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Saint-Imier

Lorsque les bulles prennent vie sur petit écran

L’artiste Alain Auderset se lance dans un projet d’envergure. Il s’attelle à adapter sa première BD, «Idées reçues 1», en une soixantaine de dessins animés.

Marius Rey, au premier plan, présente ses recherches de personnages, sous l’œil attentif d’Alain Auderset. SGO
Par Sébastien Goetschmann
 
Comme souvent, l’atelier sis à la rue de la Malathe 14, à Saint-Imier, est en pleine ébullition, ce mardi matin. Au milieu des plantes vertes, qui ont envahi le lieu, on s’affaire d’un côté à construire une mezzanine, de l’autre on organise les commandes, on griffonne ou on réfléchit à un story-board. C’est que le dessinateur imérien Alain Auderset n’est jamais à court de projets.
 
Celui qui nous intéresse aujourd’hui est, osons le terme, pharaonique. Après l’adaptation en dessins animés de quelques aventures de son personnage Willy Grunch et une vidéo tirée de la petite BD Cœur, l’artiste s’attelle maintenant à la transformation de son premier ouvrage, «Idées reçues 1», vendu à plus de 65 000 exemplaires à travers le monde, pour qu’il puisse être diffusé sur petit écran. «C’est un projet un peu fou, puisque cela débouchera sur la création d’une soixantaine de courts-métrages, d’une durée de trois à six minutes», lâche Alain Auderset, qui articule un budget total de plus d’un million de francs.
 
 
Un pas de foi
Une somme colossale, mais le dessinateur autoédité ne se fait pas de mauvais sang pour autant. «J’ai toujours vécu de cette manière», remarque-t-il. «Quand j’ai débuté ma carrière, et que les rentrées d’argent se faisaient rares, j’ai pu compter sur des miracles comme un sandwich ou un cabas de nourriture posés sur le pas de la porte. Je crois que Dieu pourvoira aussi à un million de francs.»
 
La foi, voilà bien ce qui guide le parcours atypique de ce chrétien engagé. «D’ailleurs, c’est lors d’une de mes balades en forêt que j’ai ressenti Dieu me demander d’adapter cette BD en dessin animé.» Une commande divine, donc.
 
Pour réaliser les premières capsules vidéos, l’artiste imérien a engagé l’animateur 2D Marius Rey, à un taux de 50%, depuis le début du mois. «J’ai choisi un gag qui me parlait puis j’ai imaginé une mise en scène», explique le résident de Colombier. «J’ai une liberté quasi totale, ce qui laisse d’énormes possibilités, mais cela s’avère également très chronophage.» Alain Auderset, lui, officie comme directeur graphique et accompagne tout le processus créatif. L’idée est de faire travailler différents animateurs et illustrateurs, qui apporteront chacun leur patte artistique. «L’objectif est de s’amuser», ajoute-t-il
 
A l’heure actuelle, Marius Rey se concentre la recherche graphique. Cela signifie qu’il esquisse les caractéristiques des quatre personnages qui interviendront dans son dessin animé ainsi que le style de décors. «Ce n’est qu’ensuite que l’on peut passer au story-board, avec des vignettes des étapes principales de l’histoire», détaille l’animateur 2D. «Puis viendront l’animatique, dans laquelle les personnages commencent à bouger, la recherche de sons et de voix et, enfin, la couleur et les lumières pour instiller une ambiance.» Au total, la création d’une histoire devrait prendre environ huit mois. Il faudra donc patienter jusqu’au printemps prochain pour voir la première capsule.
 
Si Alain Auderset n’hésite pas à mettre les moyens pour obtenir un résultat professionnel, ce n’est nullement pour sa gloriole personnelle, assure-t-il. «Ce que je veux, c’est aider les gens en leur partageant des pensées qui puissent les encourager. Mon but a toujours été de dispenser un peu d’espoir.»

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