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Vote de Moutier

Les militants trancheront

Ce sont les sympathisants jurassiens de la Prévôté qui décideront, le 12 septembre, de la suite à donner aux recours annulés hier par le Tribunal administratif.

Photo Stéphane Gerber

Par Michael Bassin

Après la confirmation de l’annulation du vote communaliste par le Tribunal administratif cantonal (TA) en raison de graves irrégularités, les séparatistes se sont retrouvés dans les rues de Moutier, hier soir, pour exprimer leur «colère» et leur «indignation».
Estimant que leur volonté exprimée le 18 juin 2017 est bafouée, ils ont mis en scène l’inhumation de la démocratie. «Celle-ci a été victime d’une tentative d’assassinat par la préfète de Courtelary en novembre 2018 et a été tuée jeudi par les juges bernois», a lancé la conseillère de ville Chantal Mérillat. Vêtus de noir, les militants avaient auparavant traversé la cité, en silence, depuis la gare jusqu’à l’Hôtel-de-Ville au rythme d’un cortège funèbre. Moins nombreux qu’en novembre, ils étaient, à la louche, quelque 3000 à suivre le cercueil blanc porté par six jeunes.
Suivre la base
Les leaders autonomistes en ont profité pour dévoiler leurs intentions quant à la suite des opérations. Recourir devant le Tribunal fédéral (TF) ou bâcher afin de mettre rapidement en route un nouveau vote? Laurent Coste, directeur de campagne pour Moutier ville jurassienne il y a deux ans, a pris beaucoup de monde par surprise en annonçant la tenue d’assises générales le jeudi 12 septembre.
Ce jour-là, réunis à la Sociét’halle à 20h, les sympathisants jurassiens (qui ont le droit de vote à Moutier) auront la lourde tâche de trancher. «Nous leur expliquerons les tenants et les aboutissants des deux options, et ils voteront», nous a expliqué, en marge du cortège, le porte-parole de Moutier ville jurassienne Valentin Zuber. Sachant que 2067 personnes avaient voté oui le 18 juin, cela pourrait faire du monde…
Cette méthode fait penser à une assemblée tenue le 18 mai 1974, à la patinoire de Porrentruy, où plus de 500 délégués du Rassemblement jurassien s’étaient prononcés en vue du vote du 23 juin concernant la création du canton du Jura.
Si les responsables de Moutier ville jurassienne ont choisi cette voie, c’est parce qu’ils constatent que les deux options ont des avantages et des inconvénients. «C’est une décision importante, porteuse de risques et d’espoirs», a déclaré Laurent Coste à la tribune. «Ce n’est pas une manière de nous déresponsabiliser. Nous voulons écouter la base, savoir ce qu’elle pense. Car c’est avec elle que nous voulons mener la suite du processus», nous a confié Valentin Zuber.
N’y a-t-il pas un risque de créer des divisions si le résultat du vote est serré? «Certes, mais le processus aura alors été participatif. Cela serait pire si la décision était prise par quelques personnes uniquement», estime l’élu PSA. La soirée permettra aussi d’aborder la question du financement d’un recours au TF et de voir si les militants sont prêts à repartir en campagne rapidement.
Pas le temps de traîner
Et la Municipalité dans tout ça? A entendre les leaders séparatistes, la question d’un recours au TF est davantage une prérogative des citoyens. La commune pourrait apparemment s’adresser à cette instance que s’il y a une violation de l’autonomie communale. Interrogé en soirée, le maire, Marcel Winistoerfer, voit ces assises d’un bon œil. «Recours ou pas, nous en discuterons aussi prochainement au sein du Conseil municipal et nous irons certainement défendre notre point de vue lors de cette réunion», nous a-t-il dit.
Le 12 septembre, c’est demain. Ou presque. «En cas de recours, il faudra encore rédiger les mémoires», note Valentin Zuber, rappelant que le délai pour faire opposition au jugement du TA est de 30 jours.
Hier, les chefs de file séparatistes ont encore rappelé à la foule que Moutier élisait des autorités autonomistes depuis des décennies. «Voilà plus de 30ans que Moutier est jurassienne dans le cœur et dans les urnes, elle le sera aussi bientôt dans les faits. La démocratie ressuscitera!» a-t-on entendu. Rauracienne et fumigènes ont clos la soirée.

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