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Bienne

Les poissons dans les filets du recensement

L’Inspection de la pêche du canton de Berne a procédé, la semaine passée, à un recensement des poissons dans le lac de Bienne. Cette démarche s’inscrit dans un projet suisse.

Photo Pascal Vonlanthen

Marjorie Spart

D’inhabituelles bouées rouges ont fleuri sur le lac de Bienne, la semaine dernière. Déposées ça et là, par groupe de six, elles marquaient l’emplacement de filets qui couraient sur toute la profondeur du lac.
Le bureau d’étude en écologie aquatique Aquabios, en collaboration avec divers spécialistes du domaine, a effectué un recensement de la faune piscicole du lac de Bienne. Il était mandaté par l’Inspection de la pêche du canton de Berne pour relever ces données. Une démarche qui s’inscrit dans le cadre du projet national «Projet lac», mené par l’Eawag, l’institut de recherche de l’eau du domaine des Ecoles polytechniques fédérales.

«L’Eawag a procédé à de tels recensements dans de nombreux lacs naturels Suisses. Dans le canton, il ne restait qu celui de Bienne. Il était important pour nous de récolter aussi ces informations», explique Daniel Bernet, de l’Inspection de la pêche du canton. Comme le projet de l’Eawag ne couvrait pas tous les lacs du pays, les cantons ont repris le flambeau.

Point de comparaison
L’objectif visé par ce recensement est de dresser l’inventaire de la faune piscicole du lac. Les résultats obtenus permettront de faire une comparaison entre les différents grands lacs de Suisse. «Grâce à la démarche standardisée utilisée (ndlr. la même méthode a été utilisée pour tous les lacs) pour récolter les données, nous pouvons comparer la diversité des espèces de poissons, leur densité ainsi que la biomasse dans le lac», poursuit Daniel Bernet. Ce recensement permettra aussi de mettre en lien la faune piscicole des lacs avec leurs caractéristiques géographiques et limnologiques (écologie des eaux).

Sur le terrain, une équipe de 14personnes a procédé à ces relevés sous la conduite de Pascal Vonlanthen. Pour cette pêche scientifique standardisée, des filets tissés de différentes mailles étaient plongés à des profondeurs bien précises.
Pour obtenir la meilleure représentativité possible, «nous avons combiné deux techniques distinctes pour récolter les données», souligne Pascal Vonlanthen. La première a consisté à poser environ 80 filets de fonds de manière aléatoire dans le lac. Ceux-ci étaient accompagnés de 20 filets verticaux, qui pêchent de la surface au fond de l’eau. Quant à la seconde, elle était beaucoup plus ciblée. «Nous avons cherché à répertorier les poissons dans leur habitat. C’est pourquoi nous avons procédé a des pêches électriques dans des habitats littoraux choisis», poursuit-il.

Rapport au printemps
Pascal Vonlanthen concède que ces deux méthodes ne permettent pas de répertorier toutes les espèces du lac. Notamment celles des poissons qui sont rares. Comment palier ce manque d’informations? «Nous prenons en compte les connaissances des gestionnaires et des pêcheurs du lac. Ceux-ci sont par exemple tenus d’envoyer au canton leurs statistiques des captures de pêche. Ces informations complètent bien les nôtres», commente-t-il.
Les relevés des biologistes ont été effectués durant toute la semaine dernière. «Nous avons environ 100pages de données qu’il s’agit maintenant d’analyser», sourit Pascal Vonlanthen. Le rapport est attendu pour le printemps prochain. Ce qui n’empêche pas le spécialiste de donner des premières tendances: «Nous avons constaté une grande diversité des espèces. Et nous avons trouvé des poissons jusqu’à 60 mètres de fond. Au milieu du lac, nous avons aussi constaté de nombreuses petites perches ce qui nous indique que la nourriture y est abondante.»

Ces résultats seront envoyés au canton ainsi qu’au Centre suisse de cartographie de la faune. Quant aux poissons sortis de l’eau et «sacrifiés» sur l’autel de la recherche scientifique, ils seront ajoutés à la collection du musée d’histoire naturelle de Berne.

C’est la première fois qu’un tel recensement est réalisé dans le lac de Bienne. Mais il devrait vraisemblablement être reconduit dans les 10 à 20 ans à venir, pour évaluer le développement et les changements dans cette faune aquatique. Pascal Vonlanthen et son équipe cherchent à mettre au point une procédure simplifiée que les pêcheurs ou les gestionnaires pourraient eux-mêmes appliquer.

 

Une aide pour revitaliser le lac de bienne
En plus de comparer l’état de la faune piscicole du lac de Bienne avec celle des autres lacs, l’Inspection de la pêche du canton de Berne espère trouver des pistes qui lui permettront de procéder à une revitalisation optimale des berges. «Grâce à cette pêche scientifique, nous pourrons comparer les populations des différentes espèces dans les endroits naturels et dans ceux stabilisés (ndlr. les rives du lac de Bienne ont été stabilisées au moyen de blocs de pierre et de murs). Ainsi, nous saurons de quelle manière nous devons nous y prendre pour offrir le meilleur habitat aux espèces lorsque nous procédons à des revitalisations. Il s’agit de voir par exemple quel fond (gravier, sédiment, etc.) est le plus accueillant pour telle ou telle espèce», indique Daniel Bernet. Comme les sites susceptibles d’être revitalisés ne sont pas légion dans le lac de Bienne, le canton essaie de faire au mieux pour remplir sa tâche de renaturalisation des cours d’eaux et des lacs, décidée il y a quelques années par la loi fédérale sur la protection des eaux.

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