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Bienne

Les panneaux bientôt bilingues

La Confédération revient sur sa décision et accepte de changer les panneaux en allemand de la branche Est de l’A5 pour des versions bilingues.

Photo Matthias Käser

Marjorie Spart

Les 30 panneaux de signalisation, en allemand, installés le long de la branche Est de l’A5 seront remplacés par leurs pendants bilingues. Ceci avant la fin de l’année.

«Voilà la preuve que, lorsqu’on cherche, on arrive à trouver des solutions!» La directrice biennoise des Travaux publics, Barbara Schwickert, se voulait triomphante en évoquant la lettre reçue du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC), confirmant qu’une signalisation bilingue pourrait être mise en place sur ce tronçon d’autoroute. Ce courrier signé par la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, à la tête du DETEC, devrait mettre un terme à deux ans de lutte, jusqu’alors infructueuse, des autorités biennoises pour obtenir une signalisation dans les deux langues à cet endroit.

Une lutte de deux ans
Lors de l’ouverture de la branche Est, en automne 2017, le public avait découvert cette trentaine de panneaux uniquement en allemand. Il y a notamment «Biel-Mett», «Ausfahrt», «Bözingenfeld», pour ne citer que quelques exemples. Cet outrage au bilinguisme biennois avait rapidement atteint les sphères politiques, locales d’abord, puis cantonales et nationales.

Les autorités biennoises, le Conseil des affaires francophones (CAF) et le Forum du bilinguisme avaient rencontré Doris Leuthard, ancienne cheffe du DETEC, début 2018 pour lui faire part de leur courroux. Ils avaient exigé que l’affichage soit bilingue, conformément au statut biennois. La Confédération n’avait rien voulu entendre. L’Office fédéral des routes (OFROU) avançait que les désignations trop longues «captaient l’attention des automobilistes trop longtemps», ce qui constituait une entrave à la sécurité...

Soutenus par le canton, Bienne, le CAF, le Forum du bilinguisme et quelques personnalités politiques de la région avaient remis la compresse début 2019, en sollicitant une autre entrevue avec la nouvelle cheffe du DETEC, Simonetta Sommaruga. «Cela nous a aidés que Simonetta Sommaruga soit bernoise, mais surtout sensible à notre bilinguisme», souligne Barbara Schwickert pour expliquer ce revirement de situation.

Problématique bernoise?
Cela signifie-t-il que le bilinguisme ne serait qu’une préoccupation bernoise? «Lorsqu’il s’agit de passer aux actes, c’est vrai qu’il faut être proche de la thématique pour en comprendre les enjeux», admet Virginie Borel, directrice du Forum du bilinguisme, au micro de Canal3. «Sans cette sensibilité, on pourrait penser que le bilinguisme de ces panneaux n’est qu’un caprice de star.»

Dans sa lettre, la conseillère fédérale souligne que «les panneaux bilingues ont une portée symbolique et renforcent l’identité de la population locale». «Elle a compris que le bilinguisme fait partie de l’identité de la ville. Et que ces panneaux offriront aussi une reconnaissance aux 42% de Romands que comporte la ville, appuie Virginie Borel, en partageant son «énorme satisfaction face à cette décision».

Grâce à la collaboration
Pour les détails, la Confédération assure qu’elle reprendra la proposition d’affichage faite par la Ville (voir la photo). Par contre, il n’est fait aucune mention des coûts de l’opération et de l’instance à laquelle ils incombent. «Je pars du principe que ce n’est pas à la Ville de payer», affirme Barbara Schwickert. «Il semblerait que l’OFROU et le canton se partageront ces coûts.» Les autorités comptent rester en contact étroit avec la Confédération jusqu’à ce que ce projet aboutisse.

Concernant l’argument de la longueur des noms qui pourrait rendre la conduite dangereuse, les autorités sont catégoriques: il n’existe aucune loi qui indique clairement le nombre de caractère maximum que peut comporter un panneau de signalisation. La police cantonale n’avait d’ailleurs émis aucune objection à un affichage bilingue et plus long, lorsqu’elle avait été consultée en hiver dernier.

Barbara Schwickert ne cachait  pas sa joie en annonçant cette nouvelle: «C’est réjouissant de constater que nous sommes pris au sérieux.» Pour sa part, Virginie Borel place ce succès sur le compte de la collaboration entre les différentes instances: «Quand la région travaille de concert dans un but commun, ça paie. C’est aussi cet aspect qu’il faut retenir.»

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