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Bienne: Espace Arthur

L’ambiance pesante et inquiétante d’une scène de crime

Le photographe Sébastien Gerber s’est inspiré de la série «Twin Peaks» pour ses clichés.

Sébastien Gerber a été séduit par l’univers visuel de la série créée par David Lynch et Mark Frost. MUB

Murielle Badet

Atmosphère lugubre à l’Espace Arthur. Jusqu’au 25 mai, la galerie abrite l’exposition «The Lodge», du Biennois Sébastien Gerber. Les visiteurs qui pénètrent les lieux sont accueillis par une bande-son étrange créée sur mesure. Des portraits comme issus d’un autre temps ornent les murs de la galerie. Des scènes de vie imaginaires? Ou sont-elles réelles? La frontière entre fiction et réalité tragique apparaît difficile à discerner.

Au bord d’un lac mystique
Sébastien Gerber (32 ans) a débuté son projet au printemps 2015, sur une commande d’une bande de copains qui gèrent une plateforme sur internet dédiée notamment aux séries télévisées. Pour son travail, le photographe a choisi comme fil rouge la mythique série américaine «Twin Peaks», créée par Mark Frost et David Lynch dans les années nonante.

«L’univers visuel et les codes graphiques utilisés dans cette série m’ont décidé à la choisir comme base de travail», explique le Biennois. Et d’ajouter: «Mon idée n’était pas de recréer des scènes à l’identique mais de développer un langage visuel reconnaissable et proche de la série.»

C’est donc en avril 2015 qu’il motive quelques amis à se rendre aux abords du mystique Etang de la Gruère, dans les Franches-Montagnes, pour y débuter le premier volet de son projet.

Faux crime, vrais flics
Tout se déroule à merveille jusqu’à ce qu’un promeneur – choqué par la scène de crime, fictive bien entendu, qu’il vient d’entrevoir – n’appelle la police… Les forces spéciales d’intervention, prenant le cas très au sérieux, débarquent alors sur place pour arrêter sans ménagement toute l’équipe du shooting et confisquer le matériel photographique.

Rapidement, la police comprend le quiproquo, mais le mal est fait et la bande de potes est abasourdie. «Aujourd’hui, cela reste une anecdote un peu marrante, mais sur le moment on a été complètement choqué par l’ampleur de l’intervention», précise Sébastien Gerber.

La deuxième partie du projet est réalisée peu de temps après à l’intérieur, chaque cliché étant le résultat d’une habile mise en scène. «C’était la première fois que je travaillais de la sorte. Je photographie d’habitude des éléments statiques, de manière plus spontanée et surtout qui ne sont pas des humains», commente le photographe, qui utilise l’argentique (pellicules moyen format), puis numérise ensuite les négatifs.

Les images très composées de cette relecture de «Twin Peaks» oscillent entre cadrage maîtrisé, détails soignés et flou artistique inquiétant.

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