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Tavannes

L'espoir année après année

L'entreprise Digger DTR, à Tavannes, lance sa campagne de récolte de dons.

Une opération au Mali.

Yves-André Donzé

L’entreprise de déminage humanitaire Digger DTR, à Tavannes, n’est jamais à l’abri des coups d’Etat, d’actions terroristes et autres putschs dans les pays où elle mène son action. Mais les bonnes volontés existent. Au Mali, par exemple, dès que les Français ont débarqué pour repousser les rebelles et restabiliser la région, le gouvernement a immédiatement réagi pour reprendre les opérations de déminage, à la grande surprise de Frédéric Guerne, directeur de Digger.

Ce dernier évoque le dossier malien dans le dernier «News», journal de la fondation Digger, qui entame sa nouvelle campagne de dons privés. Il y en a quatre par année. Elles couvrent 40% de la charge salariale de l’entreprise, 300000 à 400000 francs par année. Le directeur  souligne que, ne vendant pas assez de machines, il ne pourrait pas faire ce qu’il fait sans l’aide des 2000 particuliers et de leurs dons à la fondation. Même s’il s’agit d’une fondation sans but lucratif, le patron tient à garder le cap de l’efficacité de l’entreprise et celui de son but humanitaire.

Trois guerres ont paralysé des projets de déminage

Digger a fabriqué récemment six machines dernier modèle, au Mozambique, au Sénégal, en Bosnie et au Tchad. Deux ont été expédiées au Mali en juin et en octobre de cette année. «Ce n’est jamais gagné lorsqu’on met en place un projet de déminage. On court comme des fous pour trouver des bailleurs de fonds, et puis patatras! En 15 ans, trois guerres ont éclaté en plein pendant une mise en place. En même temps en Géorgie et en Mauritanie, et la dernière fois au Mali, où nous étions déjà en discussion avec le gouvernement quand le putsch a éclaté en 2012. Finalement, nous avons placé deux de nos machines Digger D-3. », explique le patron. Il précise que la vente des deux D-3 a permis de solder les salaires en retard de l’an dernier.

«L’intervention de la France semble avoir été bénéfique et nécessaire dans la mesure où les gens commençaient d’avoir peur dans la région la plus peuplée du Mali, aux alentours de Bamako, la capitale. Bon, il y a des intérêts aussi. L’idéal serait que l’armée malienne arrive à assurer la sécurité elle-même à terme», poursuit Frédéric Guerne. Il explique que toutes les frontières sont minées et que le déminage devrait pouvoir progresser vers le nord sous peu. Pour l’instant, la période de formation vient de se terminer et Digger travaille dans le sud.

Deux ans pour un dossier

Frédéric Guerne explique aussi que la procédure pour le gouvernement est d’accorder le mandat d’achat du matériel de déminage à une entreprise privée agréée. C’est en l’occurrence la société Geo Security, gérée par Mahamadou N’Baye, à Bamako, qui avait pris connaissance des Digger D-2 à l’époque, à la suite des interventions au Soudan et au Bénin. Mais c’est l’armée, avec son bataillon de génie, commandé par le colonel-major Nana Tiemoko Traore, qui s’occupera des travaux. «En fait, notre technicien-formateur Frédéric Zakarivony s’est rendu sur place et vient de terminer la formation des démineurs. Il a été récompensé pour sa maîtrise», se réjouit Frédéric Guerne.

Le directeur note encore que la mise en place d’un dossier prend deux ans de travail et coûte 15000 fr. chacun. Il faut élaborer une structure opérationnelle comprenant l’utilisation des machines, la gestion des équipes de démineurs et la mise au point de documents SOP (Standard operation procedure), qui détaillent chaque étape du processus. C’est sur ce document que se base le gouvernement pour accepter l’opération du point de vue de la responsabilité. «A la base, c’est un pays qui appelle à l’aide. Le problème, c’est qu’en général, les pays n’ont pas suffisamment d’argent pour passer commande», reconnaît le patron. Qui ne manque pas de souligner que l’espoir ne cesse de gagner du terrain sur l’horreur. Et de citer l’exemple de cette école encerclée de mines, où les enfants sont en grand danger.

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