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Bienne

Les multiples visages du voile

La thématique du voile est au cœur de la nouvelle exposition proposée à l'Eglise du Pasquart.

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Julien Graf

Interdiction de la burqa et du niqab au Tessin, vive polémique enFrance ou encore starlette de la musique posant voilée devant une mosquée d’Abu Dhabi pour ensuite faire jaser la presse people: s’il est un sujet de controverse plutôt dans l’air du temps, c’est bien le port du voile.

Pourtant que connaît-on véritablement de ce bout de tissu si enclin à enflammer le débat? Quelles sont ses origines? Quelles sont ses significations? Qui pour juger ce qui est acceptable ou non?A défaut d’asséner des réponses cousues de fil blanc, l’exposition «Voile et dévoilement», à voir dès vendredi à l’Eglise du Pasquart à l’initiative de l’association Présences, offre de nombreuses clés de compréhension sur le sujet. Et permet de saisir que le voile, aujourd’hui perçu comme une spécificité musulmane, est en réalité un élément unificateur profondément enraciné au Proche-Orient, bien avant la naissance de l’islam au 7e siècle. «Que l’on porte le voile par habitude, identification, conformisme, appartenance, pour plaire à Dieu, chacune a ses raisons bien personnelles. Les préjugés concernant le port du voile sont nombreux, mais en général on ne sait que trop peu quelle est son histoire», avance Elisabeth Reichen-Amsler, initiatrice de l’exposition pour le compte de l’EREN, l’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel. «J’ai décidé de thématiser le voile d’un point de vue culturel et historique. C’est ensuite au visiteur de se positionner et de se faire une idée sur le sujet», poursuit-elle.

Usages multiples

Cette exposition itinérante – Neuchâtel et Genève l’ont déjà accueillie, Zurich, Lausanne, Bâle et Lucerne suivront – s’est en effet donnée pour mission de décrypter l’usage du voile au travers de son histoire. Entre les murs du Pasquart, le visiteur découvre une petite dizaine de tableaux explicatifs assortis d’écrans vidéos.
Grâce au premier chapitre de l’exposition intitulée «Le voile païen», le visiteur découvre que le foulard en question a d’abord une fonction purement utilitaire:dans le bassin méditerranéen, il est essentiellement utile pour se protéger contre le soleil, la poussière ou pour envelopper son enfant. «La plus ancienne loi écrite par un roi assyrien, vers 1120 av. JC, stipule  clairement que la femme mariée ne doit pas sortir sans mettre de voile. La chevelure féminine symbolisait le siège de la sexualité et de la fécondité», détaille Elisabeth Reichen-Amsler.

Origines chrétiennes

Si à ses origines le foulard n’avait donc pas grand-chose à voir avec une quelconque religion, la donne évolue avec la naissance du christianisme. Contrairement à bien des idées reçues, ce n’est ni l’islam, ni le judaïsme qui en ont fait un motif religieux mais bel et bien la religion chrétienne. Selon l’initiatrice de l’exposition, «Paul de Tarse exhorte les femmes de la communauté chrétienne à se voiler parce qu’elles seraient l’effigie de l’homme. Je trouve très intéressant que le voile à connotation religieuse a des origines chrétiennes, cela permet en quelque sorte de détendre l’atmosphère». A l’Eglise du Pasquart, l’exposition permet non seulement de découvrir les nombreuses significations et les implications historiques liées au foulard, mais elle l’aborde aussi au travers de ses atours plus futiles, comme l’objet en tant qu’accessoire de mode. Sa relation à la nature est aussi évoquée, ainsi qu’un chapitre consacré au... dévoilement.

Ludique, fouillée et documentée, l’exposition permet surtout au visiteur de prendre de la distance sur un sujet d’actualité. «Le voile peut avoir la fonction d’un pont entre les cultures occidentales et orientales. Grâce à lui, il devient possible de retrouver les racines communes des religions qui ont imprégné ces deux cultures et qui ont leur origine dans la même région du Moyen-Orient», conclut Elisabeth Reichen-Amsler. /

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