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Bienne

«Le déséquilibre demeure frappant»

Depuis une année, un groupe de travail initié par le CAF cherche à augmenter le nombre de places d’apprentissage pour les francophones. Le bilan intermédiaire est jugé encourageant

Pierrette Berger-Hirschi, Florent Cosandey, David Gaffino et Alberto Rodriguez (de gauche à droite) ont présenté hier les efforts déployés depuis une année pour augmenter le nombre de places d’apprentissage pour les francophones à Bienne. DNI

Didier Nieto

Trouver une place d’apprentissage à Bienne reste une tâche ardue pour les francophones. Sur les 1700 places offertes à la rentrée, seules 29% leur étaient destinées, alors que plus de 40% de la population de la ville parle français. «Même s’il y a une légère amélioration par rapport à l’année passée (25%), ce déséquilibre reste frappant», a commenté devant les médias Pierrette Berger-Hirschi, présidente du Conseil des affaires francophones du district bilingue de Bienne (CAF).

La situation demeure particulièrement préoccupante dans les secteurs de la santé et de la vente, où respectivement 6% et 17% des places d’apprentissage sont attribuées aux francophones. «Cela conduit des jeunes à quitter Bienne pour trouver un apprentissage ou alors à changer de voie, ce qui n’est pas acceptable», a relevé Florent Cosandey, de l’Office de l’enseignement secondaire du 2e degré et de la formation professionnelle (OSP).

Avec Coop et Migros

Infléchir ces statistiques est l’objectif prioritaire que s’est fixé le CAF en début de législature, il y a une année et demie. Pour ce faire, il a constitué en été 2014 un groupe de travail réunissant une dizaine de partenaires institutionnels. Présenté hier, le bilan intermédiaire a été jugé encourageant, bien que contrasté. «La proportion de places d’apprentissage a augmenté, mais cela est en partie dû à la baisse de l’offre pour les Alémaniques», a indiqué Pierrette Berger-Hirschi.

Après cet état des lieux, le groupe de travail a dévoilé deux projets qui viennent d’être lancés pour améliorer les chances des apprentis francophones. Le premier consiste en une collaboration avec Coop et Migros, deux entreprises au sein desquelles les apprentis francophones sont quasi absents à Bienne. «C’est notamment dû à une question d’organisation régionale, les filières biennoises étant rattachées à une zone alémanique», a précisé David Gaffino, secrétaire général du CAF.

A l’avenir, les deux géants oranges formeront également des jeunes de langue française. Ceux-ci effectueront leur formation pratique en allemand, mais pourront suivre leurs cours théoriques en français. «La proportion sera infime au début, a nuancé David Gaffino. Mais c’est une collaboration qui se met en place.»  

Coacher les élèves

Le deuxième projet est un soutien aux écoliers de 9, 10 et 11H. «A Bienne, les élèves francophones sont 10% à se retrouver sans solution à l’issue de leur scolarité, contre 6% dans le Jura bernois et 5% dans le reste du canton», a rappelé le secrétaire général.

Grâce à une subvention de 60 000 francs accordée par le biais de la Loi fédérale sur les langues, une trentaine d’élèves bénéficient d’un soutien personnalisé depuis la rentrée. Ce coaching comprend par exemple un encadrement pour la recherche d’une place d’apprentissage ou des cours d’allemand. «Le niveau est parfois jugé assez faible, ce qui constitue un obstacle supplémentaire pour trouver une place d’apprentissage à Bienne», a reconnu David Gaffino.

Les élèves sélectionnés présentent tous des difficultés scolaires. «Mais ils ont été choisis en fonction de leur motivation. Nous ne faisons pas du social, notre but est de rendre ces élèves plus intéressants aux yeux des entreprises», a indiqué Alberto Rodriguez, de la société Quidux MP. La firme biennoise, spécialisée dans le coaching professionnel, collabore au projet en tant que partenaire privé. Les objectifs du projet sont plutôt élevés. Le groupe de travail vise un taux de réussite supérieur à 80%.

«Beaucoup de travail»

Pour Pierrette Berger-Hirschi, les progrès réalisés depuis une année restent fragiles: «Il y a encore beaucoup de travail pour que l’apprentissage reste une voie attractive.» Dans les mois à venir, le groupe de travail cherchera à développer le soutien dans les écoles secondaires, à étendre ses collaborations dans le milieu de la grande distribution et à pérenniser la subvention fédérale. Il se penchera aussi sur la thématique de l’apprentissage dans le secteur de la santé.

La volonté n’est en aucun cas de «grappiller» des places à la communauté germanophone, a insisté la présidente du CAF. «Il y a aussi des secteurs où les Alémaniques sont sous-représentés. L’horlogerie par exemple compte environ 80% d’apprentis de langue française.»

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