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Jura bernois

Le Jorat au Brésil, par petites touches

Descendante des peintres Robert, Béatrice Reichen vit au Brésil depuis de nombreuses années. Si elle se plaît beaucoup là-bas, elle regrette de ne plus pouvoir se rendre librement en Suisse pour voir sa famille.

Malgré la distance qui sépare le Brésil et la Suisse, Béatrice Reichen n’oublie pas sa famille du Jura bernois. Latinphoto

Julie Gaudio

«Le Jura bernois est un peu comme ma deuxième résidence.» Avec toute sa famille maternelle dans la région, Béatrice Reichen ne cache pas son attachement. La petite-fille du peintre Paul-André Robert vit pourtant à des kilomètres de là, à 130 km de São Paulo au Brésil. Béatrice Reichen est née, il y a 62 ans, dans cette grande ville brésilienne, de même que son frère et sa sœur. Elle réside aujourd’hui à la campagne avec son mari brésilien. Et n’a pas l’intention de venir vivre en Suisse, bien qu’elle y ait déjà passé quelques années. «Je ne préfère pas le Brésil à la Suisse, mais je préfère la vie que j’ai en ce moment au Brésil, car il y a plus de libertés», confie-t-elle.

Béatrice Reichen se satisfaisait d’autant plus de sa vie brésilienne, qu’elle s’est toujours sentie libre de venir en Suisse au moins une fois par an pour voir ses proches. «Avec l’avion, je pouvais me retrouver dans le Jura bernois 24 heures après mon départ!», raconte-t-elle. Mais cela, c’était avant le confinement pour lutter contre la pandémie de coronavirus. «Quand j’ai appris que Swiss supprimait ses vols outre-Atlantique, cela m’a fait un choc!», avoue-t-elle. «La Suisse est pour moi le lieu où je pouvais aller en cas de danger, et savoir que je ne peux plus y aller est un fait très dur à supporter.»

Une enseignante privée d’élèves

Professeure de français langue étrangère à son compte, Béatrice Reichen a cessé toute activité en présentielle depuis le 11 mars. «J’ai pris cette décision avant même que l’Etat de São Paulo n’impose quoi que ce soit», raconte-t-elle. La Suissesse-Brésilienne loue un petit bureau dans la grande ville de São José dos Campos, à 30 km de chez elle. Elle avait l’habitude de s’y rendre deux jours par semaine, pour donner ses cours en petits groupes d’une à quatre personnes. Depuis le début du confinement, elle les fait en ligne.

Toutefois, Béatrice Reichen ne se sent pas «confinée». «Habitant une grande maison sur une grande propriété, on ne peut pas vraiment parler de confinement», témoigne-t-elle. «En revanche, nous sommes dans un isolement social radical, nous ne voyons plus personne et cela me manque beaucoup», se désole-t-elle. L’enseignante ne se rend dans la ville la plus proche de chez elle, Monteiro Lobato (à sixkilomètres), qu’une fois toutes les deux semaines, pour mettre une lettre à la poste et chercher les courses qu’elle a commandées par WhatsApp au supermarché.

La descendante des peintres Robert se console comme elle peut avec les contacts qu’elle a quotidiennement avec sa famille et ses amis suisses, par Skype, mails ou WhatsApp. «Ma mère, qui a 89 ans, est faible et parle peu, mais se porte bien», raconte Béatrice Reichen. «Je l’appelle régulièrement dans son home à Reconvilier, mais je crois qu’elle ne se rend pas vraiment compte de la situation. Heureusement, mon frère peut maintenant lui rendre visite.»

Béatrice Reichen ne cache pas non plus son effroi face à cette situation. «J’ai peur de tomber malade et de me retrouver dans un couloir d’hôpital, faute de lits disponibles», avoue-t-elle. A sa connaissance, les hôpitaux de São José dos Campos  ne sont pas encore débordés. «Le Brésil n’a cependant pas encore atteint son pic», estime-t-elle. «Le premier cas testé positif au Covid-19 à Monteiro Lobato est apparu il y a dix jours. Mais d’autres vont sûrement suivre», prédit-elle.

Absence de liberté

En attendant, Béatrice Reichen constate que la ville de Monteiro Lobato est pratiquement désertée et les rares personnes qui y circulent portent un masque. «Cela est obligatoire mais je ne sais pas quelles sont les mesures prises si une personne n’en porte pas», précise-t-elle. Le Brésil réalise également peu de tests, selon elle: «Seuls les médecins et soignants qui présentent des symptômes sont testés.»

Si la Suisse revient peu à peu à une «nouvelle normalité», selon les mots du Conseil fédéral, c’est loin d’être le cas au Brésil. Une situation qui attriste beaucoup Béatrice Reichen, privée de sa liberté d’aller où bon lui semble, quand elle le souhaite.

La Maison Robert rouvre ses portes
La maison et le jardin des peintres Robert au Jorat, près d’Orvin, sont à nouveau ouverts au public chaque premier dimanche du mois de 10h à 17h, et ce, dès le 7 juin.

Mots clés: Jorat, Robert, Brésil, Suisse

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