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Pas d’alarmisme

L’Industrie 4.0, ce mal qui répand la terreur chez d’aucuns

Le gouvernement, lui, estime que cette évolution présente aussi de nouvelles opportunités de travail.

L’industrie 4.0? C’est tout simple... Photo:LDD

par Pierre-Alain Brenzikofer

Ils voulaient un rapport, ces députés alémaniques issus des Verts, des Evangéliques et du PS. Un rapport censé définir avec acuité quelles transformations l’Industrie 4.0 apportera dans le monde du travail, quelles conséquences cela entraînera pour l’emploi, le revenu et la couverture du minimum vital de la population .

Le gouvernement était encore sommé de révéler «comment il entend assurer l’existence économique de la population concernée, dont les revenus et les moyens de subsistance ne pourront plus être assurés».

Malgré cette bonne dose d’alarmisme, le Conseil exécutif proposera de repousser ce postulat. Parce que l’Industrie 4.0 pourrait aussi contribuer à la création de nouvelles places de travail, et parce qu’il n’est pas possible de tirer actuellement des plans sur une comète encore bien dissimulée par moult nuages.

Les auteurs du postulat, pourtant, faisaient preuve d’un alarmisme appuyé en évoquant l’essor du numérique et l’utilisation des nouvelles technologies, soit ce que les politiciens nomment depuis belle lurette l’Industrie 4.0 dans leurs discours de campagne ou de 1er Août.

Pour les «postulants», des métiers comme chauffeurs de poids lourds – ont-ils déjà emprunté l’autoroute? –, couturier, caissier, chargé de clientèle en assurance, cuisinier dans la restauration rapide ou mineur disparaissent. Même les programmateurs informatiques sont menacés par les robots, constataient-ils avec effroi. «Comme quoi, nous ne savons pas exactement qui seront les gagnants et les perdants des éventuelles transformations qu’amènera l’Industrie 4.0», constataient-ils enfin.

Comme déjà esquissé plus haut, l’exécutif ne broie aucunement pas du noir pour sa part. A l’entendre, le marché du travail connaît des mutations constantes. Différents facteurs d’influence tels que la mondialisation, les évolutions de la société ou le progrès technique génèrent un changement structurel permanent. «Ces bouleversements font disparaître des emplois dans certaines branches et certains métiers, mais créent également de nouveaux modèles d’affaire et de nouveaux profils professionnels, juge Berne. Des conditions générales flexibles et favorables à l’économie ont permis à la Suisse et au canton de profiter de ce changement structurel au cours des dernières décennies: l’emploi total a nettement augmenté, tandis que le chômage et le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale sont restés à un niveau relativement bas.

Le gouvernement admet certes que l’Industrie 4.0 va provoquer des changements: «Le Conseil fédéral arrive à la conclusion que dans les prochaines décennies, environ 11% des emplois pourraient disparaître à cause de la numérisation. Cependant, au vu des expériences faites jusqu’ici, il part du principe que la numérisation créera de nouvelles opportunités de travail et favorisera ainsi une augmentation globale de l’emploi. Il n’est cependant pas encore possible d’en prévoir ni l’ampleur ni les branches et métiers concernés.»

Le Conseil fédéral s’est aussi exprimé à propos de l’impact de la numérisation sur le système de sécurité sociale. Eh bien, les données disponibles montrent que le virage numérique n’a eu aucun effet négatif sur les assurances sociales. Au contraire, les succès enregistrés dans la gestion du changement structurel sur le marché du travail ont, dans l’ensemble, entraîné une augmentation des cotisations, soutenant ainsi le financement du régime de sécurité sociale. Pour le Conseil exécutif, cette conclusion est valable au niveau cantonal. Il est d’avis qu’une analyse cantonale et l’élaboration d’un rapport ne permettraient pas d’obtenir de résultats supplémentaires fondamentaux. Il rejette donc le postulat.

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