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Asile

L’ouverture du centre de Prêles sur la sellette

Le centre de retour pour requérants déboutés se heurte à nombre d’oppositions, mais Berne garde le cap.

Par Philippe Oudot

D’ici à cet été, l’ancien Foyer d’éducation de Prêles devrait accueillir les premiers requérants dont la demande d’asile a été rejetée et dont la décision de renvoi est exécutoire. Ce centre de retour cantonal aura une capacité d’accueil de 350 à 450 places d’aide d’urgence. Une perspective qui a suscité nombre d’oppositions, en témoigne une pétition munie de plus de 1000 signatures.

Relayant les inquiétudes de la population, huit députés, dont les Jurassiens bernois UDC Anne-Caroline Graber, Roland Benoit, Hubert Klopfenstein et Marc Tobler, ainsi que les PLR Virginie Heyer et Jean-Luc Niederhauser avaient déposé une motion. Ils demandaient de conditionner l’ouverture de ce centre «à des investissements complémentaires inférieurs à un million, à la mise en place d’un système de sécurité sans failles et à la garantie que l’approvisionnement en eau sur le Plateau resterait garanti». Sinon, ils demandaient de chercher d’autres affectations pour ce site et d’ouvrir un tel centre ailleurs dans le canton.

Parmi les éléments justifiant leurs requêtes, ils évoquaient l’aggravation de la pénurie d’eau en été; des problèmes de sécurité, avec des risques d’agression, étant donné que les requérants déboutés y recevront une aide d’urgence, mais seront libres de leurs mouvements. Ils mentionnaient les risques en cas d’incendie et ceux de vols de véhicules en raison de l’absence de desserte par les transports publics.

Précautions prises
La décision de faire de l’ancien foyer un centre de renvoi pour requérants déboutés n’a pas été prise à la légère, assure l’exécutif. Un plan de sécurité exhaustif a notamment été élaboré avec la police. Il est donc prêt à garantir qu’«un système de sécurité irréprochable soit mis en place, que l’approvisionnement en eau soit garanti, et à assortir l’ouverture du centre à des investissements supplémentaires inférieurs à un million». Il propose d’adopter ce point de la motion.

En revanche,  le gouvernement invite les députés à rejeter les deux autres points. En effet, puisqu’il est prêt à mettre en œuvre tous les points susmentionnés, «il ne semble pas judicieux d’envisager d’autres affectations de l’ancien foyer et de rechercher un autre centre de retour pour les requérants d’asile qui sont tenus de quitter la Suisse».

 

Pas question de renoncer au Foyer et de chercher un nouveau site

L’ouverture de ce centre de retour est aussi dans le collimateur de six autres députés, dont les régionaux Roland Benoit (UDC) et Maurane Riesen (PSA). Par voie de motion, ils demandaient, ni plus ni moins, «de renoncer à l’ancien Foyer d’éducation de Prêles comme centre de renvoi et de choisir un autre endroit, mieux centré».

Dans l’argumentaire de leur intervention, les députés jugeaient le site inapproprié et craignaient que ce ne soit de l’argent jeté par les fenêtres. Et, vu l’isolement du lieu, ils estimaient que la détresse psychologique serait telle sur certains requérants déboutés qu’on risquerait d’arriver à des hospitalisations d’urgence, avec comme corollaire une charge inutile pour le système de santé. De surcroît, postulant que ce bâtiment allait être souvent à moitié vide, ils assénaient que les coûts d’exploitation seraient démesurés. Qui plus est, ils craignaient que ces conditions d’accueil ne poussent certaines personnes à entrer dans la clandestinité.

Aide d’urgence, sans plus
Le Conseil exécutif ne partage pas du tout le point de vue des motionnaires. Il rappelle d’abord que ce centre de retour n’est pas une colonie de vacances, mais un endroit où les requérants frappés par une décision de renvoi exécutoire et contraintes de quitter la Suisse y reçoivent une aide d’urgence, conformément aux dispositions légales et constitutionnelles. «Acette fin, il convient d’utiliser des infrastructures n’incitant pas les bénéficiaires des prestations à prolonger leur séjour en Suisse», note-t-il. Quant à la pression psychologique, elle découle de la décision d’asile négative, et pas de la localisation du centre de renvoi. Le gouvernement rappelle dans la foulée qu’en vertu des principes de l’Etat de droit, il n’a pas le choix et doit exécuter les renvois prononcés.

Quant à la demande de trouver un autre site dans une région moins périphérique, il estime qu’il est peu probable de trouver des communes prêtes à mettre un tel centre à disposition. De plus, «la recherche d’un nouveau site, dans une région plus centrée, entraînerait un important gaspillage de temps et de ressources, de sorte que le Conseil exécutif ne prévoit pas une telle démarche».

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