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Bienne

Le futur bâtiment Swatch fait l'unanimité

Une semaine après la présentation du futur bâtiment de Swatch, les experts et les critiques saluent unanimement le projet.

Le futur siège de Swatch SA

Fabian Maienfisch (traduction Marcel Gasser)


La famille Hayek n’est pas n’importe quelle famille, et le Swatch Group pas n’importe quelle entreprise. L’une et l’autre sont en effet emblématiques de toute l’industrie horlogère suisse. Le défunt Nicolas G. Hayek passe même pour le sauveur de la branche, et son entreprise n’est rien moins que le plus gros producteur de montres du monde. Il était donc logique que le Swatch Group ne se contente pas de construire n’importe quel nouveau bâtiment. Noblesse oblige! Du point de vue architectural, les nouvelles constructions et les extensions présentées la semaine passée pour les usines d’Omega et de Swatch promettent d’être d’autant plus spectaculaires qu’elles seront réalisées essentiellement en bois. Pour Andreas Rickenbacher, Conseiller d’Etat et directeur de l’Economie publique du canton de Berne, la cité horlogère disposera bientôt d’un «chef-d’œuvre architectural», qui rayonnera bien au-delà du canton.
 

Aspect novateur  du bâtiment
Le projet est en cours d’élaboration et les travaux ne commenceront au plus tôt qu’à la fin de l’année, mais la population biennoise se montre d’ores et déjà très enthousiaste. Experts et architectes vantent les mérites et l’aspect novateur à la fois des réalisations et de leur créateur, le Japonais Shigeru Ban. Pour Benedikt Loderer, promeneur citadin, architecte et critique architectural, le bâtiment du Swatch Group est spectaculaire et sur le point d’ouvrir une nouvelle ère dans la construction industrielle. «C’est une première dans l’industrie horlogère, qui sort enfin d’une longue période d’immaturité architecturale, dans laquelle elle se complaisait depuis longtemps», estime-t-il.

Jusqu’à présent, la branche horlogère construisait de manière fonctionnelle. Depuis peu, on a enfin compris que l’architecture est aussi une carte de visite. «Cette construction en bois annonce la technologie de pointe et le courage d’innover», poursuit-il. D’autre part, les deux marques restent fidèles à elles-mêmes: les cubes pour Omega, qui symbolisent la tradition, et le serpent pour Swatch, qui symbolise l’innovation. «Omega parle le langage du technocrate, Swatch celle du vendeur», illustre Benedikt Loderer.
Par ailleurs, le serpent, que certains appellent aussi le dragon, est au centre de la nouvelle installation. Son espace intérieur promet d’être époustouflant. «Avec sa forme organique, le dragon s’intègre parfaitement dans le paysage du parc», ajoute Yannick Roschi, du bureau d’architectes «A+P», qui n’hésite pas à parler d’une nouvelle ère architecturale. Lui aussi se réjouit de découvrir l’intérieur du dragon, car «avec sa structure statique, il sera le cadre d’un jeu d’ombres et de lumières absolument passionnant».
Hans Binder, professeur à la Haute école spécialisée bernoise, filière architecture, bois et génie civil, considère le projet de Swatch avec davantage de sobriété. Mais il le juge intéressant du point de vue urbanistique et novateur. Il voit dans cette construction en bois une démarche intelligente et réfléchie, qui conférera au bâtiment une forme inhabituelle. Plus que spectaculaire, il trouve le serpent plutôt «moderne et visionnaire». Il ajoute que l’architecte ne doit pas viser le spectaculaire, mais la qualité de l’espace et des matériaux. «Je connais Shigeru Ban, c’est un homme modeste et plutôt mesuré», précise-t-il.

Benedikt Loderer qualifie même ce Japonais de 54 ans «d’architecte cinq étoiles». Et Hans Binder, qui a pu visiter au Japon plusieurs de ses réalisations, confirme qu’il s’agit d’un architecte exceptionnel, qui parvient à mettre en œuvre de manière intelligente et novatrice les exigences posées par le maître d’œuvre.
 

Le bois, ce matériau  qui s’impose
Tous les experts saluent unanimement l’usage du bois comme principal matériau de construction. «C’est le matériau idéal pour toute construction réalisée dans l’esprit du développement durable», s’enthousiasme Hans Binder. C’est une matière première renouvelable, produite sur place et que les générations futures pourront facilement déconstruire sans produire de déchets.

Et Yannick Roschi d’ajouter: «Le bois se plie sans trop de peine à toutes sortes de formes organiques.» Hans Binder et Benedikt Loderer sont persuadés que cette nouvelle forme sera un enrichissement pour l’image de la ville. Yannick Roschi est un peu plus sceptique: «Par définition, les constructions révolutionnaires ne sont pas faciles à intégrer dans l’image d’une ville.» Nik Liechti du bureau d’architectes GLS à Bienne, espère que le maître d’œuvre organisera une exposition des cinq projets en compétition ou exposera au moins le projet vainqueur. A Swatch Group, on assure que ce sera fait.

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