Vous êtes ici

Abo

Gymnase français

«Les mentalités doivent changer»

Le projet «Education et technique» s’achève fin 2015. Quel bilan en tire l’établissement?

Suite à l’introduction d’un cours de robotique, le gymnase a mis sur pied un concours entre différentes écoles. archives

Marjorie Spart

Les sciences expérimentales, les mathématiques ou encore l’informatique n’attirent plus les jeunes. Sur ce constat, le canton avait lancé en 2013 un projet intitulé «Education et technique». Il mettait à disposition de différents établissements une enveloppe financière pour mettre sur pied des cours, des conférences ou d’autres supports permettant de renforcer les matières techniques et le lien avec le monde économique. Ce projet s’achève à la fin de l’année. L’occasion de voir ce que le Gymnase français (GF) – seul établissement supérieur francophone a y avoir participé – a concrètement réalisé.

Cours de robotique

«Nous avons pris conscience, en 2011 déjà, qu’il convenait de renforcer les branches techniques et leur image», confie Aldo Dalla Piazza, recteur du GF. A ce moment-là, l’établissement scolaire a décidé de profiler davantage son option spécifique «physique et application des maths», en mettant sur pied un cours facultatif de robotique.

«A son lancement, il n’était pas très fréquenté», relève le recteur qui souligne que sans la manne cantonale, ce cours aurait été tué dans l’œuf, par manque d’attrait. Mais par la suite, «les étudiants ont trouvé ce cours ludique et il remporte actuellement un grand succès. A tel point que nous avons organisé plusieurs fois un concours de robotique, mettant aux prises des élèves de différents établissements.»

Ce cours facultatif ne recevra donc plus de soutien financier dès la rentrée prochaine. Son avenir est-il compromis? «Il faut voir s’il continue d’attirer du monde. Dans ce cas, nous devrons le financer avec le budget normal. Il entrera alors en concurrence avec d’autres cours à options. Il faudra faire des choix», soutient Aldo Dalla Piazza.

Appui en maths

Le deuxième axe d’action du Gymnase français a été de mettre sur pied un cours de soutien en maths (APM: appui en maths). «Nous avons remarqué que dans toutes les classes, il y avait un ou deux élèves qui rencontraient certaines difficultés qui pouvant être palliées grâce à un soutien», relève le recteur.

Ce sont donc les enseignants qui proposent aux élèves concernés de suivre les modules de soutien. «Il s’agit de leur redonner confiance pour poursuivre plus sereinement l’apprentissage d’un métier technique», poursuit-il. De la sorte, cette discipline, souvent jugée difficile est légitimée. «On veut vraiment faire changer les mentalités et montrer que tout le monde peut apprendre les maths.»

Contre les stéréotypes

Lutter contre les stéréotypes est aussi un angle d’attaque pour encourager les jeunes à poursuivre une formation scientifique. «Nous voulons changer le discours sur les mathématiques à l’école. On a banni l’expression ‹Je suis nul en maths› de notre école», souligne Aldo Dalla Piazza. Et de regretter: «En Suisse, on est par exemple encore en plein dans le stéréotype que la science n’est pas une matière pour les femmes.»

A ce propos, le Gymnase français a organisé une conférence, l’an passé, intitulée «Genres, métiers et stéréotypes» pour lutter contre ces préjugés. Destinée aux élèves, cette conférence sera vraisemblablement réitérée pour les professeurs cette année. Ce genre de petites actions ponctuelles participe à un changement de mentalité qu’espère opérer l’établissement. «Nous voulons vraiment que les filles qui aiment les sciences ne se trouvent pas anormales», assène le recteur.

Pour revaloriser les maths, ces mal aimées, le gymnase veut montrer que cette discipline est présente partout, même dans la culture. «Un professeur de sciences a récemment intégré le groupe d’enseignants qui s’occupe d’organiser des projets culturels», se réjouit Aldo Dalla Piazza qui mentionne que les disciplines scientifiques pouvaient aussi être abordées par le biais de la littérature ou encore du théâtre.

Pas d’impact quantifiable

A l’heure de tirer le bilan de ce projet, le recteur estime que celui-ci est difficilement mesurable. Par contre, «la prise de conscience des préjugés dans lesquels est prise la science est déjà une bonne chose», déclare-t-il.

Comme l’argent cantonal n’alimentera plus ce fonds dès la rentrée prochaine, c’est désormais à l’établissement scolaire d e mettre l’accent, ou non, sur ces efforts. «Si l’avenir du cours de robotique dépend du nombre d’intéressés, celui du cours de soutien en maths est garanti. Ces modules d’appui répondent à une réelle demande.

De plus, ils permettent aux étudiants d’atteindre la limite de connaissances requises pour réussir sa première année d’université», souligne Aldo Dalla Piazza en concluant qu’un effort supplémentaire doit être fourni avant le gymnase pour inciter les jeunes à se tourner vers les domaines scientifiques.

Articles correspondant: Région »