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Transports

Les CFF déraillent dans le Jura bernois, les usagers sont aux abois

Les lignes CFF du Jura bernois connaissent depuis l’été des perturbations répétées, causant retards et suppressions. Le JdJ a rassemblé vos témoignages

Les lignes de train traversant le Jura bernois sont victimes de perturbations répétées. (Théophile Bloudanis)

Théophile Bloudanis

Que vous soyez en gare de Bienne, de Saint-Imier ou de Tavannes, vous avez peut-être remarqué, depuis l’été dernier, des perturbations répétées sur les deux principales lignes de train sillonnant le Jura bernois. Prenant le taureau par les cornes, Le JdJ a lancé un appel à témoins (notre édition du 26 octobre). Vous avez été nombreux à nous envoyer des messages décrivant des problèmes relatifs à ces deux connexions ferroviaires. Il en résulte que de nombreux clients des CFF, dans notre région, font face de façon récurrente aux aléas des perturbations, dont nous présentons, ici, les grandes lignes.

Outre des dérangements devenus monnaie courante, nombreux sont les témoignages qui déplorent un manque d’investissements de la part des CFF, dans la région. Certaines personnes mettent directement en cause les rames Domino, qui comptent parmi les plus anciennes de la flotte de trains de l’ex-régie fédérale. Elles seraient souvent victimes de pannes et ne seraient pas adaptées à la région, plusieurs personnes faisant mention de retards causés par leur vitesse réduite entre Sonceboz et Bienne. Les usagers pointent également du doigt la réduction du nombre de rames aux heures de pointe l’été dernier.

Correspondances problématiques

Interpellés à ce sujet, les CFF ont répondu, qu’entre la fin du mois de juin et le début du mois de novembre, ils ont effectivement dû réduire temporairement leur offre. «Cela s’explique par les problèmes de qualité de la flotte Domino et par les retards dans les livraisons sur notre réseau», explique le porte-parole des CFF, Jean-Philippe Schmidt. «Certaines rames de trains n’ont ainsi pas été doublées. Cependant, les CFF se sont efforcés d’offrir, chaque fois que possible, des rames de trains à pleine capacité.»

D’autres témoins regrettent les accès limités aux personnes à mobilité réduite (PMR), dans une grande partie des gares de la vallée de Tavannes. Seule la celle de Pontenet est accessible, contribuant à limiter l’autonomie des PMR, déjà obligées de demander, deux heures en avance, une assistance du personnel des CFF.

A ce propos, la compagnie de chemins de fer indique que la mise en conformité totale des gares de Court, Malleray-Bévillard, Moutier, Reconvilier et Tavannes est planifiée d’ici la fin 2026. Ces lieux devraient bénéficier, dans l’intervalle, de mesures de remplacement.

Plusieurs témoignages s’agacent des changements de trains à Sonceboz-Sombeval, entre la ligne en direction de la Chaux-de-Fonds et celle de Malleray/Moutier. Ce changement ne serait pas assez clairement indiqué, tant sur les tableaux d’affichage en gare, que sur l’application en ligne. Certains trains se séparent aussi, en gare de Sonceboz, l’une des rames se dirigeant vers la Chaux-de-Fonds et l’autre, dans la vallée de Tavannes. Plusieurs usagers regrettent que les indications concernant cette séparation ne soient pas indiquées, certains passagers étant obligés de courir sans cesse sur le quai, pour trouver leur connexion.

Les CFF avouent qu’ils ont rencontré, toujours l’été dernier, des problèmes sur les outils d’informations aux voyageurs, concernant les transbordements à Sonceboz-Sombeval. «Ces canaux ont été améliorés par la suite, pour pouvoir diffuser les messages appropriés sur l’horaire online, l’application mobile et les trains Domino. Du personnel a été également déployé pour informer les clients des perturbations», ajoute le porte-parole.

Les témoins dénoncent, cependant, le manque de transparence de l’entreprise, surtout en ce qui concerne les raisons d’un retard ou d’une suppression. Plusieurs d’entre eux parlent ainsi de justifications «génériques», qui ne correspondraient pas forcément avec la réalité. Il s’agit, pour certaines personnes, de situations très frustrantes, d’autant plus qu’elles voyagent pour des raisons professionnelles et ne peuvent pas se permettre d’arriver en retard à leur travail tous les jours sans raison valable.

Commentaire

Entre honnêteté et confiance

Par Théophile Bloudanis

Quand j’arrive à la gare le matin, par réflexe dorénavant, je redoute ces petites lettres jaunes à côté du train de 7h32 à destination de Bienne, annonçant un retard ou une suppression. Presque à l’unisson, lorsque le cas se présente, nous poussons un soupir de mécontentement sur le quai. Le motif de la perturbation est d’ordinaire un «problème technique», sans détails supplémentaires.

Soyons honnêtes, même le plus brillant des réseaux ferroviaires (s’il existe) doit faire face, parfois, à des pannes ou des problèmes, qui entraînent des retards ou des suppressions. Cela peut arriver, cela fait partie du jeu. Force est de constater que les CFF, dans leur politique de protection «à tout prix» de leur image, se gardent d’en donner les causes ou, au minimum, s’abstiennent d’une explication qui tient la route. 

Dans ce manque de transparence, les usagers finissent par se dire que le message «générique» transmis n’est qu’un mensonge, rien de plus. Cette politique communication n’aide en tout cas pas à réduire la frustration d’un retard ou à rétablir la confiance entre pendulaires et chemins de fer. Pour éviter ces situations, certains se sont résolus à prendre le train une à deux heures plus tôt. Moi y compris.

 

 
 

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