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Moutier

Les élèves prennent la plume

Grâce à l’initiative de leur enseignant de français Valentin Winistoerfer, trois classes de l’école secondaire ont vu leurs poèmes être publiés dans un recueil intitulé "Jeunes Plumes".

Les élèves de la classe de 11MG3 de l’école secondaire de Moutier ont été initiés à l’art de la poésie. LDD

Par Marisol Hofmann

Le retour sur les bancs d’école après le confinement et sa longue période d’enseignement à distance, s’est parfois révélé difficile pour les enfants et adolescents. C’est du moins le constat qu’a pu faire Valentin Winistoerfer, enseignant prévôtois à l’Ecole secondaire de Moutier, lorsqu’il a retrouvé ses classes de 10MG1, 10MG2 et 11MG3, il y a deux mois. Certains élèves peinaient à trouver la motivation d’étudier dans le contexte particulier de crise sanitaire avec ses incertitudes quant à l’avenir, l’assouplissement du système d’évaluation et l’approche de la fin de l’année scolaire.

Le jeune enseignant de français et d’histoire, également écrivain et metteur en scène, a alors eu la brillante idée de partager avec ses élèves sa passion pour l’écriture. «Tout au long de l’année, ils ont manifesté leur intérêt quant à mes écrits en me posant des questions sur le processus de publication d’un livre, de la recherche d’inspiration etc.» raconte-t-il. Le fait d’avoir moins de contraintes au niveau du plan d’études lui a donné l’occasion de proposer à ses élèves un projet particulier.


De Rimbaud à Nekfeu
Valentin Winistoerfer a donc choisi de faire découvrir à ses élèves la poésie d’une manière plutôt originale. Les écoliers ont tout d’abord étudié les codes de la poésie, à savoir la mesure des vers, la construction des rimes, le rythme etc. en tirant des exemples de grands noms de la poésie française, comme Verlaine et Rimbaud, mais aussi… du rap français!


Ainsi, dans le dossier distribué par le jeune enseignant de 27ans à ses élèves, les poètes maudits côtoyaient des rappeurs tels que Nekfeu, Orelsan ou encore le groupe marseillais emblématique du hip-hop des années 90 et 2000 IAM. «Il existe des similarités entre la poésie et le rap au niveau de l’écriture, de la construction des rimes et du rythme», explique Valentin Winistoerfer, pour qui la musique urbaine représente une véritable source d’inspiration. «Cette expérience m’a permis de constater des connivences au niveau des goûts musicaux avec une bonne partie de mes élèves, ajoute-t-il. Nous avons certaines références en commun et je leur en ai fait découvrir de nouvelles traitant notamment de sujets actuels comme l’égalité des sexes».


Dans un deuxième temps, l’enseignant a entraîné ses élèves à écrire leurs propres strophes et à les lire en classe. Puis, il les a mis au défi de rédiger un poème sur lequel ils seraient évalués présentant plusieurs formes de rime et portant notamment sur la thématique de la pandémie du coronavirus. «Ils étaient relativement libres dans le processus de rédaction, mais avaient un délai à respecter. Ils avaient, par exemple, le droit de se balader à l’extérieur en quête d’inspiration, ou d’écouter de la musique s’ils le souhaitaient», précise Valentin Winistoerfer.


Poètes en herbe
L’exercice a bien fonctionné. La motivation était à son comble. Si bien que Valentin Winistoerfer a décidé de valoriser le travail de ses élèves en publiant leurs créations dans un recueil intitulé «Jeunes Plumes». Il en a fait imprimer 60exemplaires, dont une cinquantaine était destinée à ses élèves et 10 ont été vendus sur une courte période au prix de 10frs. la pièce à la librairie Point-Virgule. Les bénéfices des ventes étaient destinés aux jeux de fin d’année scolaire.


Il tenait à cœur à l’enseignant de laisser à sa toute première volée d’élèves, par ce biais, un souvenir positif de cette année troublée et de leur permettre de s’exprimer de manière originale sur leur vécu de la pandémie. «A mes yeux, l’écriture agit comme une forme de thérapie», conclut-il.

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