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Salon de la formation

L’apprentissage se met en scène

C’est sur une touche d’humour que s’ouvre la dixième édition du Salon interjurassien de la formation. Rencontre avec un ex-apprenti devenu comédien.

Karim Slama: «Choisissez la photo où j’ai le moins de cheveux. Elle correspond le mieux à ma tête actuelle.» On a suivi les instructions. Photo: Jean-Claude Boré/ldd

Par Nicole Hager

Le choix de l’humoriste appelé à égayer aujourd’hui la cérémonie d’ouverture du Salon interjurassien de la formation ne pouvait pas mieux tomber. Avant de fouler les scènes, le Vaudois Karim Slama a réalisé un apprentissage puis est devenu ingénieur. Son parcours est exemplaire à plus d’un titre. Même s’il n’a pas pu réaliser la formation qu’il avait initialement choisie, il n’a pas hésité à saisir les opportunités qui s’offraient à lui.

Karim Slama, vous avez été apprenti. Dans quel domaine?
J’ai fait un apprentissage de mécanicien-électricien, métier connu aujourd’hui sous l’appellation d’automaticien. J’étais à plein temps en école professionnelle. Cette solution m’a permis de faire le lien entre le monde de l’entreprise et le cocon de l’école obligatoire que je n’avais pas envie de quitter complètement.

Etiez-vous un bon apprenti?
Je crois. En fin d’apprentissage, parmi les 80 apprentis mécaniciens-électriciens du canton de Vaud, j’ai fini premier de ma volée.

Devenir mécanicien-électricien, c’était votre objectif?
Non. A la base, je voulais devenir électronicien. Il fallait réaliser un concours d’entrée à l’école des métiers. Il y avait 40 places et 150 candidats… Comme je n’ai pas atteint la moyenne pour entrer dans cette filière, on m’a suggéré de m’orienter comme mécanicien-électricien. Je me suis dit qu’il fallait essayer. La même chose s’est reproduite plus tard quand j’ai voulu devenir ingénieur en robotique. Là, aussi, il y avait beaucoup de candidats et je n’avais pas suivi le cursus de la maturité technique. On m’a proposé de m’orienter plutôt dans le génie thermique. J’ai suivi le conseil en me spécialisant dans les questions énergétiques liées au bâtiment.

Votre parcours reflète ce que beaucoup de jeunes vivent au moment de se choisir un avenir. S’orienter professionnellement n’a rien d’évident.
Avec l’un de mes enfants, je suis en plein dans cette situation. Il va finir l’école obligatoire et va peut-être entrer en préapprentissage. Cette option permet de se préparer à l’apprentissage et à déterminer un choix de métier en réalisant différents stages. L’essentiel est vraiment de se former. En Suisse, nous avons une chance incroyable avec notre système d’apprentissage. Il permet vraiment de finir à l’EPFL après avoir fait un CFC. Il ne faut pas croire que, quand on commence une formation, notre vie est toute tracée. Au contraire.

Après votre apprentissage, vous êtes entré en école d’ingénieur. A quel moment dérivez-vous sur le théâtre?
J’ai des envies de théâtre depuis que j’ai 13 ans. Etudiant, j’avais déjà des engagements en tant que comédien et je savais que j’en aurais davantage si j’avais plus de disponibilités. Si bien qu’au terme de mon école d’ingénieur, je ne cherchais pas vraiment un emploi fixe dans mon domaine d’activité à moins d’en trouver un qui me permette de développer le théâtre en parallèle. Comme j’avais de très bonnes notes, je me suis vu proposer un poste. J’ai accepté l’offre pour autant que je puisse obtenir un emploi à mi-temps pendant deux ans. Mon futur employeur s’est étranglé, mais il a accepté. Et ce poste à 50%, très rare dans le métier d’ingénieur, m’a permis de développer mon premier one man show.

Beaucoup de jeunes s’imaginent devenir footballeur professionnel, chanteur ou comédien, comme vous. Des métiers qui font rêver mais auxquels peu accéderont. Quel message aimeriez-vous faire passer à ces jeunes?
De foncer, de croire en leur rêve, mais aussi d’assurer leurs arrières. C’est ma façon de voir les choses. Mon second fils veut absolument faire du théâtre. Pour moi, il n’y a pas de souci. Mais, pour entrer dans une Haute école de théâtre, il faut avoir 18 ans au minimum. Il lui faut donc réaliser une formation avant. Pourquoi ne pas faire un apprentissage? C’est bien de toucher à du concret.

Au regard de votre trajectoire, entamée avec un apprentissage, pensez-vous avoir pris la bonne option?
On peut toujours faire mieux.

L’important dans la vie, c’est de vivre sa passion. A un moment donné, ma passion c’était autant l’ingénierie que le théâtre. Puis l’une de mes deux maîtresses a eu l’ascendant sur l’autre et je suis parti dans le théâtre. Je crois qu’il faut être passionné par son métier sinon chercher autre chose parce que le travail occupe quand même huit heures de nos vies par jour.

 

Cinq jours pour s’informer sur son avenir:
La dixième édition du Salon interjurassien de la formation se déroule à partir de ce matin et jusqu’à dimanche au Forum de l’Arc à Moutier. Programmée tous les deux ans, alternativement en terre bernoise et jurassienne, la manifestation est devenue un rendez-vous incontournable pour tous les jeunes qui s’interrogent sur leur avenir professionnel, ainsi que pour leurs parents.

Ces prochains jours, accompagnés de leurs enseignants, plus de 3500 écoliers vont arpenter les 4000 m² d’exposition et s’arrêter dans une cinquantaine de stands, découvrant au passage plus de 160 métiers. «Nous allons accueillir quasiment tous les élèves de 9H et 10H du canton du Jura et de la partie francophone du canton de Berne, ainsi que des classes d’écoles privées», se réjouit Florent Cosandey, membre du comité d’organisation du Salon et chef de la section francophone de l’Office de l’enseignement secondaire du 2e degré et de la formation professionnelle. Les écoliers bénéficieront d’un encadrement d’exception, testé et hautement apprécié lors de la dernière édition du Salon: des visites guidées assurées par une trentaine d’étudiants de la Haute école pédagogique BEJUNE.

Cette année, l’événement mise sur les fondamentaux qui ont contribué à forger son succès, comme la démonstration de métiers. Le savoir-faire de quelque 160 professions est mis à l’honneur. Aux différents stands, des apprentis et des professionnels sont à l’œuvre. Avec la volonté de donner à chacun l’envie et les moyens de choisir sa voie professionnelle avec un maximum d’informations. Les filières de formation en école sont elles aussi présentées et explicitées afin de dissiper les hésitations possibles. Le Salon interjurassien de la formation se veut une vaste plate-forme d’échanges et de rencontres où chacun peut se faire une idée plus précise des métiers présentés.

 

Au programme du 10e salon de la formation:
5 jours d’ouverture, dès ce matin à 8h et jusqu’à dimanche à 16h.
160 professions représentées et présentées
50 stands regroupés par domaines d’activité: professions liées à la nature; métiers de bouche; industrie; santé & social; commerce, gestion & art; artisanat & construction.
3500 élèves de la partie francophone du canton de Berne et du Jura sont déjà inscrits, via leur école, pour une visite guidée du salon.

Infos pratiques
Quoi? 10e édition du Salon interjurassien de la formation
Quand? Jusqu’à dimanche. Mercredi et jeudi:
8h - 12h et 13h - 17h
Vendredi: 8h - 12h et 13h - 18h
Samedi et dimanche: 9h - 16h
Où? Au Forum de l’Arc, rue de l’Industrie 98 à Moutier
Prix de l’entrée? Gratuit
Infos? www.salon-formation.ch

Temps forts
Swissskills Pendant toute la durée du Salon, les cinq meilleurs apprentis en maçonnerie du pays s’entraîneront en vue de la finale suisse de septembre à Berne.
Invité spécial  Les Journées européennes des métiers d’art. L’occasion de découvrir cinq artisans à l’œuvre au stand no 28. Mercredi: un guillocheur, artisan qui décore les cadrans de montres. Jeudi: un charron, soit un spécialiste du bois et du métal. Il conçoit et répare les Chars. Vendredi: un horloger pendulier et un guillocheur. Samedi: une restauratrice d’art. Dimanche: un tailleur de pierre et un guillocheur.

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