Julie Gaudio
Dans la prolongation de sa 17e édition à Bienne, le Festival du film français d’Helvétie (FFFH) s’est promené dans la partie germanophone du canton de Berne. Du 21 octobre au 12 novembre, sept villes ont projeté, en avant-première, le film français «Aline», réalisé par Valérie Lemercier. Pari réussi pour le festival qui se targue de «franchir les barrières linguistiques»? «Du point de vue de la fréquentation, nous sommes tout à fait satisfaits, compte tenu du pass sanitaire», se réjouit Christian Kellenberger, le directeur du FFFH. «Accueillir 85 personnes en moyenne par séance en temps de Covid constitue un très beau score.»
Un bon résultat qui ne peut toutefois être comparé à aucun autre, puisque le FFFH itinérant n’a jamais connu une édition «normale» d’avant-Covid. Lancé l’an dernier, le projet avait dû être interrompu après huit séances (sur 14 prévues), en raison de la fermeture des cinémas. Cette année, le pass sanitaire est venu jouer les trouble-fêtes. «On soupçonne même certains spectateurs d’avoir réservé des places et de n’être volontairement pas venus», note Christian Kellenberger. «Un phénomène qui a surtout été flagrant durant le FFFH à Bienne, car les mêmes places étaient toujours réservées et laissées vides.»
Vanter le bilinguisme
Outre «ces petits cas isolés», le Covid a provoqué l’annulation de plusieurs séances organisées le matin pour les écoles. «Sur les sept villes, trois – Thoune, Berthoud (Burgdorf) et Lyss – ont annulé celles destinées aux scolaires», constate le directeur du FFFH. «Pour compenser ces pertes, et donner la possibilité à d’autres jeunes de voir les films, nous avons doublé les séances scolaires à Berne et à Langnau.»
Malgré cet incident, le FFFH a accueilli 900 jeunes Bernois âgés de 13 à 17 ans. Ils ont pu découvrir, durant 90 minutes, les meilleurs courts-métrages francophones issus du concours du Forum du bilinguisme, «Lorsque les langues se délient». Virginie Borel, la directrice dudit Forum, qui collabore avec le FFFH pour ce projet, a profité de ces occasions pour vanter les bienfaits des deux langues du canton. Le directeur du FFFH se félicite, quant à lui, de l’enthousiasme des adolescents: «Nous avons obtenu de bons retours de leur part et des enseignants. Il était merveilleux de les voir applaudir le cinéma.»
Edition 2022 sur les rails
Les soirs, dans les mêmes villes, les adultes – souvent les parents des enfants du matin –, ont pu découvrir la biographie librement inspirée de Céline Dion, imaginée par Valérie Lemercier. L’actrice et réalisatrice, qui interprète le personnage principal Aline Dieu, livre une comédie «dans laquelle tout le monde peut s’identifier», estime le directeur du FFFH. «Les films français sont rarement attendus en Suisse alémanique. Il était donc important de choisir un long-métrage de qualité avec un thème universel, plutôt qu’une réalisation moyenne avec un casting très connu.» D’autant que le film s’est révélé être en concurrence avec la sortie du dernier James Bond.
Pas de quoi ternir la poursuite du projet pilote toutefois, puisque Christian Kellenberger promet déjà, avec beaucoup d’assurance, que «le FFFH itinérant reviendra en 2022». Reste à savoir dans quelles villes. «Pour ce projet, nous nous appuyons sur les associations qui gèrent les salles de cinéma indépendantes et il se peut que certaines disparaissent l’an prochain», regrette le directeur du FFFH.
Dans une volonté de rendre le FFFH itinérant complètement bilingue, il se pourrait que certaines étapes germanophones soient remplacées par d’autres dans le Jura bernois. Ou que l’accent soit mis sur les scolaires, plutôt que sur les séances du soir. En attendant, l’équipe du FFFH réfléchit déjà à l’avenir, prête à tout pour fidéliser un public toujours plus large.
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