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Jura bernois

L’économie reprend des couleurs

Le nouveau baromètre industriel de la CEP montre que la reprise se confirme pour le 1er trimestre 2018. Les capacités d’investissement ne sont toutefois pas encore rétablies.

Les entreprises s’attendent à un premier trimestre 2018 en nette croissance (voir ci-dessus). On constate toutefois un certain décalage entre les plus petites et les plus grandes, surtout concernant les investissements. Inforgraphie: Enrica Scirè-LDD

Philippe Oudot

Perceptible depuis cet été, la reprise de l’économie du Jura bernois se confirme pour le premier trimestre 2018. C’est ce qui ressort du dernier baromètre industriel que la Chambre d’économie publique du Jura bernois (CEP)publie tous les trimestres depuis 2012. Il met à jour les grandes tendances du secteur secondaire et s’appuie sur les anticipations des entrepreneurs en matière de volume d’affaires, de résultats financiers, d’investissement et de perception de développement de l’entreprise.

Hier, le directeur de la CEPPatrick Linder a présenté aux médias les résultats de cette enquête réalisée auprès d’un panel de 22 entreprises représentatives du tissu industriel du Jura bernois. «Avec à peu près un emploi sur deux, le secteur secondaire pèse lourd dans notre région», a-t-il observé. Ces 22 entreprises se composent pour moitié de PMEde moins de 50 employés, et pour l’autre, de plus de 50. Si, depuis l’été dernier, les entrées de commandes étaient surtout marquées dans les grandes entreprises, c’est désormais aussi le cas chez les plus petites. Cela concerne tous les acteurs, y compris les sous-traitants ou les fabricants de machines. Tous s’attendent désormais à une poursuite de la croissance, même si on est loin du niveau atteint avant la crise de 2015.

Interdépendance
«Notre outil de compréhension des dynamiques industrielles met en lumière la transmission des effets de reprise à l’ensemble de l’industrie de l’Arc jurassien, dont l’économie est très interdépendante», a-t-il observé. Une économie qui reste très liée aux grands donneurs d’ordre de l’industrie horlogère. Mais si toutes les entreprises s’attendent à une croissance marquée de leurs entrées de commandes durant les trois premiers mois de 2018, elle se situe à un niveau moins élevé chez les plus petites.

Même constat au niveau des performances financières: la plupart d’entre elles tablent sur une nette amélioration de leurs résultats en raison de ce regain d’activité, mais également parce que la valeur du franc s’est enfin stabilisée et est beaucoup moins pénalisante pour les activités d’exportation, comme ce fut le cas après l’abandon du taux plancher, en janvier 2015.

Le directeur de la CEP a toutefois souligné que pour les petites sociétés, «il s’agit surtout d’un relâchement de la forte pression à laquelle elles étaient soumises. Elles espèrent pouvoir à nouveau dégager des marges pour pouvoir à nouveau investir, ce qui est déterminant.» C’était devenu impossible ces deux dernières années. Or, sans investissement, une entreprise ne peut développer son potentiel d’innovation et perd en compétitivité.

Net décalage
S’agissant des perspectives d’investissement, il y a un net décalage entre les grandes sociétés et les plus petites. Elles sont largement positives pour les premières, alors que pour les secondes – en particulier les sous-traitants et les fournisseurs spécialisés – c’est loin d’être le cas. «Cela prouve bien que la reprise n’est pas instantanée et qu’après une phase d’hypothermie, il faut un certain temps pour que la reprise soit effective. Les capacités d’investissement progressent, mais restent insuffisantes.» Et contrairement au discours lénifiant de la politique et de certains milieux de l’économie, cette situation reste inquiétante, a-t-il poursuivi. Car si les entreprises n’ont plus les capacités d’innover, elles risquent de réorienter en partie leur production à l’étranger, comme c’est déjà le cas pour certaines.

Quant aux perspectives de développement à l’horizon d’une année, les entreprises sont, elles aussi, positives. Un optimisme porté par la stabilisation du franc, les perspectives de développement de la zone euro, ainsi que par l’aplomb retrouvé de l’horlogerie.

 

Pénurie d’ingénieurs:
Urgence: Comme le relèvent les entreprises sondées, la reprise accentue le manque actuel d’ingénieurs. «La demande est constante et va encore s’accentuer, notamment avec la phase de mutation liée à l’industrie 4.0», a constaté Patrick Linder. Cette pénurie concerne aussi bien les secteurs traditionnels – ingénieurs en microtechnique, en électronique, en technologie de fabrication, en méthode, ingénieurs constructeurs – que ceux actifs dans le domaine de la digitalisation. «C’est notamment le cas des ingénieurs en informatique, et en particulier les spécialistes du domaine du logiciel où la demande est particulièrement forte», a constaté le directeur de la CEP.

Horizons plus larges: Il a toutefois souligné que les compétences en ingénierie n’étaient aujourd’hui plus suffisantes, et que ces cadres avaient besoin de compétences élargies, «linguistiques notamment, en anglais et en allemand. L’Allemagne est en effet notre premier partenaire économique». Aujourd’hui, l’ingénieur ne doit plus être uniquement un spécialiste d’un domaine, mais avoir d’autres aptitudes. En effet, l’interconnexion des équipements et des machines liée à l’internet des objets nécessite des connaissances élargies. «Les approches transversales, la capacité à intégrer différents apports et celle à favoriser les interactions s’imposent comme des postures incontournables pour les jeunes ingénieurs», avance Patrick Linder. Dans ce contexte, la CEPentend s’approcher des Hautes Ecoles spécialisées et leur faire part des besoins des entreprises et de la nécessité d’adapter les formations.

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