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PDC et PBD

Le mariage fait presque l’unanimité chez les politicien(ne)s de la région

Plusieurs fois mise sur la table au PDC, la question de la dernière lettre vient d’être posée à sa base. Tout comme, pour l’autre parti, une union, qui renforcerait le centre.

A l’échelle nationale mais également biennoise, comme ici sur une affiche réalisée pour les dernières élections dans la cité seelandaise, PDC et PBD «roulent» déjà ensemble. Bientôt sous les même couleurs? ldd

Par Dan Steiner

Moins 2,44% de voix lors des dernières élections fédérales, ce qui s’est traduit par une perte de quatre strapontins sur sept au National et un sur un aux Etats. Le Parti bourgeois-démocratique est pour ainsi dire en déliquescence. Pas plus tard que fin avril, c’est sa section argovienne qui jetait les armes. Toutefois, un canton d’irrésistibles résiste encore et toujours. Ou plutôt trois, mais de loin pas gaulois, tant le parti est représenté presque exclusivement par des Alémaniques: les Grisons, Glaris et Berne.

A l’inverse, Dieu sait si l’autre parti démocrate, chrétien, cette fois, est en position de faiblesse dans notre région. Car alors que le PBD bernois compte une conseillère d’Etat (Beatrice Simon) et 13 disciples au Grand Conseil, seul le Biennois Mohamed Hamdaoui défend l’orange dans la tanière de l’Ours, tout en sachant que c’était en roulant pour le rouge socialiste qu’il avait été plébiscité lors des dernières élections cantonales.

Voilà pour la toile de fond. Qui fait dire aux deux présidents de parti à l’échelle nationale, Gerhard Pfister (PDC/ZG) et Martin Landolt (PBD/GL), que leur formation respective pourrait bénéficier d’une union, ce qu’ils espèrent entériner avant la fin de l’année. «Oh! je ne pense pas que cela se fera si tôt», coupe Reto Gugger, qui n’a pas dit «de sitôt». «Si les deux partis s’entendent, je ne vois pas cela arriver avant l’an prochain voire fin2021. Il faut des discussions, des assemblées et le coronavirus est un petit grain de sable dans les rouages», image le président de la section biennoise du PBD (Bienne, Nidau et Gléresse).

D’ailleurs, avec les élections biennoises qui s’en viennent, le conseiller de ville ne verrait pas sa formation se lancer dans l’aventure pour devoir changer de nom, de logo, de couleur et de stratégie en septembre... «Mais je pense qu’un nouveau parti fait absolument du sens, car nous appartenons au même spectre politique.»

Convaincre dans certaines régions
Déjà lancée en 2014, cette idée de fusion centriste avait alors échoué. Entre-temps, le parti n’a toutefois cessé de perdre des plumes. Coprésident de la section jurassienne bernoise, Robin Parisi est nouveau en politique, mais ce poste s’accompagne du rôle de pont entre francophones et germanophones qu’il joue au sein des jeunes du PBD. «La présence d’un centre fort en Suisse est bien plus importante qu’une étiquette», juge l’étudiant en Master de Renan. «C’est d’ailleurs une très bonne opportunité pour lui et cela permettrait de créer un vrai parti national. Ce serait un mariage de raison.»

Membre du Grand Conseil de 2006 à 2010, Annelise Vaucher, observe cette évolution d’un œil. Celle qui fut notamment vice-président de la section cantonale du PBD, après son départ de l’UDC en 2008, où elle a occupé le même poste, attend d’abord de voir les conditions que PDC et PBD poseront avant l’union. «Je ne suis opposée à rien si l’on est nuancé et si c’est dans l’intérêt des gens et du pays», analyse celle qui a quitté le clan agrarien pour celui qu’on a appelé un moment «Groupe Bubenberg», du nom de l’opération de scission d’avec l’UDCbernoise. «Je ne sais même pas si je ferai partie de l’aventure. J’ai fait mon temps. Aux jeunes de dire ce qu’ils veulent.»

Pour l’ancienne députée-maire de Cormoret, les extrêmes ne font pas avancer le schmilblick. Ni les grandes théories. «On m’a tiré dans la politique en venant me chercher. Et j’ai toujours travaillé pour la société, pas pour moi-même ou un parti. Bon, le PDCet le PBD... J’émets tout de même quelques réserves...»

Pas encore 100% convaincue, Annelise Vaucher. Au contraire des différent(e)s politicien(ne)s PDC interrogé(e)s. Comme Sandra Lo Curto, actuelle présidente ad interim de la section biennoise, qui compte une trentaine de membres, passifs compris. «J’y étais déjà favorable à l’époque. Il est clair que cela pourrait être délicat dans certaines régions, mais pas ici.» Evidemment, les démocrates-chrétiens bernois ont tout à gagner à voir certains bourgeois-démocratiques venir grossir leurs rangs. «Le PBD est plus qu’en déclin et je n’ai aucun problème à ce qu’il s’agglutine au PDC», assure Mohamed Hamdaoui. «Avec, toutefois, une nuance: cela ne doit pas être un prétexte pour la droitisation du PDC!» prévient-il.

Le PBD a toutefois pleinement sa place au centre, juge celui qui est également membre du Conseil de ville biennois. D’autant plus si cela permet d’éviter le «réflexe clanique» qu’il observe auGrand Conseil, où il a siégé de 2014 à 2018 sous la bannière du PS. «Mon but est d’appartenir à un groupe où la liberté prévaut, sans que l’on soit taxé de partisan, ce qui est assez frustrant. Même si je reste viscéralement de gauche, je milite pour cette troisième voie et pour bosser ensemble, en dehors des dogmes!»

«C», la question
En parlant de dogmes, le conseiller municipal courtisan Jacques Frei sait ce que c’est que de jongler, lui qui collabore, en tant que président du PDC du Jura-Sud, avec la section prévôtoise, rattachée également au PDC Jura. Une autre histoire. «PBDet PDC forment déjà un groupe du centre. Nous sommes déjà sur la même longueur d’onde»,  note-t-il. Pour lui comme pour la majorité de ses préopinant(e)s, il faudra trouver un consensus pour parvenir à créer un parti rassembleur, «régulateur».

Ce qui passera peut-être – sûrement? – par un changement de nom, ce que le PDC étudie déjà depuis longtemps, indépendamment du mariage avec le PBD. «Cela fait au moins 20ans qu’on en parle», rappelle Mohamed Hamdaoui, ancien journaliste parlementaire au Palais fédéral, et toujours dans le métier. «Certains ont de bonnes idées, de gauche comme de droite, mais sont rebutés par le ‹C›. Pour moi, il doit signifier centrisme», martèle l’élu profondément «athée».

Reto Gugger n’en pense pas moins. «Pour moi qui ne suis pas du tout religieux, le ‹C› de chrétien me gêne. Mais le mot centre a une connotation assez négative dans les régions francophones, qui fait penser à l’UDC. Et nous ne sommes pas du même centre!»
Pour Sandra Lo Curto, la foi est également quelque chose de personnel. Et de conclure en citant Béatrice Wertli, ancienne secrétaire générale du PDC:«Le PBD est né du divorce avec l’UDC. En 2014, il n’était cependant pas prêt pour un nouvel amour. Mais il l’est désormais pour le mariage.»

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