même pour des montres à bas prix.» Et de fustiger ceux qui galvaudent ce précieux label en allant acheter une partie de leurs composants à l’étranger.

Synergie au sein du groupe
Si le développement de ce mouvement a été initié par Swatch, le savoir acquis et la technologie pourront sans doute profiter aux autres marques du groupe, a-t-il poursuivi, et pas forcément seulement pour les mouvements mécaniques. Il a aussi précisé qu’à l’instar de toutes les collections Swatch, la Sistem51 sera distribuée dans le monde entier. C’est dire si, vu le prix sans concurrence, le marché potentiel est énorme. Il a aussi assuré que, de par le positionnement spécifique de cette montre automatique, il n’y avait aucun risque de cannibalisation à l’interne du groupe.

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