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Reconvilier

Les soirées de louange soufflent 20 bougies

Les soirées de louange de Reconvilier attirent la foule. Qu’en est-il de ces rencontres? Explications avec Marguerite Ladner-Rüfenacht, cofondatrice de la manifestation.

Il y a foule à la Halle des fêtes de Reconvilier (LDD)

Mélanie Brenzikofer

«Au début des années nonante, mon mari et moi avons perdu notre fille dans un accident de moto. En tant que croyants nous n’avons pas voulu nous laisser aller. Il fallait quitter cette tristesse et nous avons décidé de faire ressortir quelque chose de positif de cette terrible épreuve.» Si tout le monde dans la région a déjà entendu parler des soirées de louange de Reconvilier, qui fêtent cette année leurs 20 ans, peu connaissent leur histoire. Qu’en est-il de ces rencontres? A qui s’adressent-elles? Que s’y passe-t-il? Explications avec Marguerite Ladner-Rüfenacht, cofondatrice de ces rencontres.
 

Perte tragique
C’est de là que tout est parti, de la perte tragique d’une jeune fille de 19 ans. Il y a plus de 20 ans, suite à cette épreuve, Marguerite Ladner-Rüfenacht et son mari Christoph Rüfenacht, aujourd’hui décédé, se sont lancés dans ce pari un peu fou de créer un événement intercommunautaire pour la région. Aujourd’hui, les soirées de louange de Reconvilier sont devenues une véritable institution et accueillent, un dimanche par mois, des centaines de personnes d’ici et d’ailleurs.

«Nous avions envie de faire quelque chose, mais nous ne savions pas exactement quoi. Nous tenions absolument à ce que ce soit intercommunautaire et non affilié à une église particulière. Nous avons réuni des amis de diverses paroisses et nous nous sommes retrouvés régulièrement chez nous pour en discuter. Au bout de deux ans, ce groupe de départ s’est mué en comité d’une dizaine de personnes. J’ai repensé à une soirée de louange, à Neuchâtel, où ma fille décédée m’avait emmenée et j’en ai parlé aux autres personnes engagées dans ce projet», explique Marguerite Ladner-Rüfenacht. L’idée a germé, puis s’est concrétisée un jour de septembre 1993. Le jour du Jeûne fédéral, plus précisément. La rencontre comprenait un temps de louange (chantée) et le message d’un orateur. Formule qui n’a jamais changé. «En tant que croyants, nous avons mis Dieu à l’épreuve: si plus de 500 personnes assistaient à la manifestation, cela voulait dire qu’il fallait continuer. Eh bien, plus de 600 personnes sont venues», relève la cofondatrice.

C’est en novembre de la même année que tout a «réellement» commencé. Les rencontres ont lieu à hauteur d’un soir par mois à la Halle des fêtes de Reconvilier. Le choix de la salle s’est volontairement porté sur un endroit neutre et non affilié à une église. Comme mentionné plus haut, les soirées débutent par un moment de louange puis, un invité (toujours différent) vient apporter un message ou un témoignage. L’événement est gratuit, mais une collecte libre a lieu à chaque fois, afin de couvrir les frais de location de la salle, mais aussi en faveur d’une association, toujours différente.
 

Soirées ouvertes à tous
Si ces rencontres ont été fondées par des personnes issues de milieux évangéliques, elles s’adressent à tous et ne se veulent d’aucun mouvement particulier. «Ici, on vient chanter et écouter un orateur. Il n’y a rien de charismatique: pas de débordements ou de manifestations. Il y a des églises particulières pour cela. Nous, nous suivons une ligne que je qualifierais de ‹passe-partout›. Le message central reste la parole de Dieu, et cela est tout à fait compatible avec le protestantisme et le catholicisme. Bien sûr, je dirais que le 80% des participants sont issus de communautés évangéliques, mais certains catholiques et réformés se joignent aussi aux soirées. Cela leur donne l’occasion de vivre un moment qui sort de l’ordinaire», explique Marguerite Ladner-Rüfenacht.

Et lorsqu’on demande à notre interlocutrice d’où vient cette méfiance que certains (croyants d’autres confessions ou athées) éprouvent à l’égard des soirées de louange, elle évoque les débordements observés dans quelques églises, mais aussi l’ignorance. «Ici, il n’y a rien de tendancieux ni de sectaire. Je pense qu’il ne faut pas s’arrêter à ce qu’on a entendu dire, mais faire l’effort de venir et de constater par soi-même. L’événement a 20 ans. S’il s’était passé quelque chose de pas correct, cela n’existerait plus.»

Alors, pourquoi venir? «Par curiosité. Si cela fonctionne depuis si longtemps, c’est peut-être que cela en vaut la peine. Et puis, je crois aussi que chaque personne a quelque part en elle un sentiment d’éternité. Si on est franc, nous savons tous qu’il y a quelque chose après la mort. Ces soirées seront peut-être l’une des réponses. Venir écouter un message peut parfois permettre de réfléchir un peu plus loin. Nous ne sommes pas éternels et il arrive parfois que certains nous quittent plus tôt qu’espéré. J’ai perdu ma fille lorsqu’elle avait 19 ans et mon mari lorsqu’il en avait 55. Malgré la souffrance, j’étais soulagée de savoir où ils allaient. Cela m’a permis de faire mon deuil plus facilement.»

Un CD pour les 20 ans
Enfin, rappelons que pour les 20 ans des soirées de louange, un CD produit par des personnalités régionales sortira prochainement. Marguerite Ladner-Rüfenacht a quitté la région pour les terres zurichoises. Vu la distance, elle a dû passer le témoin à d’autres mais garde toujours un œil attentif sur ce projet un peu fou qu’elle a créé avec d’autres amis. Elle l’avait dit il y a quelques années, citant un verset de la Bible: «Si cette entreprise ou cette œuvre vient des hommes, elle se détruira; mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez la détruire». Pari réussi.


Plus d’infos sur www.louange-reconvilier.ch

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