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Bienne

Les Zurichois rechignent à travailler à Bienne

Le centre opérationnel d’UBS à Bienne accueille essentiellement des employés de la région. Les Zurichois rechignent à déménager dans la cité seelandaise.

Photo Susanne Goldschmid (archives)

Manuela Schnyder, traduction Marcel Gasser

Le 26 août 2019, alors qu’il inaugurait en compagnie de représentants d’UBS et d’invités triés sur le volet le nouveau centre opérationnel d’UBS, Erich Fehr, maire de Bienne, avait relevé le caractère historique de cette journée pour l’économie biennoise. Avec, globalement, ses quelque 600places de travail, le projet d’implantation de la grande banque suisse promettait en effet de stimuler l’économie locale. Et c’est bel et bien ce qui est en train de se produire.

En délocalisant à Bienne une grande partie de ses domaines d’activité opérationnelle, UBS souhaitait également y transférer une bonne partie des employés actifs dans ces départements. Car c’est bien de cela qu’il s’agit: réduire les coûts en déplaçant les processus opérationnels dans des régions où le niveau salarial est plus bas et où les loyers sont moins élevés.

Seulement voilà: les employés zurichois qui œuvrent aujourd’hui dans les départements concernés ne bondissent pas de joie à l’idée de déménager à Bienne. «La moitié des 150 employés qui travaillent à Bienne provient en effet du bassin situé entre Berne, Soleure et la Suisse romande», relève Harald Egger, responsable du groupe Corporate Services à UBS.

Un plan social
On pensait bien que le personnel affecté aux tâches opérationnelles à Zurich, Bâle, Genève ou encore Lausanne, où ces travaux dits «de base arrière» sont effectués, ne déménagerait pas intégralement à Bienne. Néanmoins, on est assez surpris du nombre important d’employés qu’UBS a nouvellement engagés pour son centre opérationnel de Bienne.

La part d’employés de banque zurichois est «minime», confirme Harald Egger. La longueur du trajet pour se rendre au travail ainsi que le peu d’attractivité intrinsèque de la ville de Bienne semblent rebuter les employés de la banque, habitués à la vie en métropole.

Dès lors, que va-t-il se passer pour eux? Tous les employés se sont vu proposer un nouveau poste à Bienne. Ceux dont le trajet pour se rendre au travail excède 80 minutes et qui, pour cette raison, ont décliné l’offre de la banque bénéficient d’un plan social.

Concrètement: en fonction de leur âge et de leurs années de service, les collaborateurs concernés ont de huit à douze mois pour trouver un nouvel emploi, à l’interne ou à l’externe. UBS est donc appelée à se séparer d’une partie de ce personnel, sinon cette restructuration n’aurait pas valu la peine financièrement. «Nous allons petit à petit mettre en place notre Business Solutions Center à Bienne, au cours des prochaines années, afin que cette opération soit supportable pour l’ensemble de notre organisation», explique Harald Egger.

Réduire les coûts
Le centre opérationnel biennois est sur la bonne voie. Les choses vont même plus vite que prévu: depuis août, le personnel a passé de 70 à 150 employés, alors qu’on en visait une centaine jusqu’à fin 2019 et 200 jusqu’à la fin de cette année.

UBS trouve donc du personnel qualifié également dans le bassin biennois et ses environs. Il s’agit surtout de spécialistes dans le domaine des hypothèques, dans le traitement des données et des documents, ainsi que dans l’ouverture des comptes.

Harald Egger conteste le fait qu’il s’agisse là de tâches répétitives et ennuyeuses: dans l’opérationnel, les banques doivent en effet se montrer innovantes et utiliser de nouvelles technologies pour rendre leurs services efficaces, économiques et faciles à utiliser. Par exemple via des robots capables de consolider automatiquement les données. UBS envisage d’ailleurs la possibilité de travailler désormais avec des partenaires, notamment la Haute école spécialisée bernoise, et d’étendre ses domaines d’activité au sein du Centre opérationnel.

Mise en place progressive
UBS a mis en place trois nouveaux centres opérationnels (Business Solutions Centers) en Suisse: à Schaffhouse, à Manno, près de Lugano, et aujourd’hui à Bienne. Ces centres effectuent essentiellement des processus externalisés, entre autres, depuis Zurich, afin de profiter de salaires et de loyers plus bas et d’économiser ainsi sur les coûts. Celui de Bienne se trouve dans l’ancien bâtiment de Swisscom, à la rue d’Aarberg. Il s’étend sur trois étages et sur une surface de 7700 m², ce qui autorise une capacité de 600 places de travail. A l’heure actuelle, 150 employés y travaillent, sans compter une vingtaine de  pendulaires qui se déplacent à Bienne pour un ou deux jours.

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