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Mémoires d’ici

Lorsque le passé dévoile ses trésors

En 2016, la fondation a récolté 9253 documents iconographiques et créé 24 nouveaux fonds d’archives.

Quelles différences constatez-vous entre le village de Cortébert en 1897 et celui d’aujourd’hui ? Mobsi008 Mémoires d’Ici, Assurance La Mobilière, Saint-Imier

Chloé Liechti

Située dans le bâtiment historique des Rameaux, au centre de la localité de Saint-Imier, la fondation privée Mémoires d’Ici regorge de trésors permettant de reconstituer des bouts d’histoire privée et aussi des morceaux de la grande Histoire.

Créée en 2000, Mémoires d’Ici conserve des archives associatives et privées. Son existence est principalement garantie par les subventions cantonales et communales en provenance de Saint-Imier et de Moutier, mais aussi par les dons.

Une fois la lourde porte poussée, le visiteur pénètre dans la bibliothèque. Un espace entièrement dédié au Jura bernois, qu’il s’agisse des auteurs des livres ou de leur contenu traitant aussi bien de l’industrie, de la société que de la faune et la flore. L’année passée, quelque 740 ouvrages sont venus compléter les 1137 existants sur les rayonnages.

La plupart proviennent de dons, mais les nouvelles acquisitions, elles, ont souvent été achetées. Etudiants, chercheurs ou simples curieux souhaitant retracer leur arbre généalogique, ils sont nombreux à s’asseoir aux tables de travail et à consulter des livres ou des dossiers documentaires formés d’articles de la presse régionale et de documents d’autres horizons. «Il s’agit d’un très bel outil de travail», déclare la directrice, Sylviane Messerli. «Le premier réflexe des politiciens et des journalistes devrait être de consulter ces sources», ajoute-t-elle en souriant.

(Les femmes gymnastes à Tavannes, le 2 juillet 1922. Simogi417 Mémoires d’ici, Fonds Simone Strohmeier-Broggi)

La caverne d’Ali Baba
Mais les dossiers les plus précieux sont entreposés au sous-sol, dans des pièces à humidité et température constantes. «Lorsque nous recevons un texte, nous devons nous demander si nous le gardons et pourquoi», explique Sylviane Messerli.

Le premier travail consiste donc à trier les documents et à garder ceux susceptibles d’avoir une portée historique. Ensuite, vient le travail de conditionnement. «Si des écrits comportent des parties en métal par exemple, nous les enlevons pour éviter qu’elles ne rouillent et nous plaçons ces derniers dans des cartons non acides, permettant une conservation optimale».

Après avoir enfilé des petits gants bleus, Sylviane Messerli s’extasie sur de vieux clichés en noir et blanc. Celui qu’elle tient entre ses mains représente l’hôtel de la Couronne, à Tavannes, en 1882. «En regardant cette image, nous pouvons raconter une histoire», dit-elle en relevant l’architecture du bâtiment, la présence de volets sur la façade et l’absence de goudron sur la route, mais aussi les habillements et les moyens de locomotion de l’époque.

«Nous ne touchons jamais les photos à main nue, explique-t-elle. Avant de recevoir les documents iconographiques, nous nous rendons chez les particuliers qui nous fournissent ces supports et nous tentons de récolter le plus d’informations possibles sur leur contenu». Et ce, dans le but d’éviter de se retrouver face à une photographie non identifiable et de ne pouvoir la garder.

La technologie en marche
Grâce à la numérisation, 15 000 illustrations que renferment les archives de Mémoires d’Ici peuvent être consultées en ligne. «La numérisation est un travail précieux, il faut avoir les bons gestes en manipulant les pièces », précise Sylviane Messerli. Elle ajoute que de nombreux bénévoles s’attellent à cette tâche.

Les textes sont aussi numérisés, mais de manière moins systématique que les photographies. Cela changera très certainement avec l’arrivée d’un nouveau logiciel.

Sur les traces de Napoléon
L’objectif de la fondation est de mettre en valeur les dossiers qu’elle reçoit. En 2016, celle-ci a organisé des présentations de documents aux habitants, des manifestations fort appréciées par la population. La raison de ce succès? «Quand on contemple un vieil écrit, on est saisi par une vive émotion », explique Sylviane Messerli.

L’année passée, plusieurs témoignages du passé sont venus enrichir des fonds déjà existants ou au contraire en constituer de nouveaux. C’est le cas du fonds Mont-Soleil Open Air Festival ou Maurice Girod-Germiquet. Entre une partition de clarinette datée de 1783 et des lettres écrites par Charles Henry Germiquet à sa famille en 1813 en mentionnant son entrée dans un régiment napoléonien, les yeux des amateurs d’histoire ne savent plus où donner de la tête.

Le clou du spectacle pour les cartographes: des plans de l’Assurance mobilière de Saint-Imier représentant différents villages du Jura bernois en 1897.  Les effluves du passé qui évoluent entre les murs de Mémoires d’Ici n’ont pas fini de surprendre le visiteur et de le faire voyager à travers les couloirs du temps.

 

Mémoires d’hier et d’aujourd’hui:

Popularité Après 16 ans d’activités et une nouvelle présidente – Laurence Marti a succédé à Christine Gagnebin –, la fondation privée Mémoires d’Ici comptabilise 226 fonds et collections d’archives. Manuscrits, parchemins, photographies et albums peuvent être consultés par tout un chacun. En ce qui concerne les dossiers documentaires, 1028 ont été recensés, soit 17617 textes indexés autour des axes suivants: thèmes, entreprises, biographies, lieux et Question jurassienne.

Ceux qui souhaitent consulter des écrits poussiéreux de par leur nombre d’années et non de par leur fine couche de poussière pourront se tourner vers des parchemins du 15 et 16e siècles. En 2016, le manuscrit qui a connu le plus de succès a été celui contenant des procès de sorcellerie. Présenté dans les villages de Nods, Diesse et La Neuveville, il a su éveiller la curiosité du public. La correspondance de Lydia Clottu, marraine de guerre, et de son filleul Henri Castel, prisonnier de guerre français sur territoire imérien en 1916 a été le point central de l’histoire des internés civils et militaires à Mont-Soleil. «Chaque document recèle une histoire», déclare Sylviane Messerli, directrice.

Autour du globe Sur la page internet de Mémoires d’Ici, chaque mois, un texte est mis en avant. Ce mois-ci, il s’agit des lettres de Charles Henry Germiquet. Une retranscription est également disponible.

En 2016, les consultations des collections concernaient principalement les ouvrages de la bibliothèque, mais aussi les documents iconographiques, suivis de près par les archives. Près de la moitié des fonds provenaient de donateurs situés dans le Jura bernois et quelques pièces ont été rapatriées de l’étranger. La devise des collaborateurs de Mémoire d’Ici tient en trois points. «Je récolte, je conserve, je mets en valeur.» Une mission que ces derniers poursuivent avec application et passion.

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