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Industrie

Le spectre européen plane

Le secteur secondaire régional suit une tendance haussière des plus réjouissantes. Mais il n’est pas encore tiré d’affaires et est dépendant de la diplomatie fédérale.

Pour les PME, non seulement régionales mais également suisses, le temps est compté pour l’accord sur les normes des machines-outils. Pixabay

Par Dan Steiner

L’air résonne toujours çà et là: «The Final Countdown», ou le compte à rebours final, tube emblématique des rockeurs suédois d’Europe. Or, 35 ans plus tard, ce n’est plus une si douce musique qui résonne aux oreilles des industriels régionaux membres du panel représentatif de la Chambre d’économie publique du Jura bernois (CEP) pour son baromètre trimestriel.

Tic-tac, tic-tac. Oui, 2023, c’est demain, et à entendre Patrick Linder, les PME helvétiques, et pas seulement celles de notre coin de pays, commencent à transpirer. «De grandes difficultés les attendent en cas de non-renouvellement de l’accord sur les normes des machines-outils, qui arrive à échéance cette année-là», grimace le directeur de la CEP. «Malgré la profondeur de ces menaces, la dégradation des relations entre la Suisse et l’Union européenne alimente une autre appréhension aux effets potentiellement funestes: l’abandon des principes de libre circulation des travailleurs.» D’autant que, et c’est un problème récurrent, la pénurie de spécialistes, de tous niveaux de formation, frappe déjà le secteur.

Réactivité et résilience

On a là les principales préoccupations des firmes régionales. Partant de ce constat, la question qui leur était posée était: avez-vous besoin de prestations de service et de conseils pour maintenir vos activités avec l’Europe? Réponse: elles peinent à décrire ce dont elles ont précisément besoin, mais certaines semblent se tourner vers des distributeurs bien établis dans l’UE qui n’est, faut-il le rappeler, rien de moins que le premier partenaire économique de l’industrie régionale. Or, cette solution ne peut être adaptée à tous les domaines.

Malgré ce contre-la-montre, dont la situation au moment du gong final incombe à la diplomatie helvétique, comprenez au Conseil fédéral, qui a récemment enterré l’accord-cadre avec Bruxelles et qui est invité – euphémisme – à assumer sa décision, l’industrie régionale a le vent dans le dos. La confiance est généralisée, malgré l’allongement des délais d’approvisionnement et la hausse des prix des matières premières et des composants.

Preuve en est que le volume d’affaires, pour la plupart des boîtes du coin, «effleure le niveau ante-Covid-19», résume Patrick Linder. «Vous savez, l’industrie régionale est rompue aux moments difficiles. Elle se montre ainsi réactive et résiliente, ce qui lui a permis de traverser la pandémie en adaptant rapidement son organisation et en recourant aux outils à disposition», se réjouit le directeur de la CEP.

Investissements à la hausse

Paramètre central pour les projections de cette dernière, l’investissement symbolise cette tendance haussière. Crucial, il détermine la capacité d’innovation des entreprises secondaires. Et donc de leur compétitivité à long terme. «Eh bien, une amélioration nette des intentions en la matière émerge dans l’ensemble de l’industrie régionale. Cela compense probablement une certaine retenue liée à la propagation mondiale du virus dès mars 2020.» Rien de tel pour la confiance, donc.

A moyen terme, le questionnement du panel de la CEP permet la projection d’un déploiement pour 2022. Inutile de préciser que cet optimisme peut vite être douché, du côté des entreprises exportatrices, selon les développements covidiens et diplomatiques helvético-européens. «Le Conseil fédéral doit assumer sa décision, se montrer conséquent et déployer les actions requises pour protéger le tissu industriel suisse des PME d’un choc externe qui pourrait le déstabiliser en profondeur.»

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