Vous êtes ici

Abo

Bienne

Le soleil avant la pluie

Le taux d’aide sociale pour 2020 est le plus bas depuis plusieurs années et les autorités s’en réjouissent. Néanmoins, elles s’attendent à une situation plus compliquée pour le futur.

La Ville de Bienne observe une baisse de 11% du nombre de bénéficiaires de l’aide sociale depuis 2016. Des chiffres qui réjouissent Beat Feurer, directeur de l’Action sociale et de la sécurité. Archives / ACV
Par Jérôme Burgener
 
«Je pense que nous pouvons attribuer cette baisse à l’augmentation de nos effectifs. Nous avions présenté un rapport au Conseil municipal quand la décision fut prise d’avoir plus de ressources. La plupart des objectifs qui y figuraient ont été atteints, notamment la baisse du taux, le coût par dossier et la durée de passage à l’aide sociale», se félicite Beat Feurer, directeur de l’Action sociale et de la sécurité de la Ville de Bienne, en commentant la comparaison des indicateurs de l’aide sociale des villes suisses pour l’année 2020, dévoilée hier. 
Dans le document, Bienne, comparée à 13 autres villes, présente un taux de 10,5%, soit 3493 bénéficiaires. La diminution depuis 2019 est de 0,2%.
 
Une évolution jugée «réjouissante, mais qui s’interprète moins clairement que les années précédentes» par la direction de l’Action sociale. Beat Feurer commente: «Le taux baisse encore une fois, depuis plusieurs années. Cela va à contresens de la tendance nationale. Nous pouvons être fiers d’avoir réussi un tel pari.» La diminution du taux est effectivement continuelle depuis 2016. A l’époque, 11,8% des Biennois avaient besoin d’une assistance étatique, taux le plus élevé sur les dix dernières années. En chiffres absolus, le nombre de personnes a diminué de 11%. 
Quand Beat Feurer a pris ses fonctions de directeur de l’Action sociale, il y a un peu plus de huit ans, il croyait déjà à une potentielle amélioration de la situation.«C’était le but!», martèle-t-il. Mais la réalité du terrain s’est rapidement manifestée: «Au début, je pensais que cela serait facile. Toutefois, contrairement à des propos que l’on m’attribue, je n’ai jamais dit que je réussirais à faire baisser les chiffres de moitié. Le travail à mener pour arriver à influencer la courbe, même de 1,3%, est énorme.»
 
Les chiffres présentés montrent une augmentation du nombre de bénéficiaires de l’aide sociale âgés de 18 à 25 ans, passant de 7,6% à 8,5% entre 2019 et 2020. Selon Beat Feurer, il ne faut pas y voir une tendance significative:«Ce développement n’est visible qu’en 2020, sinon il est plus favorable. Nous ne pouvons pas tirer de conclusions hâtives avec cette donnée, idem avec celles qui montrent une diminution du taux pour les tranches d’âges suivantes.
 
Le rapport met Bienne en comparaison avec trois autres villes: Lausanne (7,6%), Bâle (6,1%) et Berne (5,1%). Le taux ici est donc plus de deux fois plus important que celui de la voisine cantonale. Selon la direction de l’Action sociale, cela s’explique par plusieurs facteurs combinés. Par exemple, le taux d’aide sociale est généralement plus haut dans les villes situées le long de l’Arc jurassien que dans les autres régions, comme le montrent clairement les taux élevés à Bâle, Bienne et Lausanne. L’argument du logement, avancé depuis plusieurs années, est à nouveau convoqué.«Bienne est une ancienne ville industrielle qui compte toujours un nombre relativement élevé de logements bon marché», annonce le communiqué.
 
55% sans formation
L’employabilité joue également un grand rôle dans la situation puisque Bienne présente un taux élevé de personnes peu formées (27%). Ainsi, 55% des bénéficiaires de l’aide sociale n’ont pas de formation professionnelle «et rencontrent de grandes difficultés à intégrer ou réintégrer le marché régulier du travail».
 
Les réfugiés ou les personnes admises à titre provisoire forment également un facteur expliquant cet important taux d’aide sociale en ville. Le communiqué expliquant qu’ils représentent «4% de la population résidante, deux fois plus qu’à Berne». Plusieurs raisons sont invoquées: les logements bon marché, une nouvelle fois, le bilinguisme et la population issue de la diaspora vivant déjà ici. En 2020, la Ville de Bienne a versé l’aide sociale à 166 réfugiés qui étaient auparavant pris en charge par la Croix-Rouge, par le biais d’aides fédérales.
 
Le vent pourrait tourner
Bien qu’enthousiasmé par les résultats 2020, Beat Feurer table sur une augmentation du nombre de cas d’aide sociale pour 2022: «Malgré le Covid-19, nous ne constatons pas encore une hausse du nombre de bénéficiaires. Avec les mesures d’accompagnement fédérales, certaines personnes peuvent encore bénéficier du chômage. Néanmoins, une certaine partie arrive ou va arriver en fin de droits et passer à l’aide sociale.» Pour endiguer le phénomène, Beat Feurer mise sur le projet FocusTravail, présenté en début d’année, visant à intégrer plus facilement le marché du travail.

Articles correspondant: Région »