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Saint-Imier

Le rôle des bibliothèques dans l’intégration

Les responsables des institutions culturelles s’engagent pour créer des liens sociaux avec les migrants

Les «1001 histoires – Family Literacy», lectures en langues étrangères organisées par la bibliothèque de Bienne, illustrent le succès des activités favorisant l’intégration des migrants. LDD

Adrian Vulic

Les bibliothécaires du canton se sont réunis récemment à Saint-Imier à l’occasion de la Journée des bibliothèques. Cet événement posait la question du rôle de celles-ci dans l’intégration des migrants et des techniques qu’il leur fallait adapter pour attirer cette population.

Les bibliothèques ont, en effet, depuis quelques années, dû s’adapter à l’arrivée d’un public plus hétéroclite, aux besoins spécifiques, et dont le contact avec les institutions culturelles peut représenter un enjeu pour toute la société.

«Le rôle de la bibliothèque, c’est d’être un lieu d’accueil et de bâtir des ponts entre les cultures», affirme Julie Cutruzzulà, responsable de la bibliothèque interculturelle de Monthey.

Une offre adaptée
Pour attirer les migrants entre les murs de la bibliothèque, il faut adapter l’offre à leurs besoins. Et pour ce faire, il faut les connaître, étudier le tissu de la population migratoire de la région concernée.

Les langues qu’ils pratiquent, leur taux d’alphabétisation, leur situation personnelle, leur taux d’intégration ou encore leurs habitudes sont, par exemple, des données essentielles qui doivent être prises en compte. Le processus, long et éprouvant, de l’obtention du droit d’asile, et les traumatismes qui ont pu marquer les migrants au cours de leur parcours sont autant de facteurs que les bibliothécaires prennent en considération.

Ce n’est qu’avec toutes ces informations que les bibliothèques peuvent mettre au point une offre attrayante. Elles commanderont alors des livres en langue étrangère, mais également ceux qui permettent de s’initier à la lecture du français.

Elles ajouteront également à leurs collections les ouvrages traitant de la culture suisse, du processus de naturalisation, de la façon de trouver un emploi ou encore du permis de séjour. Ce sont ceux, en effet, qui concernent au plus près les migrants. «Il ne faut pas oublier que ce sont la procédure d’asile et la recherche d’un emploi qui les préoccupent le plus. Ils y pensent du matin au soir», rappelle Valérie Mongo-Joray, responsable de projet pour Multimondo.

Les activités que les bibliothèques réalisent doivent être pensées dans leurs moindres détails, si elles veulent leur faire porter leurs fruits.

«Il faut, avant tout, trouver le moyen de communiquer pour ensuite leur expliquer le concept et les règles des bibliothèques», explique Alice Ebbutt, bibliothécaire de la ville de Lausanne.

L’organisation implique de prendre en compte, par exemple, les moyens limités des migrants, l’incertitude de leur présence ou encore leur emploi du temps très chargé. Ils ne peuvent en conséquence s’offrir des titres de transports, ni faire garder leurs enfants le temps d’une activité.

Sortir des murs
La communication est une étape-clé dans le travail qui conduira les migrants à la bibliothèque. Et celle-ci n’est efficace que si elle se fait de façon directe.

«Il faut se déplacer, avec les livres, directement auprès de ces populations, se rendre visible pour initier le contact. C’est ensuite une relation qu’il faut créer avec le migrant, de sorte à ce qu’il puisse se sentir en confiance et revienne nous voir. Attirer les migrants dans les bibliothèques, c’est un investissement de la part des bibliothécaires, mais c’est primordial» précise Lucie Cuttat, cheffe de projet pour Multimondo.

Les bibliothécaires travaillent avec des intermédiaires, des immigrés installés depuis longtemps en Suisse, s’associent à des centres d’accueil ou des associations, pour se faire connaître des migrants.

Tout cela afin de permettre aux nouveaux arrivés de s’intégrer par la culture, les rencontres et le dialogue.

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