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UDC Jura bernois

Le parti agrarien marque son territoire

Deux ans après le 24 novembre 2013, le parti a fait le point sur les défis à venir. Au menu: la motion Bühler, les votes communalistes et l’avenir de la psychiatrie dans le Jura bernois

L’UDC JB est venue en force hier à Berne pour faire le point sur les prochaines échéances: de g. à dr.: Manfred Bühler, Roland Benoit, Maël Schnegg, Pierre-Alain Schnegg et Lars Guggisberg. Ph. Oudot

Philippe Oudot

Alors que la foire aux oignons battait son plein dans les rues de Berne, l’UDC du Jura bernois en a profité pour tenir une conférence de presse dans la capitale. L’occasion, pour son secrétaire Manfred Bühler, de dresser un bilan personnel des cinq années et demie passées au Rathaus, avant d’entamer son nouveau mandat de conseiller national.

«Je vais quitter le Grand Conseil non pas avec le sentiment du devoir accompli, car ce temps a été trop court, mais avec le sentiment d’avoir pu contribuer de manière constructive au fonctionnement de notre démocratie», a-t-il relevé.

Après les élections calamiteuses de 2006 suivies de la crise de 2008 liée à la création du PBD, l’UDC a à nouveau le vent en poupe, a-t-il martelé. En 2010, il a été élu au Grand Conseil avec le 2e meilleur score de la région. Sous la présidence de Claude Röthlisberger, l’UDCJB est devenu le premier parti du Jura bernois, confortant encore son rang en 2014 avec le gain d’un 4e siège au Rathaus.

Une position encore renforcée lors des élections fédérales du 18 octobre avec, d’une part, son élection à la Chambre basse et d’autre part, le score du parti, soutenu par plus de 36% de l’électorat – l’UDC arrivant même en tête à Moutier.

Cohabitation malsaine

S’agissant de ses années passées au Rathaus, Manfred Bühler a qualifié cette période de «passionnante». Il a toutefois estimé que la cohabitation entre un gouvernement rose-vert et un parlement bourgeois était malsaine à long terme, «car elle cristallise les antagonismes au lieu de permettre des compromis». Cela conduit à une perte d’énergie considérable et à des va-et-vient inutiles. Aussi est-il temps d’avoir un gouvernement de la même couleur politique que le parlement.

Au cours de son mandat, il s’est notamment engagé sur le front de la Question jurassienne, d’abord avec la motion Blanchard, puis avec la sienne pour un vote communaliste en une seule date de scrutin. Un dossier qui va être repris par son successeur au Rathaus Roland Benoit. Hier, celui-ci a souligné que la position de l’UDCJBn’avait pas changé d’un iota. Il s’est dit choqué de voir le Conseil exécutif revenir «avec sa variante d’un vote en cascade moins de cinq mois après l’adoption de la motion Bühler».

Appui du Conseil fédéral

Lors de l’examen de la LAJB (loi sur l’organisation de votations relatives à l’appartenance cantonale de communes du Jura bernois) en janvier, il déposera un amendement demandant de supprimer la variante du gouvernement qui favoriserait un morcellement du territoire du Jura bernois.

Roland Benoit a cité plusieurs arguments en faveur d’une votation en un temps. D’abord, dans sa réponse à une interpellation de Jean-Pierre Graber, le Conseil fédéral a non seulement dit qu’un vote unique était possible, mais il en a même formulé un libellé envisageable.

S’agissant de l’autonomie communale, elle ne serait en rien bafouée, car «ce processus n’implique pas qu’une commune, mais l’ensemble des communes concernées ainsi que le Jura bernois et finalement le canton de Berne!» De plus, a poursuivi Roland Benoit, il faut éviter de donner à Moutier «un levier politique de propagande électorale de ralliement à la cause autonomiste et ainsi de pouvoir fausser les futurs scrutins».

Et si le vote en deux temps devait malgré tout être choisi, le délai entre les deux scrutins devrait impérativement être ramené à trois mois «pour éviter que des citoyens prévôtois ne déposent leurs papiers dans d’autres communes pour y influencer le résultat».

Au passage, il a fustigé les propos du vice-chancelier Michel Walthert pour qui la création d’enclaves ne constituerait pas un problème insurmontable. Quoi qu’il en soit, il s’est dit résolument optimiste quant au résultat du vote dans la cité prévôtoise: «Je suis convaincu que les arguments en faveur de son maintien dans le canton de Berne l’emporteront!»

Confiance et optimisme

Au nom des Jeunes UDC, Maël Schnegg a utilisé un ton très sarcastique pour évoquer le cirque prévôtois où «de nouveaux clowns fringants semblent être prêts à enfiler le gros nez rouge» et où «la ménagerie s’est échappée de sa cage (…). Mais que le dompteur ne s’y trompe pas, à trop s’attacher les services de lions mal dressés, il prend le risque de se faire bouffer!»

Plus sérieusement, il a estimé que «ce cirque anachronique» avait assez duré. Et de marteler qu’après le vote du 24 novembre, le Jura bernois se portait bien et que le séparatisme était mort.

Colistier de Pierre-Alain Schnegg pour l’élection complémentaire au Conseil exécutif, Lars Guggisberg s’est présenté comme un fervent défenseur du Jura bernois dans le giron cantonal, affirmant que la région francophone était un enrichissement pour tout le canton.

Il a estimé qu’après 10 ans d’une majorité rose-verte au Conseil exécutif, il était temps d’«en finir avec la cohabitation». Il a dit vouloir s’engager en particulier dans trois domaines:maîtriser les dépenses et réduire la charge fiscale, mettre fin à la centralisation, et améliorer les conditions cadres, surtout dans le domaine des transports.

À lire également notre article «Cinq communes, 17% de la population»

 

«La psychiatrie a tout pour devenir un pôle d’excellence!»

Autonomisation 

Président du conseil d’administration de l’Hôpital du Jura bernois, Pierre-Alain Schnegg s’est dit persuadé que l’autonomisation de la psychiatrie décidée par le Grand Conseil était assurément un défi, mais aussi une chance pour le Jura bernois.

Les délais pour mener à bien ce projet sont certes très courts, mais «rien n’empêchait ces institutions d’anticiper les changements, ce que certaines n’ont d’ailleurs pas manqué de faire», a-t-il lancé, laissant clairement entendre que les Services psychiatriques Jura bernois-Bienne-Seeland (SPJBB) avaient fait preuve de laisser-aller, voire de négligence.

Comparant la situation à celle des hôpitaux de soins aigus, il a affirmé que l’autonomisation avait permis de renforcer la position de l’Hôpital du Jura bernois, alors qu’auparavant, d’aucuns pensaient qu’il était condamné à disparaître.

«Aujourd’hui, notre établissement se porte bien. Cela démontre qu’on peut très bien renforcer le service public sans avoir toujours à quémander quoi que ce soit à qui que ce soit!» Pour le candidat UDC au Conseil exécutif, cette phase d’autonomisation ne sera bien sûr pas facile, mais «elle permettra à ces institutions de prendre leur destin en main et de mettre en œuvre des stratégies qui, à terme, renforceront leur attractivité et leur position dans leur secteur d’activité».  

Mesures douloureuses 

Cela dit, Pierre-Alain Schnegg a admis que des mesures de restructurations douloureuses seraient inévitables, mais seule une institution financièrement solide était à même de fournir des soins de qualité. Dans ce contexte, il a appelé à soutenir les équipes en charge de réaliser cette autonomisation de manière à ce qu’elles puissent travailler efficacement pour permettre à la région Jura bernois-Bienne-Seeland de continuer à bénéficier d’une psychiatrie de qualité et de proximité.

S’agissant des mesures annoncées pour les SPJBB, le député de Champoz a estimé que l’annonce de 60 suppressions d’emplois en deux phases était mal pensée – «on aurait voulu tuer l’institution qu’on ne s’y serait pas pris autrement!» – car cela pousse les gens à aller voir ailleurs.

Quand des mesures de restructurations sont nécessaires, mieux vaut les prendre en une fois, a-t-il constaté. En dépit de plusieurs départs annoncés, il s’est dit convaincu qu’il y avait assez de gens motivés pour faire des SPJBBune institution à même de repartir sur des bases solides.
 
Nouvel élan 

Si le projet a démarré de manière laborieuse, Pierre-Alain Schnegg a estimé que l’arrivée d’un homme de la trempe du médecin cantonal Jan von Overbeck comme directeur général par intérim était de bon augure et allait donner un nouvel élan au projet.

«C’est un homme compétent, au bénéfice d’une grosse expérience, qui saura mener à bien cette transformation, même si la partie n’est pas gagnée d’avance.» Il a appelé les représentants régionaux au Grand Conseil à veiller à ce que ces institutions soient bien capitalisées pour qu’elles puissent travailler sereinement quand elles auront été transformées en sociétés anonymes.

S’agissant plus spécifiquement des SPJBB, il s’est dit certain que «dans le Jura bernois, la psychiatrie a tout pour devenir un pôle d’excellence en raison de ses nombreux atouts».

À ses yeux en effet, la région se prête parfaitement bien au traitement de maladies comme le burn-out ou les troubles du sommeil. «Nous avons chez nous une qualité de vie, des espaces verts, un lieu où la vie est beaucoup moins trépidante que dans un centre ville! Notre région offre un environnement idéal.»

Et Pierre-Alain Schnegg de citer en exemple la Clinique Le Noirmont, devenue centre de référence national en réadaptation cardiovasculaire, qui a su se développer en misant sur ses atouts que sont la nature et la tranquillité du lieu. «Le Jura bernois a une carte à jouer dans le domaine de la psychiatrie!» pho

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