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Moutier

Les militants recommandent d’éviter la case du TF

Réunis hier à la Sociét’halle pour débattre à huis clos, 420 séparatistes ont décidé de la suite des opérations après l’invalidation du vote par le Tribunal administratif.

Invités par leurs leaders à se réunir pour trancher, les séparatistes prévôtois étaient 420 à avoir répondu à l’appel, hier. Les représentants des médias ont pu prendre quelques images, puis ont été priés de quitter les lieux.

Michael Bassin

 

 

Soirée très étrange, hier, à la Sociét’halle de Moutier. Présentées comme «un exercice démocratique historique», ces assises séparatistes se sont déroulées à l’abri des regards des journalistes. Les représentants des médias ont uniquement pu assister aux salutations d’usage. Ils ont ensuite été priés de quitter la salle le temps des exposés plaidant soit pour un recours au Tribunal fédéral soit pour lancer rapidement un nouveau vote. Idem pour la partie dévolue aux débats. Le résultat des délibérations leur a été communiqué une fois la soirée terminée.

 

Après 1h30 de discussions à huis clos et après un vote dans l’urne, les séparatistes prévôtois ont, sans grande surprise, recommandé aux recourants de ne pas saisir le Tribunal fédéral. Sur 420 bulletins rentrés, 399 (95,7%) étaient pour un vote rapide, 18 (4,3%) pour un recours au Tribunal fédéral (3 blancs). «La campagne commence!», a lancé Laurent Coste, directeur de campagne de Moutier ville jurassienne.

 

Ce que l’on a entendu de cette soirée? Très peu de choses dès lors, si ce n’est qu’il est revenu à Jean Moritz, ancien président de la Cour constitutionnelle du canton du Jura, de décortiquer, face aux militants, le verdict du Tribunal administratif. Mais on n’en connaîtra pas le contenu.

 

Laurent Coste, avait insisté, lui, pour encourager les militants à tirer tous à la même corde suite la décision qui serait prise. Il a aussi précisé qu’il s’agissait d’une recommandation aux recourants. «Mais ceux-ci en tiendront certainement compte», a-t-il ajouté. Quant au Conseil municipal, il a communiqué cette semaine qu’il userait de tout le temps imparti pour décider de recourir ou non au Tribunal fédéral.

 

En fin de soirée, Valentin Zuber, porte-parole de Moutier ville jurassienne, nous a indiqué les arguments qui, selon lui, ont pesé dans ce score stalinien en faveur du vote rapide. «Les militants ont envie de régler cela au plus vite. Aller au Tribunal fédéral nous ferait perdre six mois/une année au moins. Et puis les participants ont relevé que Moutier est à majorité jurassienne depuis des décennies, donc ils n’ont aucun doute quant à l’issue d’un nouveau vote.» En évitant le TF, les autonomistes ne veulent-ils pas éviter une nouvelle défaite? «Selon les juristes consultés, trois décisions du TA sont clairement à charge et pourraient être cassées par le TF. Mais il reste la question de la prolongation du vote par correspondance sans que la base légale le permette... Là, cela serait une loterie.»

 

L’OFJ dans le viseur

Signalons encore que le Rauraque a envoyé, hier, une missive à la direction de l’Office fédéral de la justice (OFJ). «Comment pouvez-vous expliquer qu’au soir du 18 juin 2017, l’OFJ se satisfait de la bonne tenue du scrutin alors que le TA parle de grave violation du droit?», demandent notamment les jeunes autonomistes.

 

En substance, le Rauraque dénonce la non-intervention, à l’époque, des observateurs fédéraux sur certains points aujourd’hui critiqués par le TA, et particulièrement sur l’ouverture prolongée du vote par correspondance. Ils en déduisent que l’exécutif prévôtois a été induit en erreur par la Confédération et le canton de Berne, et que ceux-ci portent une responsabilité dans l’annulation du vote. Voilà pourquoi ils demandent des explications à l’OFJ.

 

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