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Les richesses du terroir (4)

La vitrine de nos produits

Le 8e Concours suisse des produits du terroir et le Marché des terroirs, fin septembre à Courtemelon, viendront clôturer la Semaine suisse du goût. Avec des médailles à la clé.

Alcools, vinaigres, produits fromagers, laitiers, carnés ou de boulangerie, tous ont leur place dans l’une des cinq catégories du concours, duquel découlera un bon tiers de médailles sur les centaines de produits jugés.

Textes et photo Dan Steiner

Notre région est riche en produits du terroir. C’est l’occasion de proposer une série d’articles tout au long de cette année, en collaboration avec la Fondation rurale interjurassienne (FRI). Après les labels et les chartes (Le JdJ du 22 janvier), un volet axé sur le pain de nos boulangeries (Le JdJ du 18 mars) et la présentation de la Fête de la tête-de-moine (Le JdJ du 8 février), place à celle du 8e Concours suisse des produits du terroir et à son Marché.

Quand Georges Wenger s’exprime, l’assistance boit littéralement ses paroles, même si c’est plutôt de la partie solide de la gastronomie dont il était le spécialiste. Et quand l’ancien chef étoilé parle des produits du terroir, inutile de dire qu’il en connaît un rayon. C’est dans sa Maison, au Noirmont, où il a régné en maître des fourneaux avant de les céder au chef Jérémy Desbraux, que la Fondation rurale interjurassienne (FRI) a présenté ce matin le Marché ainsi que le Concours suisse des produits du terroir.

«Un produit qui n’a pas de reconnaissance au-delà des limites de sa production n’existe pas. Il faudra donc faire beaucoup plus d’efforts pour le promouvoir auprès de son public s’il n’a pas cette reconnaissance d’ailleurs.» Le discours du chef est direct, le décor posé. Et l’ancien esthète d’ajouter «qu’il n’y aura jamais de grands cuisiniers en Suisse s’il n’y a pas de produits nationaux reconnus à l’étranger».

Dialogue entre producteur et consommateur
Là, on bataille déjà dans la catégorie reine. A l’échelle helvétique et régionale, c’est justement au travers de cette compétition biennale, lancée par la FRI en 2005, que certains producteurs locaux pourront avantageusement mettre leurs créations en vitrine.

A l’automne, ce ne sont certainement pas moins de 1'200 produits qui concourront pour les médailles. Les heureux récipiendaires de ces dernières, décernées en bronze, argent ou or dès 17 points sur 20, seront cette année connus le vendredi 27 septembre, au Cinémont de Delémont. Ce soir-là, avant un souper de gala à la Croisée des loisirs, on remettra également le prix d’excellence pour le meilleur produit des cinq catégories dans lesquelles ceux-ci se répartissent: laitiers, boulangers, carnés, alcoolisés ainsi que réalisés à partir de fruits et de légumes.

Cette soirée et le week-end qui suit viendront ainsi conclure la 19e Semaine suisse du goût. A ce titre, on se souvient que Moutier avait été nommée Ville du goût en 2014. Parenthèse refermée. Car le samedi 28 et le dimanche 29 sont jours de Marché. Et là, comme d’habitude, c’est du côté de Courtemelon qu’il faudra converger avec son panier en osier et ses papilles en alerte. «C’est un lieu de rencontre pour différents secteurs d’activité», a résumé Olivier Girardin, le directeur de la FRI.

«Mais ce qui est surtout essentiel, c’est d’amener le consommateur à échanger avec le producteur. Cet élément fait partie de l’ADN du concours et c’était une condition de Georges Wenger pour son appui.» L’ancienne grande toque conduira ainsi, comme il l’a déjà fait par le passé, les visiteurs à travers les quelque 170stands lors de l’Atelier du goût, samedi et dimanche.

Bœuf, l’hôte d’honneur
Quant aux deux habituels hôtes d’honneur, ce sont cette fois Genève – troisième canton producteur de vin – et la filière du bœuf qui tiendront le haut du pavé. C’est le cas de l’écrire. «Si l’on se soucie de la provenance de la viande, on peut en manger en toute bonne conscience», a souligné Olivier Girardin, comme pour court-circuiter quelque ardeur antispéciste...

Mais le directeur s’est toutefois montré déterminé à en faire plus pour le développement durable en général, citant la votation fédérale de 2017 sur la sécurité alimentaire: la production doit être «adaptée aux conditions locales», le secteur agroalimentaire «répondre aux attentes du consommateur» et les «denrées doivent être utilisées de sorte à préserver les ressources naturelles». Selon lui, la manifestation a fait du chemin de ce côté-là depuis ses débuts, mais «il y a encore du potentiel d’amélioration».

Pour terminer, citons encore la présence des délégations étrangères (Maroc et Tunisie, avec qui la FRI collabore) et la tenue d’une conférence internationale le vendredi 27 septembre, au Cinémont, sur le thème Stratégie qualité suisse. On aura l’occasion d’en reparler.

Infos, programme et inscriptions pour le concours (jusqu’au 30 juin): ici

4 question à Gaëtan Gyger, fondateur, avec ses deux frères, de Gagygnole, à Souboz

«Cette médaille a crédibilisé notre travail»
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous inscrire une première fois à ce concours, en 2017?
En priorité pour savoir si notre produit (réd: la Souboziane) tenait la route, s’il avait un avenir. Car cette période était un moment charnière pour nous; on ne savait pas si on allait vraiment se lancer ou non.

Vous y avez remporté l’or. Un coup de maître! Que vous a apporté cette médaille?
Cela a vraiment crédibilisé notre travail, soit de recevoir un jugement extérieur et pas uniquement celui de nos clients ou de nous-mêmes. Celui de ces professionnels nous a du coup apporté l’assurance que nos créations étaient des produits de qualité. Du point de vue de la visibilité, il était également intéressant d’avoir une médaille sur un produit. Ce qui le démarque des autres aussi, bien entendu, au niveau de la vente.

A ce titre, avez-vous senti l’apport de cette distinction?
Nous avons notamment fait de la pub sur les réseaux sociaux, ce qui nous a bien fait connaître à ce moment-là. D’un autre côté, nous ne l’avons peut-être pas mis assez en avant. Nous avons aussi un peu changé le produit et la bouteille, c’est pourquoi on a finalement arrêté de communiquer là-dessus. Côté ventes, le lendemain de la remise des médailles, c’était la folie sur le stand! Mais vu que c’était nos débuts et que l’on a beaucoup démarché à cette période-là, il est difficile de dire quelle est la raison de l’augmentation des ventes. Mais ça aide, c’est sûr.

Cet automne, on vous y retrouve? Avec d’autres produits?
Nous allons remettre la Souboziane au concours, pour voir si la recette que l’on a est toujours d’actualité. Nous aurons également du gin, que l’on fabrique avec du houblon et de la racine de gentiane, qui est labellisé bio, ainsi que notre vodka, aussi bio, aromatisée à l’aspérule odorante.

Concours et Marché
* 5 jurys de 200 spécialistes
* 170 stands de producteurs lors du marché
* 400 producteurs en lice pour le concours
* 400 médailles distribuées
* 1'200 produits évalués
* 15'000 visiteurs au Marché

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