Vous êtes ici

Abo

Swatch Group

Le géant horloger reste stoïque dans la tempête

En 2016, le numéro un mondial de l’horlogerie a vu son bénéfice net reculer de moitié, à 593 mios, et de 10,6% pour son chiffre d’affaires. Le groupe s’attend toutefois à un meilleur exercice en 2017.

Malgré le recul de son bénéfice et de son chiffre d’affaires l’an dernier, le Swatch Group se veut optimiste pour 2017. Keystone

Philippe Oudot

Al’instar de toute l’horlogerie suisse, le Swatch Group a lui aussi traversé une année difficile en 2016. Son chiffre d’affaires s’est en effet établi à 7,552 milliards de francs, en baisse de 10,6%. Le principal segment, celui des montres et bijoux, a généré un chiffre d’affaires de 7,305milliards (-10,7%).

Sur le plan opérationnel, le Swatch Group a vu son résultat se contracter de 44,5%, à 805mios. Exprimée en pour-cent du chiffre d’affaires, la marge est de 10,7%, alors qu’elle était encore de 17,2% en 2015. Quant au bénéfice net, il a plongé de 47%, passant de 1,119 milliard de francs à 593mios. Malgré la dégradation de sa rentabilité, le numéro un mondial de l’horlogerie n’entend pas réduire ses capacités de production.

Evolution contrastée
L’évolution du chiffre d’affaires a été très variable selon les marchés sur le continent européen, indique-t-il dans un communiqué. Frappées par des attentats terroristes, la France et la Belgique ont attiré beaucoup moins de touristes, ce qui a conduit à un fort recul des ventes. Net recul également en Allemagne, mais aussi en Suisse où le franc fort reste un obstacle majeur. Par contre, la situation est restée stable en Italie et en Espagne. Globalement, le Swatch Group relève un net recul des touristes chinois, notamment en raison des nouvelles conditions d’entrée avec le visa biométrique.

S’agissant du marché russe, le groupe basé à Bienne souligne qu’en raison des sanctions américaines et européennes contre la Russie, les visiteurs issus de cette région sont désormais rares. En revanche, la chute de la livre liée au Brexit a dopé les ventes en Grande-Bretagne. En monnaie locale, les ventes ont atteint une croissance à deux chiffres, mais avec une marge amoindrie en raison de la baisse de la livre et du franc fort.

En Asie, le marché coréen a été très performant, avec une croissance à deux chiffres. Difficile ces dernières années, «la situation à Hong Kong s’est normalisée ces derniers mois, à la fois dans l’activité de retail et de wholesale». Quant à la Chine, la demande a bondi de 20% au cours des derniers mois, et de façon encore plus importante dans son propre réseau de distribution. Bonne évolution également du côté du Japon, de l’Indonésie, ainsi que du Moyen-Orient. En revanche, le chiffre d’affaires accuse un léger recul en Amérique du Nord.

Propres boutiques
Le Swatch Group indique par ailleurs avoir poursuivi sa stratégie visant à développer son propre réseau de distribution, avec l’ouverture d’une centaine de nouveaux points de vente. L’an dernier, le chiffre d’affaires du groupe généré dans ses propres boutiques avoisine désormais les 30%.

La production de mouvements et composants a nettement reculé, notamment en raison de la panique de nombreuses entreprises horlogères qui ont réduit massivement leurs commandes. «Les marques du groupe n’ont pas pu compenser cette baisse», souligne le communiqué. Le segment des systèmes électroniques a lui aussi souffert l’an dernier. Le chiffre d’affaires a reculé de 11%, à 260mios de francs. Grâce à ses capacités d’innovation, le groupe a toutefois pu renforcer sa position de leader dans le domaine des circuits intégrés à faible consommation d’énergie, de nouveaux capteurs ou de nouvelles applications de type RFID bi-fréquence avec technologie NFCet UHF. Dans le marché des batteries écologiques à forte densité énergétique, Renata continue à dominer le marché.

600 personnes de moins
Au niveau des effectifs, le Swatch Group occupait, à fin 2016, quelque 35700 collaborateurs, soit environ 600 de moins que l’année précédente. Il précise que cette baisse s’est faite uniquement par le biais de fluctuations naturelles, donc sans licenciement.

Parmi les faits marquants mis en évidence, le groupe cite notamment la collection amagnétique Omega co-axial Globmaster, dotée du certificat Metas, l’introduction de la Swatch NFCBellamy, lancée en Chine comme moyen de paiement sans contact, avant d’être mise sur le marché en Suisse et au Brésil, ou encore l’engagement de Tissot pour le chronométrage du Tour de France.

Malgré la situation difficile, le Swatch Group a continué d’investir – pas moins de 563mios en 2016, notamment dans de nouveaux bâtiments de production pour Omega et Swatch, à Bienne, ainsi que dans des installations de production et d’assemblage à la pointe de la technologie. Au cours de l’année écoulée, plus de 180 demandes de brevets ont été déposées dans le domaine des produits électroniques connectés et mobiles, des montres et mouvements mécaniques, ainsi que de l’industrie4.0.

Du mieux en 2017
Dans son analyse, le Swatch Group observe que l’intérêt pour les montres suisses reste très élevé. Se basant sur l’évolution du chiffre d’affaires de ces derniers mois, il estime qu’«une croissance saine en monnaie locale peut être attendue pour l’année 2017». Malgré ces résultats mitigés, le conseil d’administration va proposer à la prochaine assemblée générale de ne réduire que de 10% le montant des dividendes, à savoir à 6fr.75 par action au porteur, et à 1fr.35 par action nominative.

Articles correspondant: Région »