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Rétrospective 2019

L’année de toutes les contestations

Entre la grève des femmes et celles pour le climat, la population biennoise est massivement sortie dans la rue en 2019 pour faire entendre sa voix. Retour sur ces événements, et les autres, qui ont marqué l’année.

Bienne n’échappe pas à la marée violette qui déferle sur la Suisse le 14 juin à l’occasion de la deuxième grève des femmes. Photo:Matthias Käser

par Didier Nieto / photos:Archives

#1 Le 14 juin, Une marée violette déferle sur la ville
La deuxième grève des femmes a lieu le 14 juin, exactement 28 ans après la première. Le mouvement mobilise plus d’un demi-million de personnes à travers le pays. A Bienne, elles sont près de 3000 femmes – accompagnées de plusieurs dizaines d’hommes – à défiler au centre-ville pour réclamer la fin des discriminations et l’égalité entre les sexes. C’est cinq fois plus qu’en 1991. Quelques jours après cette marée violette, les grévistes remettent aux autorités biennoises une pétition munie de 1154 signatures. Le texte demande des mesures en faveur des femmes dans le domaine de la formation professionnelle, de la prévention de la violence ou de la migration. Certaines de ces revendications sont relayées sur le plan politique, au moyen d’interventions déposées au Conseil de ville. Six mois après la grève, le collectif qui a porté le mouvement à Bienne est toujours actif et organise régulièrement des rencontres et des manifestations.

 

#2 Des grèves pour le climat avant la vague verte
Répondant à l’appel de l’activiste Greta Thunberg, 300 étudiants sèchent les cours le 18 janvier pour exiger des actions contre le réchauffement climatique. Cette première grève pour le climat à Bienne sera suivie d’autres tout au long de l’année. Avec plus de 1100 personnes qui défilent au centre-ville, celle du 4 février enregistre la plus forte participation. Même si le mouvement s’essouffle au fil des mois, il ne reste pas sans effet. Le 19 septembre, le Conseil de ville décrète l’urgence climatique et vote l’élaboration d’un règlement afin d’atteindre les objectifs fixés par les Accords de Paris. En Suisse, les manifestations en faveur du climat ont fait de l’environnement le thème principal des élections fédérales – avec le succès que l’on sait pour Les Verts. Le 23 décembre, Extinction Rebellion, qui réclame la neutralité carbone d’ici 2025 en misant sur la désobéissance civile, organise sa première action perturbatrice à Bienne en bloquant la circulation à plusieurs endroits.

 

#3 Branche ouest de l’A5: intenses mais lentes négociations
Le 8 février, les opposants et les partisans de la branche Ouest de l’A5 se retrouvent pour la première fois autour d’une table. Initié par le canton, ce groupe de dialogue doit permettre d’apaiser la forte contestation que suscite le projet d’autoroute au sein de la population. Les deux camps ont jusqu’à l’été 2020 pour présenter une solution susceptible de remporter l’adhésion populaire. Les premières séances, riches en tensions, se limitent pourtant à régler des questions administratives, comme celle, très discutée, de la publication des procès-verbaux. Inquiétées par cette lenteur, les autorités tapent du poing sur la table. En novembre, le groupe se penche enfin sur les problèmes de trafic et de développement urbain. Si ces discussions entraînent un rapprochement des deux camps, le cœur du problème – la comparaison entre les variantes de l’axe Ouest– n’a pas encore été abordé. A six mois du délai, le temps presse.

 

#4 Robert Walser ressuscité durant 86 jours par Thomas Hirschhorn
Elle restera comme l’événement culturel majeur de l’année: réalisée par Thomas Hirschhorn dans le cadre de la 13e édition de l’Exposition suisse de sculpture (ESS), la Robert Walser Sculpture occupe la place de la Gare entre le 15 juin et le 8 septembre.Durant trois mois, l’œuvre s’efforce de démontrer pourquoi l’écrivain biennois est important. Pour cela, la plateforme héberge chaque jour des podiums de discussion, des lectures publiques, des ateliers ou des cours de langue. Si certains y voient un fantastique espace de création et de réflexion, d’autres n’ont pas fini de s’indigner contre ce «tas de palettes» qui aurait ruiné l’image de Bienne. A l’issue de la manifestation, l’ESS tire un bilan positif de la sculpture. Thomas Hirschhorn, lui, ne veut parler ni de succès, ni d’échec, «car la Robert Walser Sculpture était une aventure fragile, instable, à l’issue précaire et incertaine».

 

#5 L’improbable imbroglio entre Vibez et Emirates
Le feuilleton le plus rocambolesque de l’année est à mettre au crédit de Vibez. Peu avant la première édition de leur festival musical (du 6au 8juin à côté de la Tissot Arena), les organisateurs annoncent un prestigieux partenariat avec la compagnie Emirates. Sauf que la société basée àDubai dément tout accord et indique même avoir intenté Vibez en justice pour l’utilisation abusive de la marque! Les organisateurs n’en démordent pas et informent collaborer avec «son Excellence Suhail Mohammad Al Zarooni», un riche entrepreneur émirati... qui n’a en fait rien à voir avec Emirates! La compagnie aérienne disparaît finalement du matériel marketing de Vibez le jour de l’ouverture du festival, sur injonction de la justice bernoise. «Je ne peux pas m’expliquer comment les choses en sont arrivées là», admet Daniel Meili, le chef de l’organisation. Vibez attire 32 000 spectateurs alors que 50000 étaient attendus.

 

#6 Swatch inaugure son serpent, omega ouvre son musée
Le Palais des Congrès est-il toujours le bâtiment emblématique de la cité seelandaise? La question est ouverte depuis le 3octobre et l’inauguration en grande pompe du nouveau siège de Swatch. Situé le long de l’Ile-de-la-Suze, l’édifice conçu par l’architecte japonais Shigeru Ban détonne par ses courbes ondulées et son assemblage de fenêtres qui le font ressembler à la queue d’un serpent. Le bâtiment, qui peut accueillir jusqu’à 400collaborateurs, a coûté 125 millions au Swatch Group. Le même jour, la société dirigée par Nick Hayek dévoile également sa «Cité du Temps», un autre bâtiment construit dans la prolongation du serpent. Les marques Swatch et Omega y ont chacune aménagé un musée qui retrace leur histoire. Swatch y expose les 9 154 modèles de montres développés depuis la création de la marque en 1983. Omega revient, entre autres, sur ses collaborations avec la NASA et James Bond.

 

Mais 2019, c'est aussi...
Le bilinguisme enfin respecté: Après s’y être refusée pendant des mois, la Confédération accepte le 4 juillet de remplacer la signalisation uniquement en allemand de la branche Est par des panneaux bilingues.

Double départ: Directrice des Travaux publics, de l’énergie et de l’environnement, Barbara Schwickert (Les Verts) annonce le 25octobre qu’elle ne briguera pas un quatrième mandat en 2020. Une semaine plus tard, son collègue Cédric Némitz (PSR), en charge de la Formation, de la culture et du sport, informe qu’il quittera aussi le Conseil municipal l’an prochain, à la fin de son second mandat.

Le futur de l’innovation: Le 6 mai, le conseiller fédéral Guy Parmelin lance la construction du Parc suisse d’innovation biennois. Le futur édifice, qui permettra aux milieux industriels et scientifiques de collaborer, ouvrira ses portes fin 2020.

Le Lakelive confirme: Avec Nekfeu, Juanes ou Youssoupha en tête d’affiche, la deuxième édition du Lakelive se tient du 26juillet au 3 août. La manifestation attire 80000 personnes au bord du lac. Le festival fera son retour l’été prochain.

Laure Wyss victime d’un couac: Le 18 août, la Ville inaugure son Esplanade Laure Wyss, nouvel espace vert au centre-ville. Petit couac: sur la plaque, il est écrit, pour la version française, «Laure-Wyss Esplanade». La faute a été corrigée depuis.

Le demi-siècle de l’OSBS: L’Orchestre symphonique Bienne Soleure a fêté son 50e anniversaire cette année avec toute une série de concerts spéciaux.

Le FFFH toujours: Marquée par la présence de Cécile de France, la 15e édition du Festival du film français d’Helvétie (11 au 15 septembre) a encore été un succès, avec 18 500 spectateurs entre Bienne et Berne.

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