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Télécomunications

L’arrivée de la 5G inquiète des députés

Par le biais de deux motions urgentes, Moussia de Watteville et Anne-Caroline Graber somment le gouvernement d’imposer un moratoire sur l’installation et la mise en fonction de la 5G. Pour des raisons de santé publique et de sécurité des données.

Les nouvelles antennes de transmission pour la 5G suscitent nombre d’inquiétudes. A-Keystone

Par Philippe Oudot


La technologie de téléphonie mobile 5G suscite de nombreuses inquiétudes au sein de la population et des milieux politiques. D’une part, pour des questions de santé publique en raison des risques potentiels des nouvelles fréquences utilisées, et d’autre part, en raison des risques liés à la protection des données.

Avec ses collègues Anne-Caroline Graber (UDC, La Neuveville) et Virginie Heyer (PLR, Perrefitte), Moussia de Watteville (Les Verts, Tramelan) vient de déposer une motion urgente. Soulignant qu’il va falloir installer 15000 antennes supplémentaires (il y en a déjà plus de 18000) et que les fréquences d’ondes utilisées seront de type millimétrique, elle constate que cette technologie recèle encore de nombreuses zones d’ombre.

D’autant que les opérateurs souhaitent relever les valeurs limites de l’Ordonnance sur la protection contre le rayonnement non ionisant. Dans ce contexte, l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a demandé une étude sur la dangerosité potentielle de la technologie 5G. Tant que les résultats ne sont pas connus, «c’est le principe de précaution qui doit primer», clame Moussia de Watteville.

Dans l’attente de la publication de l’étude de l’OFEV sur l’éventuelle dangerosité de cette technologie, elle réclame l’instauration d’un moratoire sur l’installation de nouvelles antennes «au moins jusqu’à la publication des conclusions de cette étude, prévue cet été, et la présentation de garanties suffisantes quant à la non-dangerosité de cette technologie». Et dans la foulée, elle demande un moratoire de deux ans, comme l’a fait Genève, en attendant les résultats des rapports scientifiques indépendants engagés par l’OMS.

Risques d’espionnage
Si la 5Gsoulève des interrogations en termes de santé publique, elle en pose aussi quant à la sécurité des données. D’où cette autre motion urgente déposée par Anne-Caroline Graber, avec ses collègues Moussia de Watteville et les deux députés UDC Roland Benoit (Corgémont)et Anne Speiser-Niess (Zweisimmen). L’élue neuvevilloise estime que la domination de l’entreprise chinoise Huawei sur le marché mondial dans le domaine de la 5Gpose un sérieux problème.

Il existe en effet de sérieux soupçons d’espionnage à vaste échelle à l’encontre de Huawei, ce qui a conduit plusieurs pays, dont les Etats-Unis et le Japon, à lui interdire d’installer les infrastructures nécessaires à la 5G sur leur territoire. Or, rien de tel en Suisse où Sunrise a mandaté cette entreprise pour installer ses nouvelles antennes de relais pour la 5G. Quant au Conseil fédéral, il ne semble pas inquiet quant à la sécurité des données des Helvètes, considérant Huawei comme une entreprise privée. Or, rappelle Anne-Caroline Graber, si le raisonnement est pertinent dans un pays démocratique, l’entreprise en question «est rattachée à un Etat de type totalitaire qui, par essence, soumet toutes les personnes physiques et morales à son imperium». Qui plus est, la Chine dispose d’une législation qui peut obliger ses entreprises à communiquer les données exigées par l’Etat.

En clair, Huawei se situe au cœur de la stratégie de la Chine qui cherche à devenir une superpuissance civile et militaire. Au vu des très sérieuses et légitimes interrogations en matière de sécurité des données, Anne-Caroline Graber estime indispensable d’instaurer «un moratoire sur l’installation et la mise en fonction de la 5Gsur le territoire bernois, au moins jusqu’à la parution du rapport de l’OFEV».

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