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Bilinguisme

Le canton fait figure de cancre du bilinguisme

Si le français et l’allemand sont les langues officielles, l’offre en matière de filières bilingues est encore trop faible selon une étude.

Les filières bilingues sont encore peu présentes au niveau primaire dans le canton. Archives Matthias Käser

Julie Gaudio

Officiellement bilingue, le canton de Berne est pourtant un mauvais élève en ce qui concerne les filières de formation bilingues. En dehors de Bienne, l’offre est relativement faible. «L’inventaire des filières bilingues du canton de Berne», réalisé par le professeur de linguistique allemande de l’Université de Genève, Daniel Elmiger, établit ce constat après avoir enquêté auprès d’écoles  bernoises offrant un enseignement bilingue, du degré préscolaire au degré tertiaire. Un rapport de cette étude accomplie sur mandat du Forum du bilinguisme et de l’association Bernbilingue, a été publié et présenté à la presse hier, par vidéoconférence.

Grâce à cette enquête, les deux institutions de promotion du bilinguisme comptent proposer une stratégie à moyen terme au canton pour promouvoir l’enseignement du français et de l’allemand dans toutes les régions du canton et à tous les niveaux scolaires, pour ceux qui le souhaitent. «Une telle offre doit être présente partout et accessible quel que soit le lieu d’habitation», a affirmé Alexandre Schmidt, le président de Bernbilingue.

Un succès au gymnase

Après avoir rappelé que l’enseignement bilingue consiste à apprendre une langue par immersion – avec par exemple des cours d’histoire en allemand –, Daniel Elmiger est arrivé à la conclusion que la filière bilingue rencontrait «le plus de succès chez les élèves de gymnase». Sur l’année scolaire 2019/2020, un quart d’entre eux suivaient ce type d’enseignement, contre moins d’un pour cent des élèves du degré primaire. L’étude relève en outre que peu de filières bilingues sont proposées à l’école obligatoire dans le canton, mais qu’elles se développeront sûrement davantage ces prochaines années, en témoigne l’exemple de Bienne et sa FiBi. En revanche, au niveau des études supérieures, il n’existe aucun Master bilingue allemand-français à l’Université de Berne, pointe le rapport.

Même si, tous niveaux confondus, les filières bilingues privilégient majoritairement les langues nationales – 57% d’entre elles sont proposées en allemand-français –, l’anglais arrive en deuxième position. Cette langue d’immersion est particulièrement présente dans les degrés secondaires et tertiaires.

Les Bernois en retard

Soulignant le rôle de pont que joue le canton entre les deux principales régions linguistiques de Suisse, la directrice du Forum du bilinguisme, Virginie Borel, a insisté sur la nécessité de Berne de s’améliorer dans ce domaine. «Les compétences linguistiques des Bernois ne sont pas excellentes par rapport aux Valaisans et aux Fribourgeois, alors que le canton est historiquement bilingue», a-t-elle souligné. «Nous voulons tout faire pour que le bilinguisme ne soit plus considéré comme une difficulté, mais plutôt comme une chance.». D’autant plus dans un canton qui héberge la capitale politique de la Confédération, a-t-elle rappelé, mais aussi le siège de grandes entreprises fédérales où le plurilinguisme domine.

Le Forum du bilinguisme et l’association Bernbilingue souhaitent donc contacter les commissions du Grand conseil concernées par ce domaine et leur envoyer l’étude réalisée par le professeur Daniel Elmiger. «Il s’agit de proposer des pistes et des collaborations pour renforcer l’enseignement bilingue dans le canton», a détaillé Virginie Borel.

Les deux institutions souhaitent en outre s’appuyer sur l’exemple du canton de Neuchâtel, qui a mis en place en début d’année son programme Prima proposant l’enseignement de l’allemand en immersion, accessible à tous les élèves dès 4 ans. Une première, pour un canton monolingue. «L’exemple de Neuchâtel montre que l’enseignement bilingue par immersion fonctionne», a appuyé Virginie Borel. «La demande dans le canton de Berne est là et celui-ci doit répondre aux souhaits de la population», a conclu Alexandre Schmidt.

Mots clés: Bilinguisme, Ecoles, Berne

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